TOKKYÛ SHIREI SOLBRAIN
Titres alternatifs : Tokkyuu Shirei Solbrain / Shatterhand (USA)
Année : 1991
Studio : Natsume
Éditeur : Angel (Bandai)
Genre : voyage à Tokkyû
Joué et testé sur Famicom
Support : cartouche
Le départ de la précédente équipe de héros, Special Rescue Police Winspector, pour la France, a laissé la ville de Tokyo sans défense. C’était sans compter sur l’abnégation de l’inspecteur en chef Masaki Shunsuke qui décide de créer un nouveau groupe de policiers du futur : Super Rescue Solbrain ! Le leader de l’équipe, un agent dévoué, se lance une nouvelle fois à l’assaut des super vilains qui souhaitent mettre le Japon à feu et à sang. Aidé de son armure futuriste et ultra résistante, mais aussi de son drone de combat, il va une nouvelle fois tenter de sauver l’archipel du désastre.
Souvenez-vous. Il y avait X-Or, le shérif, shérif de l’espace. Il y avait aussi Bioman, moitié homme, moitié robot, le plus valeureux des héros ! Ou encore celui qui était plus rapide qu’un missile, audacieux, inflexible, mystérieux et invincible… Spectreman ! Et puis il y avait Tokkyū Shirei Solbrain.
Silence dans la salle.
Ah… On me souffle dans l’oreillette que celui-ci n’a visiblement jamais franchi les frontières de l’archipel japonais. C’est sans doute pourquoi l’adaptation vidéoludique de cette série télévisée avait été complètement modifiée pour sa localisation en Occident (sous le titre SHATTERHAND).
Dans SOLBRAIN, on incarne donc un super héros de type « Metal Hero » – je ne vous donnerai pas une définition exhaustive de la chose, surtout que je ne suis pas un spécialiste et que je pourrais donc m’attirer l’ire de fans dévoués au genre. Bref on incarne un bonhomme en gros collants en armure futuriste qui, détail assez original, ne se bat qu’à coups de poings. Oui, oui. Notre héros du futur ne dispose que de ses mimines musclées pour en découdre avec ses ennemis. Détail sympa : si vous donnez plusieurs coups d’affilée (chouette, on voit clairement l’animation du bras droit puis du gauche), vous lancerez alors un uppercut plus puissant – si vous parvenez à maintenir le rythme du combo, vous assénerez uppercut sur uppercut. Et croyez-moi sur parole : c’est loin d’être anecdotique, en particulier dans les niveaux les plus ardus.
Notre héros peut aussi sauter (hauteur modifiable), se baisser, s’agripper à des grilles pour grimper, voire se jouer de la gravité dans deux des derniers niveaux du jeu – attendez-vous à marcher la tête en bas ! Surtout, le flic du futur que vous incarnez peut aussi être accompagné par un drone. Il s’agit là de la plus grosse originalité du jeu. Il existe huit drones bien distincts, ce qui vous permettra de refaire des niveaux que vous connaissez bien de manière très différente, tant ces machines vous seront utiles. Oui, les drones modifient le gameplay et votre manière de progresser du tout au tout ! Afin d’assembler un drone, il vous faudra préalablement trouver trois bonus en forme de lettres grecques – alpha ou bêta. Chaque combinaison de trois lettres crée un drone différent, il faut donc bien les mémoriser – à mon sens la meilleure combinaison est α-β-β, puisqu’elle donne un drone tirant de grosses boulettes relativement rapides permettant de se défaire d’ennemis à distance. La combinaison α-β-α est plus axée corps-à-corps, puisqu’elle fabrique un drone doté d’une épée (loin d’être anecdotique, puisque j’ai découvert qu’elle permettait d’humilier l’un des boss du jeu). À vous de peser le pour et le contre, de trouver la machine qui sied le mieux à votre style. La plupart des drones semblent jouables, il faut juste savoir comment les utiliser – j’ai quand même un gros doute sur le lance-flammes, bien peu pratique à mettre en marche durant les situations de stress intense…
Le drone est par conséquent importantissime (je vous rappelle que vous ne disposez que de vos deux poings en temps normal), aussi conviendra-t-il d’en prendre soin – il peut en effet être endommagé et… détruit ! Une autre bonne raison d’y tenir comme à la prunelle de vos yeux éberlués devant tant de bonnes idées : si vous créez deux fois de suite le même drone (pas compliqué, les lettres grecques peuvent passer de α à β en cognant dessus) et que le précédent est toujours en action (entendez par là qu’il n’a pas été détruit), votre drone se transformera en canon laser tout en vous rendant invincible pendant 15 longues secondes – un détail importantissime (décidément, j’aime ce barbarisme) qui vous permettra de sortir sain et sauf de situations inextricables. Oui même les boss les plus retors sont sensibles à ce canon lécheur de corps et semeur de mort – à vous de bien anticiper pour le créer au bon moment ! Parallèlement à cela, le drone peut aussi être utilisé pour faire voler votre personnage – mais seulement à la stricte verticale, ce qui se révèle rarement utile. Toutefois, lorsque vous serez dans les airs ainsi suspendu à votre drone, une pression sur le bouton A vous permettra de lancer votre machine au visage du premier ennemi patibulaire venu ! Bref vous l’aurez compris, votre robot a des faux airs du couteau suisse de MacGyver !
