COOLY SKUNK
Titres alternatifs : Kûrî Skunk / Punky Skunk
Année : 1996
Studio : Ukiyotei
Éditeur : Visit
Genre : guerre et pets
Joué et testé sur PlayStation
Support : CD-ROM
Sauver le monde n’est pas une mince affaire, surtout lorsque l’on n’est qu’une simple petite moufette joufflue, sympa et… dotée d’un spray naturel nauséabond. Ah… En fait ce dernier détail pourrait fort bien s’avérer utile pour sauver le monde ! Asphyxier les animaux du terrible Wolf Pack, en voilà une idée ! Pour le seconder, Cooly Skunk, notre moufette qui roule des mécaniques, pourra compter sur un savant un peu fou qui va lui concocter de nombreux équipements différents, mais aussi sur une lapine rose pour le guider à travers les nombreuses îles qu’il aura à traverser.
Au rayon des mascottes n’ayant pas résisté à l’usure du temps, on serait tenté de penser à l’illustre Footix qui a réussi le tour de force d’être has-been dès sa sortie en 1998 – notons malgré tout que l’intéressé a tellement été moqué, trainé dans la boue et foulé par les crampons du monde entier qu’il en a acquis une certaine stature : la ringardise instantanée à l’état pur, mais qui paradoxalement l’a aussi fait entrer dans une certaine culture populaire. Eh oui au final, on ne l’a pas vraiment oublié notre petit Footix. La preuve, j’en parle encore aujourd’hui ! Non, les vraies mascottes portées disparues dès leur apparition comme dans une immédiate et éclatante combustion spontanée, on ne connaît plus leur nom. On ignore même jusqu’à leur visage, à présent. Pour peu que nous les ayons connus un jour… Au premier rang de ces illustres anonymes, figure une petite mouffette (et non un putois, erreur souvent commise) super mignonne, injustement rebaptisée « Punky » pour les États-Unis (sa voix y est d’ailleurs plus adulte). Regardez-moi ce charmant animal aux gros yeux pleins de tendresse, et dites-moi si vous y voyez l’once d’un début de ressemblance avec la Punk Attitude. OK, je pense que vous serez d’accord avec moi : notre mouffette a plus de points communs avec Mr. Nutz et Bubsy qu’avec Sid Vicious ou Johnny Ramone. On l’appellera donc par son sobriquet originel, à savoir japonais : Cooly Skunk.
Alors commençons par couper court aux dires des mauvaises langues : oui, COOLY SKUNK est un jeu PlayStation mais qui, au contraire d’autres platformers 2D de cette machine (THE ADVENTURE OF LITTLE RALPH, LOMAX), aurait parfaitement pu tourner sur une Super Nintendo – au prix de très maigres concessions ? Ce n’est aucunement un hasard d’ailleurs, car le soft était originellement prévu sur Super Famicom (voyez cette page du mag Super Power 41), une machine que le studio Ukiyotei maîtrisait parfaitement – HOOK et SKYBLAZER sont là pour le prouver. Parce que le jeu accuse une génération de retard, cela fait-il nécessairement de lui un titre à oublier ? Bien sûr que non, surtout que la beauté des gros sprites 2D de l’époque 16 bits est indémodable – tout le contraire de nombreux softs 3D de l’ère PlayStation/Saturn. Alors oui, COOLY SKUNK est joli (OK, pour un faux jeu 32 bits^^), super coloré et doté de gros sprites hyper expressifs – la manière dont Cooly Skunk se déhanche lorsqu’il marche, c’est craquant. Mais on aurait aimé des animations plus léchées, un ou deux effets spéciaux pour habiller le tout… Remarquez si ça avait été le cas notre Cooly Skunk n’aurait pas connu l’insigne honneur d’entrer au panthéon des mascottes vidéoludiques oubliées !
