Ghost Blade HD (PlayStation 4, 2017)

GHOST BLADE HD
Année : 2017
Studio : Hucast
Éditeur : EastAsiaSoft
Genre : Shira, le cancer des colons
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


Shira, l’intelligence artificielle créée il y a 10.000 ans pour protéger les colons de Mars, a commencé à voler de ses propres ailes… avec comme objectif premier d’éradiquer toute présence humaine de la planète rouge. Celle que l’on surnomme désormais Evil Shira est néanmoins boutée hors du système solaire par la Force de Défense Terrestre. Désireuse de mettre un terme définitif à cette guerre d’un nouveau genre, l’armée terrienne lance son meilleur pilote aux trousses d’Evil Shira – qui est loin, très loin de s’avouer vaincue.

Originellement développé pour la Dreamcast, GHOST BLADE, un homebrew du studio amateur Hucast, fut finalement porté sur la plupart des machines en vogue du moment dans une version améliorée, plus fluide et affublée du sobriquet « HD ». GHOST BLADE HD, donc, puisque c’est comme cela qu’il convient de l’appeler, est un manic shooter. Entendez par là qu’il y pleut des balles. Que les boulettes s’y reproduisent plus vite que des gremlins dans une piscine. L’intérêt de la chose étant alors de maîtriser suffisamment son engin pour, au final, se jouer des rideaux de balles adverses comme d’autres font la danse du ventre avec les yeux bandés sur une corde surplombant une fosse aux lions. Ranger définitivement la galette de GHOST BLADE HD après l’avoir terminé une ou deux fois en mode easy relèverait donc du crime de lèse-majesté : ce mode peut en effet être bouclé sans maîtriser aucune des techniques du jeu (focus, scoring, connaissance des patterns, etc.). On y progresse un peu comme un joueur amorphe, assommé par la facilité de la chose et le manque d’ambition visuelle des boss et de certains levels.

Au premier coup d’œil, GHOST BLADE HD n’a effectivement rien de particulièrement mémorable. Les ennemis sont sympas, mais très classiques et souvent recyclés d’un niveau à l’autre. D’ailleurs les niveaux en question ne sont pas très nombreux et relativement courts. De plus leur level design ne revêt, en apparence, aucun des atours susceptibles de plaire au joueur adepte des shoot’em up des années 80 – décors mouvants, obstacles naturels, etc. Dans GHOST BLADE HD on va en effet tout droit et les seuls éléments avec lesquels il est possible d’interagir sont… les vaisseaux ennemis ! Mais l’intérêt de GHOST BLADE HD n’est pas son mode easy, mais bien le normal qui change vraiment la donne, le hard bien évidemment et également le Score Attack, un niveau bref et violent essentiellement axé scoring, à l’ancienne comme ils disent dans ma maison de retraite.

Le premier but d’un joueur amoureux des shoot’em up, sera donc de terminer une partie en 1CC, c’est-à-dire de one-créditer le tout (le no miss, ce sera pour plus tard). Les continus qui s’empilent et les smart-bombs diablement efficaces ne seront donc plus suffisants pour voir le bout du tunnel rageur concocté par Hucast. Il vous faudra par conséquent apprendre à danser avec les balles, à draguer les plus gros vaisseaux… à lancer un tango assassin et viscéral. Le build de base de chacune des trois navettes disponibles fonctionne sur le même principe : un tir basique (shoot, plus ou moins large), et un autre beaucoup plus puissant et concentré, ou focus, qui vous permet aussi de ralentir l’action se déroulant à l’écran (on pense bien évidemment à KETSUI). Vous vous surprendrez alors à pouvoir effectuer des slaloms a priori impossibles parmi des dizaines (que dis-je : des centaines !) de balles frénétiques. La hitbox de votre vaisseau étant héritée des autres titres du genre danmaku, vous ne devriez pas être dépaysés lorsque les lasers de vos adversaires se mettront à lécher les courbes de votre carlingue sans pour autant en faire un tas de tôles froissées. Vous apprendrez alors à passer du shoot au focus, et vice versa, en un souffle nucléaire, à peine un battement de cils – pour le plus simplement du monde survivre régulièrement à l’impossible. Grisant.