Malgré la présence des lettres grecques, vous n’en perdrez pas votre latin puisque les autres bonus sont des valeurs sûres du genre : de l’argent pour vous payer des power-up ou de l’énergie sur certaines plates-formes disséminées çà et là dans les niveaux. Les niveaux d’ailleurs, parlons-en : ils sont au nombre de sept. Un premier en forme de prologue pas trop retors, qui vous permettra d’accéder à cinq nouveaux tableaux. Vous aurez donc le choix de l’ordre. Parmi ces cinq niveaux, deux sont sensiblement plus difficiles que les trois autres… mais ce n’est rien face au pic de difficulté du septième stage caché, qui ne se révélera que lorsque vous aurez terminé tous les précédents. Un mot sur la difficulté générale : elle est assez relevée sur la fin. Certes les continus sont infinis, mais sans mots de passe ni sauvegardes possibles, notez bien qu’il vous faudra parcourir le jeu de A à Z d’une seule traite – et n’allez pas croire les vidéos qui trainent sur Internet : elles sont toutes bidonnées (savestates et rembobinages). Finir le jeu n’est pas si aisé et il vous faudra, pour cela, bâtir votre propre technique. N’hésitez pas à avancer doucement, à assurer chaque combat en reculant s’il le faut – encore une fois, n’allez pas croire les psychopathes qui postent des vidéos et qui semblent passer à chaque fois à un pixel de chaque laser. Dans la vraie vie, c’est-à-dire sur une Famicom jaunie, ça ne se passe pas tout à fait comme ça. Welcome to the real world, comme dirait l’autre…
Disons-le sans détours : SOLBRAIN est un véritable bijou d’action/plates-formes. Ce soft respire le savoir-faire de Natsume en la matière. C’est beau, c’est coloré, certains décors sont animés, les musiques sont fabuleuses, les niveaux sont variés (même le passage sous-marin est excellent, tout à fait jouable) et la maniabilité est d’une précision sans faille. Surtout, et comme je l’ai déjà dit, SOLBRAIN ne prend pas le joueur par la main et n’impose pas à celui-ci une seule manière de jouer pour voir le bout d’un niveau. Le joueur en question est libre. Il a le choix des armes. De la tactique. Du tempo. Certains passages, mécaniques ou ennemis rappellent parfois un peu CHÔJIN SENTAI JETMAN de Nastume, sorti quelques mois plus tard sur la même machine, et qui adaptait aussi une série télévisée avec des héros en collants. Mais dans SOLBRAIN, tout est mieux réalisé, et pensé – notamment le level design, bien plus varié et valorisant à maîtriser pour le joueur méritant. Un indispensable de l’action/plates-formes sur Famicom.
Note : Nostalgie :
Natsume est définitivement un grand studio de l’époque 8/16 bits. Cette fois-ci, ils adaptent avec talent une série télévisée sur la Famicom. Doté d’une maniabilité parfaite, de jolis graphismes et de nombreuses petites feintes dans le gameplay, SOLBRAIN est loin d’être un simple jeu d’action dans lequel on avance tout droit sans réfléchir en donnant des coups de poing. Avant de pouvoir définitivement boucler l’aventure (continus infinis mais pas de mots de passe, accrochez-vous vers la fin !), il vous faudra ainsi maîtriser votre drone de combat, les trouvailles du level design mais aussi les patterns des ennemis et en particulier des boss – en parlant des boss, si vous voulez prendre une belle baffe, que dis-je : une GIF-le, cliquez sur le lien suivant !
Une vidéo :