Les dossiers de l’écran pixélisé : casse-toi alors, pauv’con !

À l’heure où les plus grands réseaux sociaux censurent certains mots et images, parfois au mépris du bon sens (voir les nombreuses polémiques entre Facebook et la nudité), il fut un temps où les mauvais comportements étaient aussi punis – mais plus élégamment, et parfois avec humour. Donc oui disons-le franchement : avec plus d’intelligence.

Souvenez-vous de cette période bénie des jeux d’aventure textuels, où il fallait tout écrire du bout de vos petits doigts musclés. Ah, ça y est, ça vous revient ? Vous aussi, vous avez sûrement dû vous amuser à braver l’interdit du bon goût, à contourner les règles de la bienséance. Oh, ne faites pas semblant de ne pas comprendre ! Oui, vous aussi vous avez dû vous amuser à écrire les pires cochonneries du monde sur l’écran de votre Amstrad CPC ! Pour la peine, j’ai eu l’idée de compiler ci-dessous quelques-unes des réponses originales/drôles/sympathiques des développeurs, aux provocations insidieuses des joueurs. Cette liste est loin d’être exhaustive et d’ailleurs, si vous avez d’autres exemples en tête et en français, n’hésitez pas à les partager sur cette page, je les ajouterai plus tard à ce petit dossier.

Au fait, maintenant que j’y pense… Je me dis que des poètes comme Nicolas Sarkozy et le journal L’Équipe avaient dû s’en donner à cœur joie, à l’époque. Ces derniers ont même dû faire péter les durites de leur petit Amstrad 6128 !

Cliquez sur les images pour les agrandir.

Parmi les punitions que nous infligeaient les développeurs en cas d’écart de conduite, il y avait la très classique excuse. Parfois à taper plusieurs fois ! Dans CONSPIRATION, d’Ubisoft, il fallait écrire dix fois de suite JE NE RECOMMENCERAI PLUS. Et sans faute, s’il vous plait ! Et en cas de récidive, l’ordinateur se moquait du joueur avec beaucoup de légèreté avant de se lancer dans un reset en bonne et due forme ! Impensable aujourd’hui.

LES PASSAGERS DU TEMPS jouait à peu près dans la même catégorie. Avec une cerise culottée sur le gâteau. En cas de vulgarité patentée, il fallait ainsi écrire dix fois de suite JE TE DEMANDE PARDON HUMBLE ORDINATEUR. Et à mesure que l’on se confondait en plates excuses, l’ordinateur nous dévoilait… son cul ! Pour ceux qui pensaient avoir une chance de voir le haut plus tard, ils se sont fourré le doigt dans l’œil jusqu’au cu… heu, jusqu’au coude : en cas de récidive, c’était le reset, qui nous attendait…

Dans LA SECTE NOIRE, les développeurs étaient un peu moins méchants : pas de dictée obligatoire ni de reset assassin, mais quelques répliques qui faisaient mouche :

SRAM : jeu mythique pour les fans d’aventure textuelle. Et un écran punitif non moins mythique si, comme moi, vous aviez tenté le diable en écrivant des cochonneries : un porc supposé représenter notre photo de l’été dernier !

SRAM 2 a emprunté une voie similaire mais proposait une poubelle en lieu et place du cochon. Et comme dans le premier SRAM, il fallait s’excuser une fois pour être autorisé à reprendre l’aventure. Au fait… Avez-vous essayé de titiller la femme nue dans son bain ?

OMEYAD n’a pas fait dans l’originalité avec les grossièretés. L’ordinateur nous répondait seulement dans un charabia de signes divers et avariés.

Dans LA CHOSE DE GROTEMBURG, l’ordinateur réagissait avec humour aux répliques volatiles du joueur – pas seulement les insultes, mais aussi les phrases sans queue ni tête. Un visage d’extraterrestre, d’une femme avec la bouche pleine ou même celui d’un Africain apparaissaient alors à l’écran pour signifier au joueur que celui-ci était incompréhensible. La caricature d’un Africain avec la phrase « moi y en a pas parler français » serait sans doute accueillie très froidement à présent – en fait je crois que ça provoquerait carrément une tempête sur Internet, l’intervention de nos politiciens, le viol de Michel Leeb, voire la mobilisation du porte-avions Charles de Gaulle ! Sachez qu’à force d’écrire n’importe quoi, le joueur était finalement récompensé par un reset de son ordi – certains jeunes d’aujourd’hui, élevés à Twitter et aux textos, auraient bien du mal à aller au bout d’un jeu pareil !

L’ILE est un grand jeu d’aventure textuel. Sorti sur le tard, il pouvait se targuer de proposer un analyseur syntaxique de haut vol – mieux, on avait même l’impression que l’ordinateur comprenait tout ce que nous écrivions et qu’il nous répondait en faisant preuve de caractère. En cas de mots vulgaires, on nous mettait en garde avant de nous claquer un écran de Game Over adoptant les formes d’un messager de la mort. Voici des captures d’écran de ce moment précis, mais aussi de ces quelques répliques de l’ordinateur, souvent très drôles, et qui sont entrées dans la légende des jeux d’aventure textuels :


Plus perfide : dans CHOMEDU, un jeu méconnu de 1988, la partie se déroule en temps limité… Et à chaque fois que vous écrivez une insulte, vous perdez 10 minutes !

Bon allez, je suis chaud. Je tente le coup :

MERDE CON SALOP… Aaaaargh ! Bug fatal et Syntax Error !

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