Super Hydorah (PlayStation 4, 2017)

SUPER HYDORAH
Année : 2017 (2018 au format physique)
Studio : Locomalito / Abylight Studios
Éditeur : Abylight Studios / Limited Run Games
Genre : Hydorah monte en gradius
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


La Terre a reçu un appel de détresse en provenance d’une colonie basée à Ciclades. Une force étrange a commencé à envahir la zone, et a même pris le temps d’installer des défenses tout autour pour empêcher toute intervention extérieure. Afin de percer ces premières lignes de résistance, la Terre envoie un pilote de l’Unité 87 aux commandes d’un petit vaisseau, le Delta Lance, susceptible de passer à travers les pièges mécaniques et organiques disséminés çà et là. Les humains vont rapidement s’apercevoir qu’un tyran galactique est derrière cette attaque, et que sa puissance inégalée est, déjà, subrepticement ancrée aux quatre coins de l’espace. Mais un tyran qui lance une guerre contre des colonisateurs est-il véritablement un tyran ?

Avec son imagerie très 16 bits, son vaisseau et un système d’armement très reconnaissable, le développeur espagnol Locomalito ne trompe personne : son SUPER HYDORAH marche dans les pas de GRADIUS III, sorti sur arcade et adapté bon an, mal an sur Super Famicom. SUPER HYDORAH en reprend même certaines mimiques, non pas le sourire des moaï mais ces bulles immenses qui bloquent parfois l’écran, quelques morceaux de boss ainsi qu’une foultitude de détails profondément ancrés dans la mythologie de la série de Konami. Mais là où Locomalito a su une nouvelle fois faire preuve d’intelligence, c’est dans sa gestion de l’hommage : le développeur ne singe jamais totalement les GRADIUS. Il s’en inspire grandement, certes, mais c’est pour mieux s’en détacher, faire décoller son propre bébé pour, au final, sublimer une recette déjà bien établie et accoucher d’un vrai jeu « à la » Locomalito.

Tout d’abord un mot sur l’armement, essentiel dans un shoot’em up de qualité. Il est constitué de trois catégories : arme principale, secondaire et spéciale. L’arme spéciale est le plus souvent assimilable à une smart-bomb, que l’on peut récupérer via des pastilles abandonnées par certains ennemis – il y a des pastilles de vitesse, de bouclier et enfin d’arme spéciale. Les véritables armes, quant à elles, rappellent fortement les jouets de destruction massive de la série GRADIUS : Laser, tir multidirectionnel et bien d’autres pour l’arme principale, bombes, mines, Homing Missiles, modules entourant votre vaisseau pour l’arme secondaire. Des pastilles vertes augmentent la puissance de l’arme principale, des rouges pour l’arme secondaire – et c’est importantissime. Contrairement aux GRADIUS, ici l’arsenal doit être sélectionné avant de commencer un niveau – et au début, le choix est restreint. Il vous faudra en effet les mériter, ces faiseurs d’épaves. Chaque niveau terminé vous permettra en effet d’accéder définitivement à une nouvelle arme – sachant qu’il y a vingt-deux niveaux dont beaucoup de chemins optionnels particulièrement retors, l’appât du gain sera-t-il une source de motivation suffisante ?

Là où Locomalito fait aussi preuve de talent, c’est dans sa gestion des armes en question : elles sont toutes plus ou moins jouables à un moment précis – à part le Beam qui, à mon sens, est surtout là pour rendre hommage à R-TYPE. Le Wave qui traverse les décors vous rendra bien des services dans un niveau bien particulier, le Laser est un peu l’assurance tous risques (avec des plans qui se déroulent souvent sans accrocs ?), le Vulcan fait mal et le Wide, qui essaime ses graines de mort un peu partout dans l’écran, plaira sans doute à de nombreux joueurs. Idem concernant les armes secondaires, puisque si les modules remporteront la majorité des suffrages, les Homing Missiles ne seront pas à ranger au hangar pour autant ! Le gameplay s’en retrouvera alors modifié du tout au tout, et comme Locomalito a bien peaufiné la chose, plusieurs écoles sont possibles : les modules plus le Laser, les modules associés au Wide (ça tire partout et n’oubliez pas que les modules peuvent aussi servir de bouclier !), le Vulcan plus simple à manier ou bien les Homing Missiles pour lesquels j’ai beaucoup d’affection – mais qui offrent moins de sécurité.

Un gameplay particulièrement fin, encore sublimé par une maniabilité nimbée de modernité – hitbox un peu plus permissive qu’à l’accoutumée et stick analogique ayant une incidence sur la vitesse. Quant au level design, il a été pensé pour mettre les armes et l’intelligence des joueurs en valeur. Faisant surtout appel aux réflexes et à une certaine anticipation naturelle, SUPER HYDORAH ne se veut pas injuste. Certes, pour vaincre sans utiliser trop de continus il vous faudra mémoriser pas mal de choses, mais il est aussi tout à fait possible de s’amuser sans verser abondamment dans le par cœur. Quant aux niveaux, au bestiaire et aux boss, ils sont tellement beaux, riches et inventifs que je ne sais pas trop par où commencer pour les décrire… Oui, malgré l’hommage et les emprunts à GRADIUS, avec Locomalito l’originalité est toujours en ligne de mire ! Les secrets, le scoring et les musiques de Gryzor87 (ma préférée : Path of Scylla) se chargeant alors d’enfoncer le clou sur le cercueil du joueur transi – le pauvre, son petit cœur de retrogamer pourtant endurci n’aura pas résisté face à une telle avalanche de plaisirs vidéoludiques purs… et durs ! Oui, attachez votre ceinture car SUPER HYDORAH n’est pas si simple, c’est un jeu qui se mérite. Mais face à ce GRADIUS VI officieux, je vois mal des joueurs issus des années 80 et 90 baisser les bras. En avant, amis pilotes pixelisés de l’impossible : sus à l’ennemi ! Oubliez les danmaku pour un temps et profitez de cet espace en voie d’extinction : le shoot’em up en 2D et à l’ancienne !

Note :

SUPER HYDORAH est une véritable pépite de l’espace, une météorite… non une étoile filante, un nouveau GRADIUS quasiment inespéré ! Il fait merveilleusement bien tout ce qu’il entreprend afin de plaire à un public bien précis – à l’heure des jeux hyper réalistes, des FPS et des titres massivement multijoueurs, SUPER HYDORAH paraitra en effet bien désuet à une bonne partie des joueurs – c’est sans doute pour cela que des sites comme GameKroute, GameBlague et Jeuxvidéo.comédie n’ont même pas daigné le tester. Les autres, nostalgiques des shoot’em up à l’ancienne, seront absolument ravis, que dis-je : au septième ciel planant bien au-delà de la stratosphère aux commandes de leur vaisseau spatial aux délicieux relents de Vic Viper. Hommage à GRADIUS, certes, mais aussi moderne et particulièrement original : SUPER HYDORAH réussit le tour de force d’être tout cela à la fois.

Images : PlayStation

Trailer :

 

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