BATMAN
Titre alternatif : Batman: The Video Game
Année : 1989
Studio : Sunsoft
Éditeur : Sunsoft
Genre : I’m Batm… euh, I’m Oli!
Joué et testé sur Famicom
Support : cartouche
Dans les rues si sombres de Gotham City, le crime a désormais un visage… et un sourire ! À la tête d’une armée de malfrats et de robots, le Joker fait en effet régner la terreur. Heureusement, Batman veille. Le héros de Gotham se décide à mettre un terme à la folie dévastatrice du Joker. Pour cela, il lui faudra débusquer l’intéressé sur son propre terrain : loin du strass et des paillettes du gratin de la ville, et plus proche du stress et des palettes d’usines glauques et de dangereux entrepôts. Grâce à sa souplesse et à sa cape, véritable concentré de technologies de pointe, Batman pourra grimper et franchir de nombreux obstacles inatteignables pour le commun des mortels. Ses armes, enfin, lui seront d’un grand secours : batarangs, batgun ou batdisks (qui volent trois par trois). Parviendra-t-il jusqu’au sommet de l’imposante cathédrale de Gotham City, pour un duel final et musclé contre son grand rival trop maquillé ?
Les deux BATMAN de Tim Burton figurent toujours, selon moi, dans le Top 5 des meilleurs films de super héros de tous les temps – avec quelques longs métrages de Sam Raimi et de Christopher Nolan pour compléter ce classement qui fait fièrement la nique à tout le MCU. Si Batman est sans aucun doute le héros le mieux représenté au cinéma, qualitativement parlant j’entends, il est également celui qui a su le mieux tirer profit du média vidéoludique. C’est bien simple : il y a tellement de bons jeux Batman qu’il est impossible de tous les citer. Et leur succès critique et public ne date pas des productions Rocksteady. Déjà sur Amstrad, Famicom, Amiga, ST, PC Engine, Super Famicom et Megadrive, les joueurs en culottes courtes moule-bite noir ont connu les joies et le privilège d’incarner le héros masqué à la sauce DC pixelisée. L’un des meilleurs titres de l’époque 8 bits est sans aucun doute BATMAN, sur Famicom, tiré du premier film de Tim Burton. Enfin « tiré » est un bien grand mot. Sur Amiga par exemple, c’était plus fidèle. Là, chez Nintendo, à part la présence du super héros imaginé par Bob Kane et Bill Finger, ce sont surtout les jolies cutscenes qui rappellent le film de la Warner.
Sur le fond, BATMAN relève donc bien plus du jeu purement japonais, que du cinéma hollywoodien. Avec Sunsoft à la barre de toute manière, ce n’est pas une surprise : BATMAN est une grande réussite dans le genre platformer mâtiné d’action… même s’il demande un petit temps d’adaptation. Le wall jump, d’une importance capitale pour progresser, devra être rapidement maitrisé. Les décors, que je trouve magnifiques dans des tons sombres et pastel délavés rappelant les acides racines de Gotham City, ne sont pas si simples à appréhender au début : certains arrière-plans pouvant être confondus avec des plates-formes. L’arsenal de Batman, enfin, est résolument simple à manier – trois armes de jet dont on change en appuyant sur Start. Mais on a tendance à vouloir économiser les « munitions » (batarang, etc.) en utilisant davantage nos poings. Ce qui revient à se compliquer la vie dans les niveaux à la difficulté plus relevée. En réalité, il est tout à fait possible d’accumuler un nombre impressionnant de batarangs en faisant un brin de farming, et donc de les envoyer voler à l’envi !
Une fois les petites subtilités du jeu domptées, vous vous rendrez compte que celui-ci n’est pas très difficile. Surtout, chacun peut progresser à son rythme : ici pas de chrono assassin, on peut prendre notre temps, attendre qu’un ennemi fatal dépasse d’un millimètre de l’écran pour le truffer de batarangs, avancer tranquillement, au contraire slalomer entre les ennemis écervelés, ou encore revenir sur nos pas pour tenter de tuer à nouveau du menu fretin et ainsi, peut-être, récupérer quelques précieux points de vie. Les niveaux sont vraiment beaux je trouve, avec leurs teintes métallisées, ces engrenages joliment animés, leurs ombres dévorantes, les gouttes acides comme une purple rain assassine… De plus le level design est réussi. On aurait certes apprécié des secrets et un poil plus de variété, mais qu’ils sont imposants, ces nombreux chapitres construits dans la verticalité !
Le seul vrai défaut du jeu, si on met de côté certains détails inhérents au genre et à la fin des années 80 (ennemis pas malins, certains passages au pixel près…), relève selon moi du duel final. Oui, oui, contre le Joker. Je trouve l’affrontement en question assez fouillis, les patterns et hitbox ne sont pas très clairs et le bougre fait mal, très mal ! Et en cas d’échec, c’est l’entier dernier niveau qu’il faut se retaper dans la foulée ! Heureusement, celui-ci est particulièrement facile. Non bien sûr, je plaisante, c’est une mauvaise blague digne du Joker : il est très dur ! Préparez-vous donc à maudire votre joypad, à détester les soldats armés de lance-flammes placés aux pires endroits possibles, et à donner aux engrenages tous les noms d’oiseaux imaginables. Honnêtement, je ne suis jamais parvenu à vaincre le Joker autrement qu’en bourrinant et en priant le sacrosaint dieu du pixel…
L’ensemble demeure d’excellente qualité. On est ici dans le haut du haut du panier de l’action/plateforme. Très maniable (avec hauteur des sauts modulable), beau et doté de musiques entrainantes, ce BATMAN possède indéniablement une gueule d’atmosphère : son ambiance est quasi unique, ses screenshots reconnaissables entre mille. Avec BATMAN, les studios sortent donc l’artillerie lourde et font feu de toutes parts : la Warner brosse le spectateur dans le sens du poil, et Sunsoft en rajoute une cartouche… 8 bits !
Note : Nostalgie :
BATMAN, sur Famicom, est un classique du genre et de l’époque 8 bits. Tout le monde le connaît mais ce n’est pas une raison pour ne plus en parler, pour taire ses qualités. Certes, quelques joueurs risquent de trouver que certaines de ses mécaniques ont un peu mal vieilli, en particulier s’ils ne sont pas retrogamers dans l’âme et/ou s’ils n’ont pas connu le gameplay et les challenges dans les jeux vidéo des années 80. Mais BATMAN et tellement beau et tellement maniable qu’il serait injuste qu’il tombe dans l’oubli durant les décennies à venir.
Images : thewellredmage