WEIRD DREAMS
Année : 1989
Studio : Rainbird Software
Éditeur : Rainbird Software
Genre : I’m going slightly mad
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquette
Steve est un jeune homme qui est tombée sur la mauvaise personne… Emily. Une femme démoniaque… ou le démon lui-même ? Désireuse de se jouer de Steve, un garçon trop bon et trop gentil pour être supporté par le Malin, Emily va prendre plaisir à le torturer, lentement, subrepticement. Après lui avoir fait boire trois pilules machiavéliques, Emily va pouvoir le contrôler… ainsi que ses rêves, et ses cauchemars. Elle va aussi s’amuser à faire pousser de nouvelles dents… sous les plus anciennes du pauvre garçon. Steve va en voir de toutes les couleurs, sans jamais se douter que l’origine du mal est ici, près de lui. Emily…
Ne supportant plus ces cauchemars qui le hantent, Steve décide d’avoir recours à une opération extrêmement dangereuse… Son cerveau en sortira-t-il indemne ? Sur la table d’opération, il plonge alors dans le coma… Un nouveau rêve débute alors. Le dernier ?
WEIRD DREAMS est un jeu qui m’avait fait rêver lorsque j’en avais vu plusieurs images dans les magazines de l’époque – dont les testeurs avaient été conquis par le charme improbable (n’oubliez pas qu’ils dépassaient rarement les premiers niveaux d’un jeu pour en rédiger un test). Vivre une aventure haute en couleur, traverser un songe pixelisé… Que de promesses pour un joueur en herbe à l’imagination sans limite ! Hélas une fois le joystick en main, c’est le cauchemar qui a commencé. WEIRD DREAMS était tout simplement injouable. Beau, inventif… avec ce petit côté mystérieux propre aux jeux improbables… mais absolument injouable. Je me souviens n’avoir pu avancer que dans quelques malheureux tableaux – je bloquais rapidement dans le désert, dans le miroir de gauche, ou face à la petite fille psychopathe, dans celui de droite. Près de trente années plus tard, je me sens prêt à redonner une chance à ce jeu inclassable… à reprendre le flambeau – pour m’y brûler à nouveau ?
I’m one card short of a full deck…
La joie des retrouvailles fut en réalité de courte durée : une jolie intro, une ambiance sonore signée David Whittaker, et puis notre bonhomme entre la vie et la mort, qui doit passer sur le billard. Il se réveille dans un rêve torturé. Premier tableau : piégé dans une machine de barbe à papa. Génial ! Il faut éviter la tige qui tourne pour se recouvrir petit à petit de confiserie rose, et sauter dessus au bon moment pour avoir une chance de s’extirper de ce premier lieu maudit. Sauf que c’est super difficile, pas maniable, le personnage bouge comme un tank, on ne comprend pas toujours pourquoi on meurt, etc. Mais on finit par s’en sortir malgré tout – on ne va pas se laisser faire par un premier tableau, nom de Zeus ! Arrive maintenant une guêpe géante, dans une fête foraine. Vous ne le saviez peut-être pas, mais il fallait en réalité vous laisser recouvrir de sucrerie dans le tableau précédent, pour avoir de quoi amadouer la guêpe, lui faire lâcher sa boule magique (ou quelque chose comme ça), vous saisir d’une tapette à mouche cachée sur la gauche, frapper l’insecte pendant qu’il se délecte des miettes de barbe à papa, vous saisir de ladite boule magique (vous avez une ouverture d’un pixel et d’une fraction de seconde pour ça), et vous enfuir dans la galerie des miroirs déformants. Ouaip. C’est hardcore. Il faut d’abord deviner ce qu’il faut faire, puis dompter un gameplay complètement à la ramasse.
I think I’m a banana tree…
Et ce n’est que le début ! Alors imaginez un peu la suite ! Entre timing surréaliste et situation incompréhensible, le jeu se révèle rapidement énervant au possible. Même via l’émulation avec des savestates, ce n’est pas amusant. C’est injouable, tout simplement ! Alors pour la petite histoire, je dois quand même vous avouer avoir échoué exactement au même endroit qu’en 1990 ! La tondeuse à gazon qui me hache menu (c’est gore, c’est rigolo), j’en suis venu à bout… mais le tableau suivant avec la petite fille et son couteau de boucher, non… J’ai bien compris qu’il fallait lui renvoyer son ballon de foot dévoreur, mais le timing est trop pointu et trop flou pour moi. Même en m’aidant d’une vidéo, ça m’a vite gonflé… Le passage dans le désert, idem. Sympa car fort joli, il saoule aussi relativement vite. À quoi bon souffrir inutilement ? Je crois que je préfère encore me nettoyer les oreilles avec un tournevis ou m’épiler les jambes avec des fourmis rouges.
I’m knitting with only one needle…
Le meilleur moyen de profiter de ce jeu unique (euh… inique ?), c’est encore de lire la nouvelle qui était fournie dans la boîte de l’époque, ou surtout de visionner un longplay sur Youtube – quelques mutants sont en effet parvenu à dompter le diable, à effectuer une danse du ventre vidéoludique dans un champ de mines avec un bandeau sur les yeux. Bravo et merci à eux ! Oui, merci, car WEIRD DREAMS est un jeu extrêmement sympa à… regarder ! Il fourmille d’idées improbables, de surprises parfois drôles, parfois un brin malsaines, et la grosse quinzaine de minutes nécessaire pour boucler l’aventure se suit avec grand plaisir – surtout que l’on a quand même envie de savoir ce qui se passe à la fin : le malheureux héros de WEIRD DREAMS finira-t-il par se réveiller ? Le retrogamer se laissera-t-il une nouvelle fois abuser ? Et si c’était lui, étendu là sur la table d’opération… charcuté et moqué par une nostalgie manipulatrice ?
It finally happened, I’m slightly mad.
Oh dear.
Note : Nostalgie :
Il faut être fou pour avoir imaginé un tel jeu ! Et il faut être tout aussi fou pour y avoir joué ! Vivre un rêve éveillé sur un Amiga 500, a pourtant fait fantasmer plus d’un joueur français au début des années 90 – surtout quand on sait que plusieurs magazines avaient courbé l’échine de la bonne foi devant le jeu de Rainbird… Hélas joystick en main, le rêve s’évaporait soudainement : peu lisible, injouable, fatal… WEIRD DREAMS est agréable à regarder, mais un enfer à jouer… Pour naviguer dans un simulateur de rêves, optez plutôt pour L.S.D. sur PlayStation.
Images : Jeux vidéo et des bas
Le jeu, dans l’émission Nolife (2008) :