DRAGON BREED
Année : 1990
Studio : Arc Developments
Éditeur : Activision
Genre : le ryû-gissement du dragon
Joué et testé sur Amiga
Support : disquette
Kayus est encore un adolescent, mais il est aussi le roi de l’empire d’Agamen. Malgré sa jeunesse, il ne fuira pas les responsabilités lorsque son monde sera attaqué par le maléfique Zambaquous. Ignorant la peur et chevauchant le dragon de lumière Bahamoot, Kayus va se lancer à l’assaut des hordes du mal.
Préparez-vous pour six niveaux d’action non-stop, à pied et l’arbalète à la main, ou dans les airs, sur le dos de votre dragon millénaire.
Moi, quand on me parle de dragons, je pense au livre THE HOBBIT de Tolkien, au magnifique dessin animé THE FLIGHT OF DRAGONS, au film THE NEVERENDING STORY ou encore à mes vieilles parties d’ADD, autour d’une table et avec des dés – celui ou celle qui me parle de du film sorti en 2000, il prend la porte (mais en pleine tête, j’entends). Côté jeux vidéo, on pourrait parler de la grandiose saga des SOULS de From Software mais pour rester dans le trip rétro, je citerais plutôt des titres comme THANATOS, SAINT DRAGON et… DRAGON BREED. Ah, ce titre ne vous dit rien ? Il faut dire que malgré une vraie originalité et une bonne jouabilité, DRAGON BREED n’est pas un jeu forcément très connu. Dans l’univers vidéoludique draconien, le SAINT DRAGON cité plus haut, auquel pourtant DRAGON BREED n’a rien à envier, est désormais bien plus célébré. Pour quelle obscure raison ? Peut-être parce que contrairement à SAINT DRAGON, DRAGON BREED, lui aussi issu de l’arcade, n’a jamais été porté sur consoles de salon. Il a effet fallu se contenter de portages sur ordinateurs personnels 8 et 16 bits. Dommage car, si j’ai beaucoup d’affection pour l’Amiga ou l’Atari ST, il faut bien reconnaître que les conversions d’arcade étaient, 9 fois sur 10, bien plus réussies, équilibrées, fidèles et finalisées sur PC Engine, Super Famicom ou Megadrive – et c’était encore plus vrai pour les shoot’em up, genre qui nous intéresse aujourd’hui.
DRAGON BREED est, à l’origine, un jeu amoureusement concocté par les surdoués d’Irem. Si vous vous penchez sur les graphismes de la version arcade (sur Amiga c’est juste passable), vous reconnaîtrez sans aucun problème la patte et les crocs de ce studio magique. DRAGON BREED est en effet graphiquement très proche de NINJA SPIRIT ou de R-TYPE. Le shoot’em up mythique d’Irem semble d’ailleurs avoir grandement inspiré les développeurs de DRAGON BREED puisque votre dragon peut utiliser un beam – si vous laissez le bouton fire appuyé suffisamment longtemps, le monstre aux écailles éclatantes crachera une boule de feu plus puissante. Néanmoins, cette arme de destruction massive ne vous sera pas d’une grande aide puisque la majeure partie du gameplay fait intervenir le corps du dragon – un corps allongé qui ressemble à une longue queue, propre aux dragons asiatiques.
