SILKWORM
Année : 1989
Studio : The Sales Curve
Éditeur : Virgin Mastertronic
Genre : l’héli-coopère
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquette
C’est la guerre ! Deux soldats s’en vont affronter une armée entière de tanks, hélicoptères, avions, lance-missiles et autres véhicules encore plus bizarres afin de faire triompher la liberté. Un militaire conduit une jeep à canon mobile tandis que son camarade est aux commandes d’un hélicoptère de combat. Les deux hommes vont devoir coopérer pour survivre à l’enfer – surtout que leurs armes sont en nombre limité. Ils ne pourront en effet compter que sur une amélioration de la cadence de tir, et un tir double.
Un peu maigre pour faire face à des centaines d’ennemis ?
Non, il n’y a pas que des mauvais shoot’em up sur Amiga et Atari ST. Si la production du genre sur ces ordinateurs d’exception était à des années lumières de la pléthore de titres (de qualité) existant sur les consoles japonaises, quelques shoot européens parvenaient malgré tout à tirer leur épingle du jeu – vidéo. Mieux, certains softs japonais connaissaient parfois le privilège d’être mieux adaptés en Europe qu’au Japon ! Non, non, je vous jure que c’est vrai, inutile de remonter dans votre DeLorean, il ne s’agit pas d’un paradoxe temporel !
Si vous cherchez à jouer à SILKWORM sur une machine de salon, il faudra donc vous tourner vers l’Amiga ou l’Atari ST – une bonne version NES existe, cependant. Si la notion de level design y est réduite à sa plus simple expression (de la pure ligne droite de compétition), et si le bestiaire est réduit à la portion congrue (les véhicules ennemis, voire les boss, sont recyclés ad nauseam), SILKWORM propose autre chose : la guerre ! Nerveuse, rapide, entrainante. Oui, SILKWORM est un shoot’em up qui prend aux tripes, le danger arrive de partout, l’action est frénétique, il faut constamment rester sur ses gardes, anticiper et, le plus souvent, aiguiser ses réflexes. L’ensemble dégage une puissance folle. Qu’il s’agisse des déplacements très rapides, des tirs ou des explosions, on a vraiment l’impression de se retrouver au beau milieu d’un enfer militaire.
Et puis il y a ce coup de génie des développeurs de Tecmo (borne d’arcade originale) : la coopération. Un joueur se retrouve aux commandes d’une jeep, tandis qu’un autre pilote un hélicoptère. Deux véhicules aux capacités différentes : leurs tirs respectifs ne vont pas dans la même direction, et la jeep est évidemment un peu moins maniable – mais son canon est ajustable (elle peut donc, techniquement, tirer en arrière). Oui, vous aussi vous préférez sans doute être confortablement assis dans un hélicoptère hyper mobile plutôt que dans une jeep qui ne peut aller que tout droit. Heureusement, celle-ci peut néanmoins sauter ( ! ) et par conséquent éviter divers obstacles. Je me souviens qu’à l’époque, lorsque je jouais (rejouais, « rerejouais ») avec mon frère, il y avait toujours un petit côté « grand prince » à choisir la jeep et à laisser l’hélico à son compagnon d’infortune. Bien sûr, le mieux était encore de tourner. Les gameplays étant radicalement différents, le simple fait de changer de véhicule entre deux parties game over renouvelait constamment le plaisir.
Les parties à deux dégagent tellement de fun, d’audace, de morceaux de bravoure et d’altruisme (on prend parfois de grands risques pour sauver la peau de son partenaire) qu’elles ne se ressemblent jamais. Revers de la médaille pixelisée : SILKWORM est tellement fabuleux à deux, qu’en solo il ne devient pas terne, mais banal. Oui SILKWORM a été pensé pour être joué à deux. Seul, ses défauts sautent alors aux yeux : ennemis peu variés, boss pas très inspirés, décors génériques et pas franchement jolis, armement trop simple (un upgrade pour la cadence de tir, un upgrade pour un double tir et un champ de force – qui explose en détruisant tout à l’écran si vous tirez dessus avant de vous en emparer). Surtout, en jouant seul on meurt souvent de manière injuste – foudroyé dans notre élan par un ennemi que notre véhicule ne pouvait pas atteindre (ou alors avec trop de difficulté pour que tout cela soit exécuté avant de rendre l’âme).
À deux, néanmoins, SILKWORM propose des sensations folles. Deux joysticks, un Amiga 500, un seul bouton à presser et aucun combo ou feinte-du-chat-masqué à mémoriser. SILKWORM respire la simplicité, la prise en main immédiate. Quelqu’un qui n’y a jamais joué devrait pouvoir immédiatement s’amuser, voire progresser rapidement de tableau en tableau – SILKWORM faisant davantage aux réflexes qu’à la mémorisation. Il y a malgré tout quelques détails à maîtriser, car même si SILKWORM ne fait pas dans la dentelle (étrange pour un vers à soie, mais passons), il n’est pas dénué de subtilités pour autant. Vous devrez ainsi rapidement apprendre à reconnaitre vos ennemis, savoir lesquels il convient d’annihiler en premier, ceux que vous pouvez déléguer à votre partenaire ou au contraire les autres qu’il vous faut absolument détruire avec votre hélico afin de libérer le passage à la jeep. Vous comprendrez également très vite qu’une bonne gestion des champs de force est primordiale – si vous en prenez deux à la suite, tous les ennemis à l’écran explosent, mais vous laissez aussi votre compagnon d’armes exposé aux quatre vents durant les prochaines (et longues) secondes. Il y a donc des choix à faire en un instant. En un clignement d’œil. En un juron lancé à la face de votre ordinateur qui prend un malin plaisir à vous faire du mal – en vous faisant du bien. Le titre de SILKWORM ne commence-t-il pas par un S pour finir par un M ?!
Simple à prendre en main, SILKWORM propose un plaisir immédiat qui atteint son paroxysme à deux joueurs en coopération. L’un au volant d’une jeep, l’autre aux commandes d’un hélicoptère. Les deux véhicules sont très complémentaires et poussent les joueurs à faire preuve d’altruisme. Oui, SILKWORM est avant tout un vrai travail d’équipe là où dans tant d’autres softs les deux joueurs se contentent de jouer chacun de leur côté. Nerveux, jouissif, stressant, amusant, disons-le en un mot : culte. Oui SILKWORM est un shoot’em up inoubliable à deux, mais beaucoup moins mémorable seul.
À noter que le jeu est meilleur sur Amiga – musique exceptionnelle et bruitages plus pêchus (certains bruits d’explosions vont feraient presque ressentir la déflagration sur votre visage éberlué). Une suite vit également le jour, intitulée SWIV. La bascule du scrolling horizontal vers le scrolling vertical lui a fait perdre beaucoup de fun et de puissance, à mon humble avis. SWIV n’en demeure pas moins un bon jeu, qui eut d’ailleurs l’heureuse idée de sortir sur de nombreuses machines.
Images : Youtube / Jeux vidéo et des bas
Vidéo :