Shadow of the Beast (PlayStation 4, 2016)

SHADOW OF THE BEAST
Année : 2016
Studio : Heavy Spectrum
Éditeur : Sony
Genre : Shadow of the 16 Bits
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


Réduit en esclavage depuis une éternité, vous accomplissez régulièrement les basses besognes des minions de Maletoth. Vous êtes la Bête – dénuée d’émotions, assoiffée de sang, aux griffes aussi démesurées que votre envie de tuer. Un jour, pourtant, des bribes de mémoire vous reviennent… Et vous décidez de vous révolter. Oui autrefois, vous étiez un homme. Un enfant. Dont Maletoth a volé, violé la vie. L’heure de la vengeance a donc sonné. Et celle-ci se fera dans la rage, le sang… et les tripes répandues sous un soleil incandescent.
Oui, un jour, peut-être retrouverez-vous votre nom. Aarbron.

SHADOW OF THE BEAST, sur Amiga, est le jeu culte de toute une génération. Et non, le soft de Psygnosis n’était pas qu’une simple démo technique en son temps : SHADOW OF THE BEAST avait aussi une âme. Son design, son ambiance unique à la fois médiévale et futuriste, ses musiques qui figurent encore parmi les plus marquantes jamais créées pour un jeu vidéo, ses différents mondes aux tableaux inoubliables… Ce fut une véritable ribambelle de beau. Oui, SHADOW OF THE BEAST faisait rêver, voyager, fantasmer et éructer – les Ataristes souvent jaloux de la bête de l’Amiga. Et puis il y avait donc cette technologie mise toute entière au service de la folie créatrice de Martin Edmondson. Jugez plutôt : 128 couleurs simultanées, des sprites parfois énormes, 350 écrans, animation hyper fluide et surtout ce tour de force inimaginable pour l’époque avec un scrolling différentiel composés de 13 couches parallaxes. Tout ceci était loin, très loin d’être anecdotique, puisque le jeu y gagnait indéniablement en immersion – oui le joueur était comme happé par ce monde aux nombreux secrets et non-dits, interloqué par ces anachronismes discrets au charme lancinant, et enchanté par ces innombrables mélodies, tour à tour tristes et entraînantes. Oui SHADOW OF THE BEAST fut une claque pour toute une génération de joueurs. Une claque dont certains ne se relevèrent pas – personnellement j’en garde encore des traces sur la joue gauche !

Mais d’autres eurent visiblement encore plus de mal à s’en remettre… C’est notamment le cas de Matt Birch, un Anglais encore plus drogué que moi à la Bête, et qui se mit en tête de faire revivre l’animal sur une console de nouvelle génération : la PlayStation 4. Et bonne nouvelle, même si techniquement on est loin de ce qui se fait sur les jeux AAA (notons que les décors et autres panoramas sont malgré tout magnifiques), son jeu n’est aucunement piégé dans l’ombre de la Bête. Il en est au contraire le digne héritier, sauvage, respectueux et au gameplay magnifié – concernant ce dernier point, les mauvaises langues diront que ce n’était pas bien dur… Alors bien évidemment, il convient de mettre tout de suite les choses au point : SHADOW OF THE BEAST est un jeu qui s’adresse à un public bien précis. Les adorateurs du jeu sur Amiga seront aux anges. Les amateurs de beat’em all en 2D (disons plutôt 2,5D) devraient également beaucoup s’amuser. Les autres pourraient fort bien rester sur le carreau – parce que je leur en aurais décoché un beau dans le dos ! Et alors chers amis, si vous êtes à la fois fans du soft originel et de beat’em all à l’ancienne, vous risquez bien de faire figurer ce nouveau SHADOW OF THE BEAST au sommet de votre liste des jeux de l’année ! Oui SHADOW OF THE BEAST est absolument génial : entre hommage puissant coloré d’une nostalgie de tous les instants, beat’em all furieux que vous pourrez choisir d’aborder simplement en « bourrinant » ou au contraire en jouant de manière plus technique à base de combos pour le scoring, et exploration discrète, certes, mais bien présente avec petites séquences de plates-formes/grimpette à la clé pour débusquer secrets, upgrades et autres bonus bien trouvés.