Chevauchant son dragon, votre personnage pourra tirer à l’arbalète sur les ennemis arrivant face à lui, certes. Mais les dommages les plus importants, ceux qui vous permettront de vous défaire des plus gros adversaires mais aussi des boss, seront ceux effectués par votre monture : en jouant habilement des différentes directions du joystick, votre dragon se déhanchera en effet à la manière d’un serpent, et au moindre contact les dégâts reçus par la plupart des monstres seront considérables. Mieux : ces mouvements de queue pourront aussi vous servir de bouclier (ils annihilent les tirs ennemis, le dragon n’est jamais blessé). D’ailleurs, il existe un combo spécial vous permettant de vous cacher au milieu de votre destrier denté : haut-bas rapidement, et la queue s’enroulera amoureusement autour de vous pendant un très court instant. Attention : seules les couleurs bleue et dorée vous permettent d’utiliser cette technique. Il existe en effet différentes couleurs (incarnées par des bonus à récupérer) qui attribuent chacune des pouvoirs différents à votre dragon – tirs vers l’arrière, flammes surgissant de la gueule, lasers façon homing missile, lames bleues s’abattant sur le sol…
Autre petite particularité du jeu : à certains moments, vous aurez la possibilité de descendre de votre monture. Votre personnage pourra alors user de son arbalète à foison, tirer dans toutes les directions (même les diagonales) et récupérer des bonus situés sur certaines plates-formes. Oui, DRAGON BREED est un jeu relativement riche, et particulièrement généreux. Il offre différents styles de gameplay et semble proposer plusieurs approches possibles aux joueurs. Je dis bien « il semble », car en réalité certains passages sont tellement serrés qu’on ne peut les appréhender que d’une manière précise : en jouant avec la fluidité du corps du dragon et en se servant de la queue (voire de la gueule) comme de boucliers. Les ennemis arrivent en effet parfois de partout, sans prévenir, leurs déplacements peuvent être erratiques et leurs tirs paraissant sortir de nulle part sont souvent assassins – la faute à leur petitesse mais aussi à l’absence de sons (le jeu est plutôt chiche en la matière – on notera malgré tout de bien beaux rugissements de dragon). Les phases de plates-formes à pied deviennent alors très accessoires et, surtout, elles sont rares. On aurait aimé que ces moments-là soient beaucoup plus poussés afin de varier davantage les plaisirs.
De plus, pour revenir à ce que je disais en préambule, DRAGON BREED fut uniquement porté sur micro-ordinateurs. Par conséquent, on n’y retrouve pas ce qui faisait la magie des jeux d’arcade portés sur consoles. Certains passages paraissent avoir été programmés à la va-vite car un brin injustes, quand d’autres sont insolents de facilité – la difficulté va d’ailleurs décrescendo avec des stages 5 et 6 très abordables. Yep, tout cela n’est pas très équilibré. Enfin, pour un jeu Amiga, DRAGON BREED n’est pas très joli. De même, s’ils demeurent techniquement corrects, les scrollings n’ont rien de révolutionnaires (c’était déjà le cas sur arcade me direz-vous) et les sons brillent souvent par leur absence (privilégiez la musique). Heureusement, l’animation du dragon est assez bien fichue et le jeu se révèle parfaitement jouable – malgré une hitbox un peu irritante par moment (un monstre frôle vos cheveux et vous mourez).
Malgré ses défauts inhérents au support (j’adore l’Amiga mais pas spécialement pour ses jeux issus de l’arcade) et au développeur (qui n’est bien évidemment pas Irem), DRAGON BREED est un vrai bon jeu. Un vrai bon shoot’em up micro. Il est jouable, dur mais pas infaisable puisque l’on progresse vraiment à chaque partie, les boss sont chouettes (il y a une feinte pour le méchant final), les niveaux suffisamment courts pour ne pas décourager et le gameplay est original. Certes, on aurait apprécié une autre ambiance sonore, quelques points de vie supplémentaires pour notre personnage (là on claque en un coup) et une difficulté mieux répartie sur l’ensemble du jeu. Mais DRAGON BREED demeure un shoot’em up hautement recommandable sur Amiga – encore plus quand on sait qu’il n’a jamais été édité sur consoles.
Note : Nostalgie :
Si l’animation du dragon est franchement réussie, on ne peut pas en dire autant des sons et des graphismes – pour de l’Amiga. Le jeu d’Irem se révèle heureusement très jouable et surtout, il est original. Si vous pouvez tirer et descendre quelques fois de votre dragon, la majeure partie du gameplay tourne autour du corps reptilien de ce dernier : insensible au mal, le dragon vous servira alors tout autant de bouclier que de force de frappe – au moindre contact avec des ennemis, ceux-ci recevront en effet des dégâts considérables (et c’est encore plus vrai pour les boss). Loin d’être parfait (hitbox sadique, difficulté mal équilibrée sur l’ensemble des niveaux), DRAGON BREED n’en demeure pas moins un bon shoot’em up micro – dommage que ce titre issu de l’arcade n’ait jamais été adapté sur consoles.
Images : Jeux vidéo et des bas
Vidéo :