Voilà pour la forme – les formes généreuses, c’est celles de la lapine rose qui vous félicite à chaque fin de niveau ! Concernant le fond, abordons de suite le point qui pourrait fâcher certains joueurs : Cooly Skunk est lent. Certes sa démarche super cool (qui lui donne son nom) est ultra mignonne, mais on aimerait le voir courir de temps à autres… Cette lenteur est assez déstabilisante au début, mais on s’y fait d’autant plus facilement que les adversaires ne sont pas très rapides et que les niveaux sont relativement courts et faciles. Yep, tout était déjà dans le titre : COOLY SKUNK. Un jeu cool, où l’on ne se prend pas trop la tête, où il n’y a aucun timer et dans lequel le joueur peut donc aller à son rythme voire presque se relaxer.
Pour se défaire de ses adversaires, notre mouffette a le choix des armes – dont une particulièrement retorse, limite bactériologique. Un saut classique sur la tête de ses ennemis (attention car on se fait parfois toucher en raison d’un hitbox bizarre qui s’accommode mal des gros sprites) et surtout le nuage toxique dont Cooly Skunk n’hésite pas à se servir pour mettre hors d’état de nuire n’importe quel animal qui oserait croiser sa route. Oui, Tony Blair s’était bel et bien trompé durant la guerre du Golfe : les armes de destruction massive n’étaient pas en Irak, mais bien du côté de Cooly Skunk, expert en armes chimiques et fatales ! Quel plaisir doucereux et pervers que de marteler le bouton carré du Dualshock 2 pour exciter les glandes anales de la mouffette et ainsi leur permettre de secréter dans la seconde un odieux spray nauséabond ! Qui n’a jamais rêvé d’asphyxier un adversaire en pétant ? Ah, personne ? (OK, oubliez ce que je viens de dire…) Pour terminer ce rapide tour d’horizon du gameplay de base, un mot sur les sauts : le bouton X répond parfaitement et permet de moduler la hauteur suivant la pression effectuée sur ce dernier. Classique mais bien senti – enfin, hum… façon de parler…
Alors j’ai bien dit « gameplay de base ». Car il y a d’autres types de gameplay proposés : oui sous ses atours de simple petit jeu de plates-formes 16 bits déjà vu cent fois, COOLY SKUNK propose de nombreuses petites idées très sympas. Outre les petits secrets et passages dissimulés dans chaque niveau, certains mécanismes de COOLY SKUNK apportent un véritable vent frais au genre (enfin, façon de parler). De nombreux niveaux vous permettront ainsi d’utiliser un équipement très spécial qui viendra bouleverser le gameplay de base – bien évidemment, les niveaux en question ont été entièrement pensés pour mettre en valeur l’équipement précité. Cooly Skunk pourra ainsi ponctuellement utiliser six objets différents.
Le snowboard et les rollers se ressemblent – les niveaux qui leur sont dédiés vont vite, d’ailleurs lorsque l’on chausse le snowboard, certaines pentes rappellent parfois (un tout petit peu) SONIC. Si vous parvenez à la vitesse maximale, votre personnage clignotera et deviendra invincible un court instant – un détail « importantissime » tant ces niveaux (pas très longs, comme toujours) peuvent se révéler un brin injustes : vos quatre points de vie ne serviront en effet à rien si vous tombez dans un trou. Oui, la mort subite risque de vous y frapper plus que de raison, par exemple si vous heurtez un ennemi sans être invincible, que celui-ci freine votre élan et que vous vous retrouvez donc dans l’impossibilité de franchir le fossé suivant. Et attention aux rollers : ils dégagent une inertie qui pourra se révéler assassine.
Le parapente entre en scène pour les niveaux un brin aériens : les courants d’air (dont la mouffette est une grande spécialiste ?) apparaitront graphiquement à l’écran (sprites venteux légèrement blanchâtres) et vous donneront à chaque fois une indication sur leur direction. Vous pourrez alors naviguer où ça vous chante en jouant de la pression sur le bouton X (si vous arrêtez d’appuyer sur le bouton, votre voile se referme). Les niveaux en parapente figurent, à mon sens, parmi les plus réussis du jeu !
