NORTH & SOUTH
Titre alternatif : North & South: Wakuwaku Nanboku Sensou
Année : 1990
Studio : Seika Corp.
Éditeur : Kemco
Genre : Nintendo ne perd pas le nord
Joué et testé sur Famicom
Support : cartouche
1861. La guerre de Sécession vient de commencer et la bataille fait rage entre le Nord et le Sud, l’Union et les Confédérés. Choisissez votre année de départ afin de décider des forces en présence, et lancez-vous dans cette sanglante guerre civile en prenant la tête des troupes du pays. Chacun de vos bataillons, formé d’un canon, de cavaliers et de fantassins, peut se déplacer sur la carte, attaquer des forts, intercepter des trains et bien évidemment tenter d’anéantir les troupes ennemies directement sur le champ de bataille… le tout sous l’œil faussement désintéressé des Indiens !
Qu’un jeu inspiré d’une bande dessinée belge – Les Tuniques Bleues – ait connu une adaptation jusqu’aux États-Unis et au Japon sur Famicom constitue déjà une première surprise. Mais c’est la manière dont la localisation s’est faite qui dépasse l’entendement. En effet, seule la jaquette japonaise reprend les dessins originaux/géniaux de la bande dessinée. Aux États-Unis et, chose encore plus grave, en Europe, on a droit à une image (immonde) sans aucun rapport avec les personnages créés par Raoul Cauvin – jugez donc sur pièce, et attention vous risquez de saigner des yeux.
Que seuls les joueurs japonais, qui ne connaissent Les Tuniques Bleus ni d’Eve, ni d’Adam ni d’Amélie Appeltown aient eu accès aux vrais dessins de la BD me laisse sans voix. Mais passons. Durant le jeu, au contraire, les joueurs du monde entier ont été mis sur un pied d’égalité – mais un pied bot, car cette fois-ci, plus aucune trace d’une quelconque illustration du dessinateur attitré des bandes dessinées, à savoir le surdoué Willy Lambil. En lieu et place des personnages fétiches de la série, nous devons donc nous coltiner des visages inconnus, que ce soit du côté de l’armée de l’Union, ou des Confédérés. Le charme du jeu originellement sorti sur Amiga en prend un sacré coup. Si l’on fait fi de cette (grosse) perte, NORTH & SOUTH sur Famicom demeure un petit jeu de stratégie et d’arcade parfaitement bien huilé et plaisant. Certes les sons et les graphismes ne peuvent pas rivaliser avec la version 16 bits sortie avant (paradoxe temporel quand tu nous tiens…) mais les mécaniques du jeu sont bien respectées – à quelques détails près. Tout d’abord les Mexicains sont désormais inactifs, et les Indiens interviennent beaucoup moins souvent. De plus, on perd indéniablement en précision lors des phases de batailles rangées. Enfin, lorsque vous êtes engagé sur le champ de bataille, il est impossible de battre en retraite – c’est à mon sens la perte la plus significative par rapport aux versions ordinateurs 16 bits, car elle a des conséquences sur la stratégie des joueurs.
Pour le reste, NORTH & SOUTH sur Famicom est une copie carbone du jeu Amiga. Il est possible de choisir le niveau de l’IA, l’année de départ de la guerre (ayant pour conséquence des inégalités certaines entre les armées du Nord et du Sud) et les évènements aléatoires sont optionnels (les Indiens, l’orage qui fait perdre un tour à l’une de vos troupes, les renforts qui arrivent par bateau). Vous déplacez donc vos bataillons sur la carte des États-Unis. Chacun d’entre eux est normalement constitué d’un canon, de trois cavaliers et de six fantassins – ça peut être légèrement différent lorsque vous ne débutez pas la guerre en 1861. Les parties de NORTH & SOUTH vous proposent alors un cocktail détonnant de stratégie simple mais efficace (où déplacer vos hommes, choisir l’attaque ou la défense, attendre des renforts, attaquer un fort ou tenter d’intercepter un train) et des parties d’arcade inspirées.
Celles-ci sont au nombre de trois. La prise de fort et l’attaque de train sont similaires : vous devez atteindre le drapeau adverse ou la locomotive avant la fin d’un temps imparti. Pour vous ralentir, l’IA (ou un deuxième joueur) peut faire intervenir quelques-uns de ses soldats. À vous d’éviter les pièges, de sauter au bon moment et de lancer quelques directs du gauche bien placés. Ce mini jeu est plus lent que sur Amiga et Atari ST, mais très jouable et agréable – grâce au pad Famicom. Le champ de bataille, enfin, met en scène deux troupes adverses. Si sur ordinateurs il fallait utiliser le clavier pour alterner le canon avec les cavaliers et les fantassins, sur Famicom tout se fait beaucoup plus naturellement grâce au pad deux boutons.
Plutôt joli pour un jeu Famicom, NORTH & SOUTH souffre bien évidemment de la comparaison avec son grand frère sur Amiga. Si vous connaissez cette version, inutile d’essayer le jeu sur la console de Nintendo : le charme n’agit pas du tout de la même manière, en particulier si vous êtes fan des BD. NORTH & SOUTH n’en demeure pas moins un jeu de stratégie et d’arcade parfaitement jouable et très amusant l’espace de quelques parties, en particulier si vous avez la chance de pouvoir y jouer à deux. En tous les cas, après avoir joué à NORTH & SOUTH vous en saurez peut-être un peu plus sur la guerre si vile américaine… ->
Note : Nostalgie :
Sur Famicom, le jeu NORTH & SOUTH (sorti à la base sur le divin Amiga) a bien évidemment perdu de sa superbe. Le plus dommageable, à mon sens, est la disparition de toutes les références à la BD Les Tuniques Bleues – qui n’apparaissent plus que sur la jaquette (et seulement au Japon !). Quelques aménagements ont aussi été réalisés pour simplifier les parties. Mais le fond et l’esprit du jeu demeurent inchangés : à deux c’est toujours aussi fun, et la présence des boutons A et B sur le pad Famicom apporte un confort certain lors des phases d’arcade.
Images : Jeux vidéo et des bas
Vidéo sur NES :
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