Concernant la nostalgie et l’hommage au jeu originel, c’est tout simplement exceptionnel – car intelligemment fait. Tout, dans ce nouveau SHADOW OF THE BEAST, respire le soft de Psygnosis – sans pour autant en constituer un simple copier-coller-cogner (oui dans le remake on découpe ses adversaires, on ne les cogne plus^^). Les décors s’inspirent grandement du jeu Amiga, et les frissons du joueur transi sont garantis ! L’ambiance est là, l’atmosphère vous fera mettre un pied à terre – terrassé que vous serez par l’un des plus grands revival issu de l’époque micro. Mieux, si les développeurs ont donc repris à leur compte les décors, quelques notes de musique (on peut même écouter les partitions de David Whittaker en jouant !), des cinématiques (dont celle d’intro de SHADOW OF THE BEAST II), et le design original du jeu Amiga, ils ont aussi poussé le vice de l’amour vidéoludique total à développer des petites choses qui relevaient du détail, en 1989. Quelle baffe j’ai pris, lorsque je me suis rendu compte que les grands monstres mécaniques du troisième niveau étaient en réalité… les créatures imaginées par Roger Dean, figurant sur la boîte du jeu originel – et qui n’apparaissaient pas in-game à l’époque ! Que de sourires sur le visage, au moment d’entrer dans ce château plongé dans l’obscurité… comme en 1989 ! Cette fois-ci pas de torche, la feinte est différente mais je n’en dis pas plus – chut. Quel plaisir également, quand je me suis emparé du laser puis du jetpack, comme dans le SHADOW OF THE BEAST de la belle époque – annonçant une phase de shoot’em up, non pas en 2D cette fois-ci, mais à la UNREAL – jeu qui s’était inspiré de SHADOW OF THE BEAST en 1990. La boucle est bouclée ! Quelle rigolade enfin, lorsque j’ai été attaqué par de gros yeux globuleux – rigolade oui, car avec leur jeu PS4, les développeurs ont tenu à dévoiler d’où venaient ces affreux globes oculaires – et leur explication, tapie dans les ombres, tient merveilleusement bien la route !

Si SHADOW OF THE BEAST s’était contenté de ce fan-service assumé (avec notamment le jeu d’origine inclus en bonus), ça aurait déjà pu suffire à mon bonheur. Mais les développeurs sont allés plus loin : ils ont concocté un vrai beat’em all en 2,5D taillé pour satisfaire les joueurs exigeants. Certes en easy (voire même en normal la plupart du temps), vous pouvez vous contenter d’utiliser les techniques de base – et donc de « bourriner ». Mais en mode beast (hard), il conviendra de varier les plaisirs de donner la mort, afin de prolonger votre souffle de vie. De même, si vous souhaitez débloquer la plupart des bonus (vraiment intéressants pour les nostalgiques), il faudra jouer pour le scoring, faire monter votre multiplicateur de combos et ne pas vous faire toucher – tout simplement jouissif ! Oui, SHADOW OF THE BEAST propose une palette de coups très intéressante pour un beat’em all en 2D, surtout que des talismans comme le bouclier de Leander (clin d’œil à un autre classique de Psygnosis ?) viennent encore gonfler les possibilités d’aborder chaque escarmouche. Dans SHADOW OF THE BEAST, on peut donc frapper (démembrements à la clé), étourdir, projeter pour tuer ou gêner un autre adversaire, feinter ou faire une roulade pour se retrouver dans le dos d’un ennemi, parer, contrer, mais aussi utiliser différentes techniques spéciales qui donnent tout son sel au gameplay. Ces techniques, puissantes, nécessitent d’utiliser du Blood (jauge rouge en bas de l’écran), que vous récupérez en tuant des ennemis. Attention elles sont un brin difficiles à placer, il faut donc bien calculer son coup : R2+triangle pour tuer avec un gros bonus de points (essentiel pour le scoring), R2+rond pour gagner une Wrath of Aarbron (attaque spéciale permettant d’empaler les adversaires autour de vous – clin d’œil à WRATH OF THE DEMON ?), R2+carré pour gagner des points de vie, R2+X pour désintégrer votre opposant et remplir votre jauge de Blood, ou encore R1+L1 pour enclencher une Rage Chains – destructrice et imparable mais qui demande un timing de fou furieux. À noter qu’il existe également une dernière technique spéciale (L3+R3) permettant d’invoquer des ombres (les Shadows of the Beast^^) mais elles nécessitent le sacrifice d’une Shadow Stone (qui s’obtient via une fonction sociale implantée dans le jeu, permettant d’interagir avec les cadavres des autres joueurs – encore une bonne idée !). En plein combat, il y a donc beaucoup de choses différentes à faire, de détails à prendre en compte – qui différeront selon que vous jouerez pour le fun, en mode beast, ou pour le scoring. Parer au plus pressé et trancher sans subtilité dans le lard, danser autour de vos ennemis pour faire grimper votre multiplicateur de combos, utiliser une Wrath of Aarbron couplée à un talisman particulier pour gagner à la fois des points de vie et du Blood, utiliser ledit Blood à l’envi ou au contraire en garder toujours un peu sous le coude décharné pour vous sortir d’une situation potentiellement inextricable à venir ? Le choix vous appartient…

Pour conclure à propos de l’action, un dernier mot sur les boss : ils ne sont pas infamants (encore que, celui du premier niveau…) mais trop faciles et loin d’être inoubliables. Ils ont au moins le mérite d’être variés, tant par leurs patterns que par leur taille – d’ailleurs si quelques joueurs se risquent à établir un parallèle entre un ou deux boss du jeu et ceux de GOD OF WAR, je leur répondrai que la licence SHADOW OF THE BEAST n’a pas attendu Kratos pour proposer des monstres gigantesques (souvenez-vous du boss de fin du premier jeu !).

