The Bunker (PlayStation 4, 2016)

THE BUNKER
Année : 2016 (2017 au format physique)
Studio : Splendy Games
Éditeur : Wales Interactive Ltd. / Limited Run Games
Genre : au chaud pour la guerre froide
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


Depuis que sa mère a été emportée par l’âge et la maladie, John est le seul survivant d’un imposant bunker, perdu dans une Grande-Bretagne ravagée par la guerre nucléaire. Né entre ces murs imprégnés de douleurs et de mystères, John n’a jamais vu le monde extérieur. Aura-t-il le courage de sortir, enfin ? Ou décidera-t-il de rester ici, à l’abri, avec suffisamment de vivres pour tenir encore une vingtaine d’années ? Des évènements particulièrement inattendus vont le pousser à prendre une décision.

Alors que le niveau technologique de nos machines à jouer atteint régulièrement des sommets insoupçonnés, il est étrange d’assister à la déperdition d’un genre vidéoludique à part entière : les jeux en Full Motion Video. Alors que ceux-ci faisaient fantasmer la Terre entière dans les années 90 – et ce malgré une qualité très pauvre et une compression effectuée à grands coups de pioche rouillée, force est de constater que le grand public a perdu goût pour ces aventures nimbées de cinéma… souvent de série B. Le manque d’interactivité de la chose étant, à juste titre, régulièrement pointé doigt, les jeux en FMV ont plus ou moins disparu du paysage vidéoludique. Pourtant un public existe pour ce genre d’expérience. Un public de niche, certes, aux accents résolument nostalgiques, c’est vrai, mais ayant aussi l’envie de se relaxer tout en jouant. On peut aimer les jeux hardcore et savoir aussi prendre le temps de s’asseoir confortablement dans un canapé en sirotant un café, tout en « jouant » à un film interactif. C’est là qu’intervient l’éditeur Wales Interactive, avec son catalogue de jeux FMV constitué de THE BUNKER, LATE SHIFT, THE INFECTIOUS MADNESS OF DOCTOR DEKKER ou encore THE SHAPESHIFTING DETECTIVE.

Mais attardons-nous d’abord sur le premier jeu, THE BUNKER, espèce de huis clos mystérieux à l’atmosphère oppressante aux discrets relents de survival horror post-apocalyptique, porté par un Adam Brown très convaincant (Ori dans la trilogie THE HOBBIT) et quelques seconds rôles corrects – dont un acteur vu dans GAME OF THRONES vu durant trois minutes de GAME OF THRONES. La grande force de THE BUNKER est immanquablement son ambiance poisseuse, ses couleurs lourdes qui pèsent littéralement sur nos épaules, sa musique stressante et cette performance d’acteur (que j’imagine peu évidente) qui permet au joueur de s’immerger totalement dans ce monde étroit constitué d’un bunker (réel, où fut tourné le jeu) au point que celui-ci finira par partager la psychose de John – et qu’il doutera donc de tout. John est-il fou ? Est-il seul ? Peut-il sortir du bunker ? Doit-il rester dans l’abri antiatomique ? Quel crédit apporter à ses flashbacks ? L’amour rime-t-il intentionnellement avec la mort ? Pour être parfaitement honnête, je dois aussi préciser que malgré tous les efforts du réalisateur, du directeur de la photo et des acteurs, on sent parfois poindre çà et là les écueils inhérents à un petit budget comme celui-ci. Difficile malgré tout de leur en vouloir, tant l’illusion fonctionne la plupart du temps – pour peu que vous ayez un minimum d’imagination, et d’empathie pour John.

Sur le fond, THE BUNKER propose une interactivité somme toute limitée. Quelques QTE, on pointe, on clique, de rares petits puzzles et énigmes (résolument simples), quelques game over absolument pas punitifs (on reprend quelques minutes avant), des objets cachés à récupérer et une aventure qui se suit finalement en pure ligne droite, sans jamais vraiment proposer de quelconques dilemmes – hormis à la toute fin. C’est là d’ailleurs le principal point faible du jeu : pas d’embranchements scénaristiques ni de choix impossibles à faire en un clin d’œil maladroit ou un souffle désespéré… Ce manque de profondeur se retrouve également après la fin de l’histoire, qui se boucle en 90 minutes environ : pas de sélection des chapitres pour faire la chasse aux (petits) secrets, ni de bonus d’aucun sorte – making of et anecdotes de tournages brillent par leur absence.

Outre un aspect historique réel (le jeu a été tourné dans le Kelvedon Hatch Secret Nuclear Bunker) permettant d’explorer, en surface, la psychose de la guerre froide, THE BUNKER constitue une aventure légèrement interactive agréable à suivre et à vivre, un trip sombre et prenant qui plaira sans nul doute aux vieux voyageurs de l’impossible à l’esprit vagabond, perdus quelque part entre l’univers des VHS usées et la galaxie des FMV.

Note :

Pas très long, peu interactif (on pointe, on clique, on lit, on effectue un QTE…), résolument simple et pouvant se boucler en ligne droite, THE BUNKER manque clairement de profondeur. On aurait aimé quelques embranchements scénaristiques, des dilemmes, peut-être davantage de secrets… Ce jeu tout en FMV n’en demeure pas moins attachant : il se suit, se vit avec intérêt. Son acteur principal est convaincant, et l’ambiance est le plus souvent oppressante – pour peu que vous ayez un peu d’imagination.

Images : PlayStation

Trailer :

2 réflexions au sujet de “The Bunker (PlayStation 4, 2016)”

  1. Plutôt d’accord dans l’ensemble. Mais là où cela devient vraiment intéressant c’est que le jeu est à moins de 5 euros sur le Ps store.
    Et du coup ça devient limite un inmanquable,surtout quand on aime ce genre en voie de disparition

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