Les griffes, baptisées « digger ». Là aussi, l’idée est lumineuse : avec ses griffes, Cooly Skunk peut creuser dans la neige ou le sol meuble et ainsi aller et venir sous terre, à la manière d’une taupe sous amphétamine. Il s’agit, à mon sens, du meilleur équipement avec le parapente envisagé ci-dessus. Ces niveaux où il faut s’amuser à creuser dans le sol rappellent clairement le génial BOULDER DASH. D’ailleurs vous pourrez, à la manière du jeu précité, vous amuser à passer sous des rochers afin de creuser un espace en-dessous et donc éventuellement les faire tomber pour écraser des ennemis. Plus direct : les griffes peuvent être projetées, un peu à la manière d’un boomerang, et ainsi servir d’armes de jet.
Le ressort. Tout est dit : en chevauchant ce gros ressort, Cooly Skunk peut sauter haut, très haut. De plus en plus haut ! Ne vous étonnez donc pas d’avoir alors affaire à des stages conçus tout spécialement en hauteur – souvent dans des forêts aux arbres gigantesques.
Le jetpack. L’équipement le plus alléchant ! Mais ne rêvez pas : vous n’y aurez accès que vers la fin du jeu. Il vous faudra donc être patient, avant de pouvoir vous envoyer en l’air avec la petite lapine rose.
Gameplay varié, maniabilité qui sait se renouveler… Les bons points de COOLY SKUNK ne s’arrêtent pas là, non. Notre petit simulateur de mouffette cumule bien d’autres joyeusetés qui viennent encore enrichir ses parties. Tout d’abord COOLY SKUNK propose plusieurs mini jeux rigolos afin de gagner des étoiles – cent étoiles, une vie. Enfin, chaque combat de boss offre à la fois humour et originalité. Il ne s’agira presque jamais de combats frontaux, mais bien de défis sans cesse renouvelés. Un petit match de volleyball, une course de hors-bords, une partie de jonglage avec des bombes, etc. Alors bien évidemment tout cela n’est pas très profond – par exemple pour le volleyball, c’est du un contre un avec un seul coup à votre disposition. Mais c’est sympa. C’est rafraichissant. Et quand bien même vous perdriez quelques vies au début en raison d’une incompréhension de votre part (on est parfois surpris par les nouveautés, au départ), il n’y aurait rien de rédhibitoire à cela tant COOLY SKUNK est abordable et… cool ! Il est ainsi toujours possible d’engranger des étoiles, de revenir dans des niveaux plus simples afin de refaire ses stocks, voire de récupérer quelques 1UP disséminés çà et là. Surtout, le jeu est globalement plutôt facile, les niveaux sont courts et il est possible de sauvegarder avant chaque stage.
Injustement tombé dans l’oubli, aidé en cela par une absence de localisation en Europe, COOLY SKUNK n’en demeure pas moins un vrai bon jeu, varié, rigolo et graphiquement très joliment typé 16 bits. Tout cela « sent bon » la Super Nintendo – enfin… façon de parler !
Note : Nostalgie :
Très varié, que ce soit en raison de ses environnements ou de son gameplay (griffes pour creuser, parapente, snowboard, etc.), COOLY SKUNK est un vrai bon jeu de plates-formes auquel on pourrait uniquement reprocher sa trop grande facilité (mais est-ce un défaut, surtout qu’il y a quelques passages tendus à la fin ?), une hitbox parfois un peu louche, une technique 2D dépassée à l’époque sur PlayStation et une certaine lenteur dans les déplacements – mais c’est le gameplay qui veut ça. Lenteur relative, d’ailleurs, puisque une fois doté du snowboard ou des rollers, Cooly Skunk peut aller à toute allure. S’il manque quelque peu de magie, COOLY SKUNK n’en demeure pas moins un jeu qui mérite de sortir de l’oubli.
Images : jeux vidéo et des bas
Vidéo :