D’autres routines déjà bien rodées dans d’autres danmaku répondent ici présent : le précieux bullet cancel, indispensable outil de torture/piqûre d’adrénaline du kamikaze prêt à prendre tous les risques, à frôler toutes les boulettes, quand il sait qu’en éliminant certains ennemis (ici, les gros vaisseaux et tourelles) les tirs de ces derniers disparaîtront comme neige sous un soleil irradié. Maîtrisez malgré tout vos ardeurs, puisque l’explosion d’autres belligérants équivaudra au contraire à un feu d’artifice synonyme de suicide bullets ! Enfin, l’extermination des gros vaisseaux à bout portant fera gonfler votre chaîne de combo (on pense encore à KETSUI), détail indispensable et jouissif une fois maîtrisé et que l’on se lance dans le scoring – le point blank dans toute sa splendeur pour mettre le Score Attack à genou ! Du coup, la taille et le nombre des stages (cinq) est à prendre avec un certain recul. Certains trouveront le total un peu chiche, mais le but n’étant pas de voir la fin du jeu (franchement dans un manic shooter, on s’en fiche) mais de maîtriser chaque pixel carré de chaque niveau afin de viser le one-crédit puis le no-miss, et ce dans toutes les difficultés du jeu – bonne chance avec le mode hard ! Enfin, l’aspect scoring n’est pas à négliger, bien au contraire. GHOST BLADE HD est aussi un véritable jeu de scoring, avec classement local et en ligne pour s’amuser à savoir qui a la plus grosse – paire de douilles.

Enfin si le jeu ne propose pas un design follement original (c’est peu de le dire), l’ambiance effrénée provoquée par le rythme des balles qui pleuvent sur le joueur est magnifiée par une bande son de toute beauté – signée par Rafael Dyll (plus un morceau du Score Attack par Gryzor87). Celle-ci ne plaira à tout le monde mais ravira les nostalgiques des musiques futuristes et nébuleuses de l’époque Amiga – sans même parler de ces quelques notes en hommage à Namiki Manabu. Avant de devenir un véritable professionnel et de se faire connaître avec la saga SÖLDNER-X, Rafael Dyll s’était en effet penché sur le sort de sons mythiques, avec des remix de titres cultes, comme celui-ci, dédié à X-OUT. Dyll, quelque part et pour notre plus grand bonheur, c’est un peu le fils spirituel de Chris Hülsbeck. Alors les vaisseaux ennemis de GHOST BLADE HD ne sont pas particulièrement beaux et ils sont parfois recyclés plus que de raison ? Après tout qu’importe, tant que les musiques transportent… Surtout que sorti du niveau easy, très franchement, vous n’aurez pas le temps de décortiquer vos adversaires du regard – vous leur rentrerez dans le lard, les défoncerez de part en part en vous concentrant essentiellement sur leurs balles. Car à la moindre erreur, à la plus infime boulette, on en prend une – dans la tête.


Evil Shira des bulles…

S’il lui manque indéniablement ce petit supplément d’âme nécessaire pour passer à la postérité, ainsi qu’un véritable souffle épique, des surprises et de vrais boss qui piquent, GHOST BLADE HD n’en demeure pas moins un très bon shoot’em up et un vrai danmaku. S’il ne parvient pas à égaler les maîtres du genre et notamment KETSUI dont il s’inspire allégrement, il sait par contre se montrer complaisant à l’égard des joueurs les plus faibles : Hucast a enfin facilité l’accès à une catégorie de jeux pourtant réputée élitiste jusqu’au bout des ongles. Les manic shooters dorénavant, ce ne sera certes pas pour tout le monde… mais presque !

Note :

Par les temps qui courent, on aurait tort de faire la fine bouche. Si des shoot’em up voient toujours le jour à un rythme (presque) régulier, il faut aussi reconnaître qu’il s’agit souvent de portages/remaniements de titres déjà existants. Il convient donc, la plupart du temps, de se tourner vers les productions indépendantes pour avoir du vrai sang frais – et je ne parle pas nécessairement de celui qui suintera de vos doigts à force de manier le joypad en jouant à GHOST BLADE HD. S’il n’atteint pas le niveau des classiques du genre, GHOST BLADE HD n’en demeure pas moins un excellent danmaku avec une vraie bonne ambiance, un challenge intelligent et un gameplay très précis.

Vidéo du mode Score Attack (c’est votre serviteur qui est aux commandes) :

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