A.M.C. – ASTRO MARINE CORPS
Année : 1990
Studio : Creepsoft
Éditeur : Dinamic
Genre : Dynamique, vraiment ?
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquettes
Vingt races d’alienigènes ont soumis la galaxie à leur régime totalitaire. Vous êtes à la tête des Astro Marines, un corps d’élite ayant pour mission principale d’assurer la sécurité spatiale. Aidé par une technologie avancée et de nombreuses armes de destruction massive, vous partez renverser l’ordre des monstres de l’espace. Votre aventure ne sera pas de tout repos : entre les aliens polymorphes qui se camouflent en soldats humains, les vers gigantesques qui vont chercher à vous gober, les robots tanks et les extraterrestres volants, préparez-vous à livrer la bataille de votre vie contre les Deathbringers !
Dinamic, l’excellent studio espagnol, faisait partie de mes petits chouchous à l’époque des micro-ordinateurs familiaux 8 et 16 bits. L’équipe de Dinamic avait une patte graphique bien à elle, et construisait souvent ses jeux en plusieurs parties, au gameplay parfois différent nécessitant le support de plusieurs disquettes. Si ASTRO MARINE CORPS déroge quelque peu à la règle (un seul gameplay proposé), le jeu développé par Creepsoft sous la houlette de Dinamic est malgré tout découpé en plusieurs chapitres bien distincts, au début desquels il sera notamment possible de reprendre notre partie grâce à un système de mots de passe salvateur, auquel l’éditeur espagnol nous avait déjà habitués – soit dit en passant, les mots de passe en question constituent un plaisir ultra référencé à eux tout seuls : Metropolis, Nostromo, Krull, Replicant, Dagobah…
Lors de sa sortie, j’étais un grand fan du jeu, avec ses musiques et ses décors s’inspirant ouvertement de SHADOW OF THE BEAST, ses monstres à foison, ses quelques feintes pas désagréables et ses petites mises à mort gores. Hélas sa redécouverte très récente grâce à l’émulation m’a tout d’abord refroidi : le run&gun de Dinamic est paradoxalement bien peu… dynamique. On croirait presque que le héros est sous anxiolytique – le bonhomme se traîne, ses sauts sont mous et la manière dont il remue les jambes frise le ridicule lors des sauts, justement. Au moins les choses sont claires : un joueur qui n’a pas connu cette époque aura toutes les peines du monde à tenir plus de dix minutes aux commandes de cet Astro Marine qui se meut (et se meurt) au ralenti. Les autres, glorieux aventuriers de temps désormais révolus, retrouveront sans doute A.M.C. avec un plaisir réel, bien que légèrement déformé par la nostalgie.
Pour ma part, je trouve toujours A.M.C. fichtrement sympathique. Les bonus sont nombreux, il est possible de cumuler les armes spéciales (mais celles-ci s’épuisent rapidement), les nombreux mots de passe viennent équilibrer intelligemment la difficulté du jeu, le personnage peut tirer dans toutes les directions, lancer des grenades, s’accroupir, sauter et le bestiaire est très correct. Le jeu est hélas assez redondant et certains passages se révèlent plutôt odieux et mal fichus, puisqu’il faut s’y défaire de monstres qui débarquent par grappes entières et qui tuent au moindre contact, nonobstant l’énergie du héros à cet instant précis… Pire : ces fourbes d’aliens se déguisent même en humains, durant l’un des niveaux du jeu. Si vous flinguez un humain par erreur, vous perdez du temps sur votre chrono (serré). Arrivé à zéro, c’est le game over. Si vous ne dézinguez pas suffisamment vite l’alien ainsi grimé (qui finira quand même par tomber le masque), vous mourez au premier contact. Rageant. Ces ennemis camouflés, c’est au final une fausse bonne idée, la faute à un gameplay pas suffisamment réactif.
Mais là où le jeu fait fort, c’est dans son ambiance musicale. Hélas, il n’est pas possible de profiter à la fois des sons et des musiques. Si, en général, j’opte toujours pour les SFX, avec A.M.C. il en va tout autrement. La musique du jeu, composée par José A. Martin, constitue en effet un régal absolu pour les sens. Celle-ci, relativement lente voire pesante, apporte une dimension presque zen-sombre au jeu, et illustre finalement fort logiquement la démarche calme et mesurée du marine de l’espace. Le plus beau, dans tout cela, c’est la manière dont les pistes s’enchaînent : sans temps mort, ou presque. Ainsi, lorsque l’on change de niveau, le thème précédent évolue légèrement, presque imperceptiblement. Quelques notes en plus. Deux-trois rythmes en moins. L’Amiga en mode abracadabra. Une autre mélodie assassine vient alors guider nos pas.
Si j’ai toujours beaucoup d’affection pour A.M.C., je n’en reste pas moins conscient que c’est avant tout dû à l’effet grossissant/travestissant/euphorisant de la loupe de la nostalgie – comme un miroir déformant dans lequel on ferait plonger notre regard. À dessein. Aujourd’hui d’ailleurs, le jeu pourrait sans doute être qualifié d’œuvre médiocre. Même à l’époque, me direz-vous, puisque A.M.C. date de 1990, et qu’il n’arrive pas à la cheville musclée d’un titre comme CONTRA, sorti deux ans plus tôt sur Famicom. Mais difficile de comparer deux mondes que tout oppose, ou presque : les consoles d’un côté, les ordinateurs personnels de l’autre et le joueur des années 80/90 au beau milieu… Une chose est sûre : si vous parvenez à prendre du plaisir sur A.M.C., ce n’est pas moi qui viendrai vous jeter la pierre – que dis-je : le rocher, le roc… l’astéroïde ! Qui finira d’ailleurs en purée de pixels, à la fin d’A.M.C.
Note : Nostalgie :
Gameplay sans réel intérêt aujourd’hui, ASTRO MARINE CORPS n’en demeure pas moins un jeu très sympa si vous êtes un nostalgique de l’époque des ordinateurs 16 bits. Les jeux d’action étaient loin d’être parfaits, mais parfois ils parvenaient à dégager quelque chose d’improbable, un intérêt, une étincelle. Les plus optimistes diront une âme. Dans ASTRO MARINE CORPS, il s’agissait de ses musiques : absolument superbes, presque lancinantes et qui évoquaient avec justesse la solitude du héros isolé dans l’espace… ou celle du joueur seul face à un jeu ennuyeux.
Images : Jeux vidéo et des bas
Vidéo :
Perso je garde un très bon souvenir de la version cpc 6128 ! J’étais très fan des jeux de Dinamic : Turbo Girl, After the War, Army Moves, Captain Trueno, Freddy Hardest et le génial Game Over 2 ! Que des jeux avec une patte graphique de malade pour l’époque!
Je te conseille vraiment d’y rejouer aujourd’hui pour voir… Pour nous, nostalgiques, ça passe encore. Mais pour les autres, pas sûr… En tous les cas je te rejoins : pour l’époque et pour des micro-ordinateurs 8 ou 16 bits, Dinamic c’était une grande boîte ! Une patte unique !