Calling: kuroki chakushin (Wii, 2009)

CALLING: KUROKI CHAKUSHIN
Titre alternatif : Calling
Année : 2009
Studio : Hudson Soft
Éditeur : Hudson Soft
Genre : dring, d-ring, d-ringu…
Joué et testé sur Wii
Support : disque optique


Quatre personnes que rien ne semble devoir rapprocher vont connaître les mêmes tristes évènements… Pour s’être connectés à un chat Internet à l’obscur réputation, la « Page Noire », Rin, Shin, Chiyo et Makoto vont basculer dans l’horreur. Pour une raison mystérieuse, leur téléphone portable les téléportera dorénavant dans un endroit étrange, et sombre. Hôpital, karaoké, lycée ou encore atelier de poupées… Des lieux vidés de toutes leurs âmes, mais visiblement habités par des ombres… maléfiques ? Pour sortir de cet Enfer, les quatre individus vont devoir redoubler d’ingéniosité, et sans doute remonter à l’origine d’une bien cruelle malédiction…


On ne peut pas plaire à tout le monde, encore moins quand on arbore un teint cadavérique, des yeux vitreux et un corps en état avancé de décomposition ! Alors non, les fantômes de CALLING ne plairont pas à tout le monde, surtout qu’ils ont la bonne (et mauvaise) idée de rendre un hommage appuyé aux films d’horreur typiquement japonais, ou J-horror pour les intimes. Oui, à mon sens il s’agit à la fois d’une bonne et d’une mauvaise idée. Bonne, car le fan du genre sera aux anges – enfin façon de parler, car il aura plutôt un pied en Enfer. En effet CALLING multiplie les références, qu’il s’agisse du thème du téléphone portable maudit (CHAKUSHIN ARI), du chat sur Internet (influences de 2channel), du découpage en chapitres avec allers-retours (JU-ON), ou encore du cache-cache solitaire (HITORI KAKURENBO, dont le premier film n’était sorti qu’un an avant CALLING). Mais c’est aussi, je crois, une mauvaise idée car la J-horror, aujourd’hui, est littéralement embourbée dans les clichés éhontés, au point que ceux-ci ont fini par dégoûter plus d’un fan de la première heure/des premiers heurts. Mettons donc d’entrée les points sur les i : si vous aimez toujours la J-horror, si vous êtes passionné par le genre et savez faire fi de ses défauts pour vous focaliser sur ses qualités (ambiance, folklore japonais…), alors pour vous tous les voyants et autres diseurs de bonne aventure sont au vert, et CALLING pourrait parfaitement vous plaire. Si, au contraire, vous ne supportez plus les différents films de la série JU-ON et d’autres titres récents de qualité (KIDAN HYAKKEI, SADAKO VS. KAYAKO, EYES…), je pense que vous pouvez passer votre chemin – de croix.


Vous êtes toujours là ? C’est donc que vous n’êtes pas encore las ! Nous pouvons entrer dans le vif du sujet, je crois. Attaquons tout de suite par ce qui fâche, et après nous n’en reparlerons plus : la réalisation. Même pour de la Wii, honnêtement c’est plutôt laid. Les textures sont baveuses, l’animation des personnages accuse une bonne génération de retard et les décors manquent parfois cruellement de détails – essayez de regarder au travers d’une fenêtre, par exemple (Ok c’est justifié par le scénario, mais quand même…). Malgré tout, il faut rendre hommage au soin apporté à l’ambiance sonore – avec un casque, c’est assez phénoménal. Tout est tellement bien spatialisé que, plus d’une fois, un frisson m’a parcouru l’échine simplement en laissant traîner mes oreilles (au sens figuré, contrairement à mimi nashi Hoichi) au détour d’un couloir bien sombre. L’obscurité ambiante est d’ailleurs salvatrice, puisqu’elle camoufle la plupart des défauts graphiques du jeu. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse, disait l’autre ? Cela se vérifie une nouvelle fois avec CALLING, même s’il faut reconnaître qu’un nouvel écueil se dresse sur la route du fan transi de J-horror : après la réalisation datée, voici venu le moment de mettre la Wiimote au pilori ! Parfois j’en viens à me demander s’il ne faudrait pas condamner son inventeur au supplice du pal – avec une Wiimote en lieu et place du pieu !