À côté de cela, SHADOW OF THE BEAST propose des niveaux que certains risquent de trouver peu inspirés en matière de level design – et ils auraient tort, car le premier SHADOW OF THE BEAST n’a jamais prétendu être un STRIDER ou un METROID. Il s’agit d’un jeu d’action dont les phases de plates-formes et d’exploration constituent un simple petit plaisir supplémentaire. Hormis The Hydrath’s Castle, au level design plus poussé, les niveaux de SHADOW OF THE BEAST peuvent donc presque se parcourir en ligne droite – avec quelques phases de saut et de grimpette à la STRIDER, des téléporteurs mais aussi quelques passages chronométrés. Néanmoins, et c’est là l’une des grandes forces du jeu, si vous souhaitez mettre la main sur tous les secrets du livre de la Bête, il faudra rester attentif pour découvrir quelques chemins délicieusement bien cachés, et autres talismans pas évidents à trouver. Un plaisir immense pour les nostalgiques, tant on prend son pied (sa patte ?) à déambuler dans cet univers familier, et tant les récompenses pleuvent pour les joueurs méritants et motivés.

SHADOW OF THE BEAST a su incontestablement garder la griffe de son glorieux aîné, tout en dépoussiérant un gameplay aujourd’hui résolument daté. Une perle vidéoludique pour les fans du jeu originel et les amateurs de beat’em all à l’ancienne.

Note : joystick 2

Presque quatre bâtons de joie. Est-ce que je surnote le soft de Sony Europe ? Oui et non.
Oui car le grand public, auquel s’adressent les sites professionnels ayant froidement accueilli SHADOW OF THE BEAST, n’est pas forcément concerné par un tel jeu. Aussi les sites en question préféreront-ils mettre en avant le dernier BATTLEFIELD, un énième SUPER MARIO ou le nouveau WATCH DOGS – je n’ai rien contre ces jeux, notez-le bien (même si j’ai un petit doute concernant le dernier…). Et ces gratte-papiers autoproclamés journalistes, adeptes des logomachies prémâchées, sacrifieront sur l’autel de la globalisation vidéoludique quelques jeux que l’on dit « de niche », comme YOMAWARI ou SHADOW OF THE BEAST.
Non car heureusement, Jeux vidéo et des bas n’est qu’un blog – je me contrefiche de l’avis du grand public, je ne fais que donner le mien, le plus honnêtement possible. Aussi ai-je décidé de faire péter une foultitude de bâtons de joie pour le jeu qui nous intéresse aujourd’hui, et que j’ai attendu toute ma vie – oui, oui. D’ailleurs vous ai-je déjà dit que j’avais déjà rêvé de nombreuses fois (au sens propre comme au figuré) d’une adaptation ciné du jeu de Psygnosis ?! Pour les fans du jeu Amiga et les amateurs de beat’em all un peu old-school, SHADOW OF THE BEAST mérite donc amplement ses nombreux bâtons de joie. Retirez-en un si vous n’aimez plus ce style de jeux en 2D, et enlevez-en même deux si, en plus, vous n’avez jamais joué (ou pas aimé) le jeu de 1989.

Images : Jeuxvideo.com

Trailer :

case blanche

 

4 réflexions au sujet de “Shadow of the Beast (PlayStation 4, 2016)”

  1. Je ne regrette pas d’avoir découvert Shadow of the Beast. Ce titre propose des combats dynamiques et j’ai bien aimé la bande-son aussi. Je trouve qu’Aarbron est un personnage tout à fait charismatique.

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  2. Acheté le week-end dernier, à un prix dérisoire (3 euros) je l’ai terminé ce matin… chose que je n’avais pas réussi à faire sur mon Amiga 500 à l’époque. Trop dur pour moi ! Les première minutes de jeux mon franchement déçu, des minis cinématiques toutes les 30 secondes…j’aurais préféré sans. Ensuite, je me suis laissé emporter, les graphismes sont loin d’être moches et rappellent avec plaisir ceux de l’Amiga. Les multiples scrollings sont présents, durant tous les niveaux du jeu et offre de la profondeur aux décors, chose que nous n’avons plus le plaisir de voir dans les productions actuelles. Le gameplay ne souffre d’aucun défaut et c’est bien agréable. Les combats sont assez jouissif et les animations bien rendues. Il est peu cour et certains niveaux sont plus longs que d’autres, les musiques proche de l’original offre une agréable ambiance sonore. Enfin, le jeu promet une certaine rejouablité avec pas mal de petites choses à débloquer. Honnêtement après la soupe à la grimace des premières minutes, j’ai parcouru le jeu avec un réel plaisir. Au final je dirais que ce remake est une franche réussite, un must have pour les anciens de l’Amiga et un bon petit jeux à découvrir pour les plus jeunes.

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    • Heureux que ce jeu trouve son public ! Ton avis me fait bien plaisir. Comme tu le dis d’ailleurs, il risque de plaire davantage aux nostalgiques qu’aux joueurs lambdas. J’aurais beaucoup aimé une suite, un remake de SHADOW OF THE BEAST II, mais à mon avis c’est mort…

      Au fait, il y a un easter egg très très bien caché dans chaque niveau – un jeu de Psygnosis. J’en ai déjà trouvé quelques-uns… mais c’est dur !

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