Rock Boshers DX: Director’s Cut (PlayStation Vita, 2014)

ROCK BOSHERS DX: DIRECTOR’S CUT
Année : 2014
Studio : Tikipod Limited
Éditeur : Limited Run Games
Genre : tu te casses sur Mars, tu te casses sur Mars…
Joué et testé sur PlayStation Vita
Support : PS Vita Card


Au XIXème siècle, l’Angleterre rêve déjà d’espace… La technologie ayant atteint un niveau insoupçonné, la colonisation de Mars est ainsi lancée. La toute jeune reine Victoria rêve aussi… pas de trône, mais d’étoiles… Elle décide alors d’embarquer incognito dans la prochaine navette pour la planète rouge. Sur place, elle déchante vite : des milices qui ont pris le pouvoir par la force réduisent en esclavage tous les arrivants en provenance de la Terre. Les pauvres hères sont envoyés dans les mines. Mais à force de creuser, il semblerait qu’ils aient réveillé d’étranges créatures, avides de chair fraîche… Ni une, ni deux, Victoria se saisit du premier pistolet laser venu, et part lutter seule contre tous. God save the Queen – in space !

ROCK BOSHERS, avec son habillage rétro de type ZX Spectrum, est de ces jeux qui déclenchent généralement un tollé pavlovien sur la toile – sur Youtube ou Jeuxvidéo.com par exemple. L’étroitesse d’esprit de certains joueurs de jeux vidéo à l’état pur, incapables de comprendre que d’autres peuvent prendre du plaisir avec des choses qu’ils rejettent pourtant corps et âme. Mépris d’autant plus surprenant que, de toute l’histoire des jeux vidéo, on a rarement eu autant de choix et de jeux différents à se mettre sous la dent qu’aujourd’hui. Pour ma part, il n’y a pas de jeux rétro, néo-rétro, indé ou AAA. Il n’y a que des jeux, et ce que chaque joueur en fait en fonction de ses amours, son passé, ses envies, son expérience. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse… Et moi franchement, eh bien j’ai souvent un verre dans le nez !

ROCK BOSHERS est donc ce que l’on appelle communément un jeu de niche. Et je ne dis pas ça uniquement parce qu’il a du chien. Non. Il est évident que ce petit jeu ne s’adresse qu’à une minorité de joueurs, celles et ceux qui ont grandi au temps de Récré A2, du 3615 ULLA, de Jeanne Mas et des ordinateurs 8 bits. Si, personnellement, j’étais plus Amstrad CPC que ZX Spectrum, retrouver un habillage, des sons 8 bits sur ma PlayStation Vita m’a ému au plus haut point – raaaah, cette magnifique intro pixelisée avec amour, cette musique comme on n’en fait plus (heureusement, diront certains^^)… On est tout de suite dans l’ambiance ! Oui ROCK BOSHERS, avec sa technique désuète mais maîtrisée, et son histoire steampunk située en 1880 en pleine époque victorienne, a définitivement une gueule d’atmosphère – ce qui est paradoxal sur Mars, mais passons.

Passées les premières bonnes impressions basées avant tout sur la nostalgie, ROCK BOSHERS surprend par sa prise en main, résolument moderne : il s’agit en effet d’un Twin-stick Shooter ! C’est là, je trouve, l’une des forces du jeu : il n’est pas coincé dans un immobilisme nostalgique paresseux, non. Il garde un œil dans le rétro, bien sûr, mais il est aussi lancé à toute allure vers le futur ! Oubliez donc les hitbox foireuses, les bugs, les béta-tests fantômes et l’absence de sauvegardes de nombreux jeux sortis sur les ordinateurs 8 bits dans les années 80. ROCK BOSHERS a été peaufiné comme un vrai petit jeu moderne. Il est maniable, précis, comporte son petit lot de secrets à dénicher pour débloquer des bonus (des jeux d’arcade) et surtout, surtout : le jeu a une identité forte. Simple à prendre en main, relativement court mais dense. On ne s’y ennuie jamais, c’est bien là l’essentiel.

ROCK BOSHERS a donc été pensé comme un Twin Stick Shooter, en vue aérienne. Chaque niveau est constitué d’un tableau plus ou moins grand, indépendant des autres. Entendez par là qu’il n’y a pas d’améliorations à accumuler pour vous faciliter la tâche dans les niveaux les plus ardus. De même, toutes les armes spéciales récupérées disparaîtront sitôt que vous aurez emprunté la porte de sortie d’un niveau – inutile, donc, d’économiser les munitions (limitées) de ces armes de destruction massive. De toute façon, vous n’aurez que très rarement l’occasion de faire la fine bouche, puisque vous serez rapidement submergé par les zombies jaunes de la planète rouge – voire, parfois, par les soldats participant à la triste entreprise d’esclavage des hommes et des femmes présents sur Mars en ce XIXème siècle fantasmé.

Malgré sa très grande simplicité (shooter dans toutes les directions, slalomer entre les zombies, actionner des boutons pour ouvrir des portes…), ROCK BOSHERS n’est aucunement redondant. D’abord, ses musiques et son design très Spectrum ont un charme fou – même si on s’y perd un peu au début, Mars en 15 couleurs, il fallait le faire ! Ensuite, le jeu est relativement court, je l’ai déjà précisé, mais assez dense. Enfin Tikipod, le développeur, a eu l’intelligence d’intercaler quelques niveaux originaux pour varier les plaisirs : une séquence à la verticale dans un ascenseur par exemple, des tanks à piloter comme au bon vieux temps d’IKARI WARRIORS, ou encore ce final à rebondissements avec des boss très bien pensés et un dernier petit côté shoot’em up du plus bel effet. Cerise sur le gâteau : si ROCK BOSHERS est simple, il n’est pas dénué de challenge, notamment quand on se rapproche du dénouement. Rien d’insurmontable bien évidemment, mais il vous faudra rester concentré jusqu’au bout – en particulier si vous souhaitez découvrir la petite fin alternative.

Traitez-moi de vieux grincheux, mais je persiste et signe : ciné, société, jeux vidéo… Oui c’était mieux avant, dans les années 80 ! Pas 1980, non. Mais 1880 : quand la reine Victoria en avait dans le pantalon !

Note :                                                                                                  .

ROCK BOSHERS est indéniablement un jeu pour les nostalgiques – des micros 8 bits en général et du ZX Spectrum en particulier (si vous y êtes allergique, sachez qu’il existe également une skin NES). Sorti sur PC, PlayStation 4 et Vita, c’est peut-être sur cette dernière que ROCK BOSHERS est le plus agréable – le bel écran de la PlayStation Vita sied en effet parfaitement au charme de ces pixels d’antan. On y prend un réel plaisir à se tailler un chemin à coup de laser et de rockets, à la manière d’un Twin Stick Shooter presque moderne. Avec son scénario qui revisite l’époque victorienne, et sa technologie maîtrisée mais penchée amoureusement sur le passé, ROCK BOSHERS est à la fois uchronique sur le fond, et sur la forme. Ce qui ne plaira bien évidemment pas à tout le monde.

Images : defunctgames.com

Trailer :

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