Si le gameplay s’inspire largement du magnifique ZERO: TSUKIHAMI NO KAMEN, sorti un an plus tôt, il ne l’égale aucunement. Nunchuk pour marcher et faire des pas chassés, Wiimote pour diriger le regard (avec ou sans lampe torche) et donc donner la direction à suivre. Sauf que la Wiimote est dix fois trop sensible, et qu’il est impossible de la rééquilibrer dans les options du jeu. Du coup, on se retrouve parfois avec le regard qui part en vrac, et il faut bien deux ou trois secondes pour recentrer le tout – une éternité, quand vous êtes poursuivi par un fantôme… On regrettera également cette fâcheuse manie à la bougeotte psychédélique propre à certains jeux Wii, nous obligeant à secouer la Wiimote comme un damné pour nous sortir des griffes d’un ennemi – avec en prime un petit QTE à exécuter dans CALLING, pas si simple à réaliser quand on gesticule ainsi.


Mais comme l’aventure n’est pas très difficile, les défauts précités ne devraient pas considérablement nuire au plaisir de jeu – enfin, si vous aimez la J-horror. Surtout qu’il faut aussi le reconnaître, la Wiimote est utilisée avec justesse lorsqu’il s’agit d’imiter un téléphone portable – la Wiimote incarnant alors le combiné (un procédé déjà plus ou moins présent dans TSUKIHAMI NO KAMEN). Votre téléphone portable (à clapet, n’oubliez pas que nous sommes en 2009 !) se situe donc au centre du gameplay de CALLING. Prendre des photos, recevoir des emails (parfois salvateurs), enregistrer des sons étranges, répondre aux appels (ou pas, certains faisant froid dans le dos) et bien évidemment téléphoner… Cette dernière action, vous le comprendrez bien assez tôt dans l’histoire, est d’une importance capitale puisqu’elle vous permettra de… Mais chut. Je vous laisse découvrir ce concept par vous-même.


Durant l’essentiel du jeu, vous vous baladerez donc dans des couloirs obscurs, avec quelques effets de mise en scène s’inspirant (encore) de TSUKIHAMI NO KAMEN. Vous croiserez parfois la route de fantômes offensifs ou inoffensifs, mais ne pourrez jamais combattre – à vous de trouver le meilleur moyen de vous en sortir vivant à chaque fois. Bien souvent, vous vous retrouverez complètement isolé (dans une école, un Internet café, un hôpital – tous les clichés qu’on aime) sans même être dérangé par un quelconque esprit. C’est un point que j’ai particulièrement apprécié : le jeu surfe sur les vagues de son ambiance tendue au lieu de plonger dans l’action. Il peut certes faire peur grâce à un jumpscare bien placé, mais c’est surtout son atmosphère pesante qui risque de venir à bout de votre flegme légendaire (et je ne parle même pas des images subliminales !). Mieux, en plus de bonnes petites énigmes (simples mais sympas), les développeurs ont eu l’intelligence de disséminer çà et là quelques menus évènements macabres et autres secrets indépendants de la trame principale, pas toujours évidents à trouver ou à déclencher, tant et si bien que même lors d’un deuxième walkthrough, obligatoire à mon sens car il comporte des ajouts (chapitres, secrets…), vous aurez toujours l’espoir (ou la frousse) de tomber sur quelque chose de nouveau.


En me relisant, je me rends compte que j’ai passé plus de temps à déverser mon fiel au sujet de CALLING, qu’à en chanter les louanges. C’est peut-être parce que je ne souhaite pas dévoiler la substantifique moelle d’un récit qui ne se dévoile que petit à petit, ni divulgâcher toutes les mécaniques du jeu qui réservent quelques bonnes surprises (jeter un coup d’œil dans un interstice, se savoir observé et en rechercher l’origine avec le petit curseur bleu, etc.). En conclusion, on peut donc affirmer que CALLING plaira sans nul doute aux amateurs de J-horror et d’expériences horrifiques lancinantes – au risque de se mettre tous les autres joueurs à dos. Et je ne reviendrai pas sur la technique datée du soft, ni sur ses contrôles peu ragoûtants à base de Wiimote, car je me refuse à tirer sur l’ambulance – ses infirmières démoniaques, croisées dans CALLING, risqueraient de mal le prendre !

Note :

CALLING est une excellente exclusivité horrifique de la Wii. Certes, il n’invente pas grand-chose et pioche abondamment dans le cinéma de genre japonais. Mais quel fan de J-horror s’en plaindrait ? Pas très joli mais efficacement mis en scène avec de gros efforts fournis sur l’ambiance sonore, CALLING réserve de jolis petits moments de frousse même si, il faut le reconnaître, il n’arrive pas à la cheville des deux ZERO, absolument grandioses, sur la même Wii.

Images : http://www.4gamer.net

 

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