Dead Space: Extraction (Wii, 2009)

DEAD SPACE: EXTRACTION
Année : 2009
Studio : Visceral Games / Eurocom
Éditeur : Electronic Arts
Genre : arcade… Wii mais non
Joué et testé sur Wii
Support : disque optique


Une équipe de foreurs a trouvé un drôle de monolithe rouge, sur la colonie minière Aegis VII. Ils l’ignorent encore, mais à la suite de cette découverte étrange les évènements horribles vont se succéder… pour se propager jusqu’au vaisseau Ishimura, placé en orbite autour d’Aegis VII. Les colons vont tout d’abord faire des crises avant de… paniquer, hurler… devenir fous à lier ? Les premiers monstres vont alors être découverts avant de se multiplier… et de se révéler particulièrement agressifs.


Si la franchise DEAD SPACE a bien fait naufrage, quelque part entre un trou noir et une supernova perdus dans le vide de l’espace, les joueurs n’ont pas oublié. Non, ils n’ont pas oublié le studio Visceral Games qu’Electronic Arts a démantelé à la suite de plusieurs prétendus revers – dont, dit-on, les ventes de DEAD SPACE 3 inférieures aux prévisions des pontes du géant américain, ces champions du profit à tout prix qui ont bien plus de dollars que d’étoiles et de pixels dans les yeux. Et les ampoules qu’ils ont aux doigts, ce n’est pas pour avoir abusé du joypad – il y a belle lurette qu’ils ne jouent plus. Non, c’est plutôt à force de compter leurs billets verts – qu’est-ce que vous étiez allé imaginer ?!


DEAD SPACE, c’est donc cette franchise fantastique qui fit un bien fou au genre action/survival horror. Un premier épisode dantesque, absolument inoubliable, qui nous a tous pris aux tripes – au sens propre, avec ces horreurs décharnées voire squelettiques ayant réveillé en nous des peurs ataviques. Puis il y eut une suite, extrêmement réussie, penchant encore plus vers l’action (peut-être trop ?), s’inspirant notamment de BIOHAZARD 4. Vint enfin le temps des dérapages. Plus ou moins contrôlés avec DEAD SPACE 3 (dont les erreurs semblent porter le sceau maléfique d’EA) ou résolument incontrôlés avec DEAD SPACE MOBILE (iPhone, etc.). Et il y eut un certain DEAD SPACE: EXTRACTION… sur Wii, en 2009 (plus tard sur PlayStation 3).


Avec l’aide d’un studio britannique, Visceral Games a donc fait le pari de transformer sa franchise phare en rail shooter. Une idée lumineuse (phare > lumière > humour) et qui permet à DEAD SPACE de briller de mille feux sur Wii – une console assez pauvre techniquement parlant, mais riche en émotions et en réactivité grâce à une Wiimote qui se prête idéalement au genre. Mieux : Visceral a su transposer tout ce qui faisait l’ADN de sa saga, à savoir ces monstres reconnaissables entre mille, les armes assez uniques (puisqu’il faut souvent découper), l’histoire (il s’agit d’une préquelle avec quelques surprises), l’ambiance et… la tension. Oui, en plus d’être un vrai rail shooter, DEAD SPACE: EXTRACTION se permet le luxe de reprendre à son compte ce qui fait le bons jeux de survival horror/action : il faut faire attention à nos munitions, choisir les bonnes armes au bon moment, et l’atmosphère est parfois à tailler au cout… euh au plasma-cutter ! On déambule dans de sombres conduits étroits, certains puzzles sont à compléter en temps réel (on peut être attaqué pendant que l’on répare un circuit !), on essaie de viser les points faibles de créatures cauchemardesques mais on finit, la main tremblante, par tirer au jugé, on est pris en chasse à travers différentes salles, on sursaute, on panique à plusieurs reprises quand le crowd-control commence à nous échapper…


DEAD SPACE: EXTRACTION n’est pas parfait, puisque le mélange des genres (rail shooter et survival horror) est tout autant une force qu’une faiblesse – le jeu essaie de mettre en place une ambiance, une tension palpable et un poids réel sur les frêles épaules du pauvre joueur, pareil à un Atlas écrasé par la masse d’un monde ici désarticulé. Et ça marche ! Mais ces séquences d’exposition, faites de discussions et de moments plus calmes (pour mieux surprendre quand le rythme s’emballe) risquent de déplaire à un certain public. Surtout, il est impossible de zapper ces nombreuses scènes, même quand on refait un niveau pour la deuxième ou troisième fois – pour dénicher des secrets, ou pour améliorer notre score (et indirectement notre RIG). Logique à mon sens, puisque cela sert l’ambiance, et qu’il faut malgré tout rester attentif en toute circonstance puisqu’un secret est susceptible de se cacher dans l’un des recoins de l’écran à tout moment (à vous de le récupérer en usant de la télékinésie).


Si DEAD SPACE: EXTRACTION n’est donc pas parfait, il a le mérite de jouer une carte différente de celles des autres rail shooters. Presque unique ? En tous les cas particulièrement intéressante : pour moi le mélange des genres a fonctionné. Pris aux tripes lors des séquences de frousse. Pris par les tripes durant les phases d’action. Mais littéralement, j’entends, tant les monstres peuplant l’espace et les coursives de DEAD SPACE prendront un malin plaisir à triturer vos chairs autant que vos nerfs. Bien que globalement moins nerveuses que dans les meilleurs jeux du genre sur Wii, les séquences d’action de DEAD SPACE: EXTRACTION demeurent très bonnes : du rail shooter à l’état pur, avec les feintes propres à l’univers de DEAD SPACE. Ainsi les démembrements chirurgicaux au plasma-cutter ou plus radicaux au line gun vous permettront de terrasser vos adversaires plus rapidement – et en gaspillant moins de munitions. La télékinésie peut également être utilisée en combat, et la stase est bien évidemment aussi de la partie : vous pourrez ralentir les monstres si vous visez bien. Attention, improbable héros, car votre jauge se recharge moins vite en stase qu’un coureur du Tour de France en EPO ! Visez donc, et visez bien ! Les armes enfin, sont l’une des autres réussites du jeu. Outre celles qui permettent de découper dans la chair fraiche ou dans les os pulvérulents, et qui donnent tout son sel à DEAD SPACE, les autres ne sont pas à négliger pour autant – certains adversaires seront en effet plus sensibles au lance-flammes (bien pour le crowd-control), voire à la mitrailleuse lourde pour les plus mobiles. Au total, dix armes sont disponibles, la plupart à dénicher quelque part dans les niveaux… Mais vous ne pourrez pas en transporter plus de quatre à la fois. Cerise sur le gâteau disloqué : chacune des armes peut être améliorée tout en proposant un tir principal et un secondaire, souvent plus destructeur mais plus difficile à placer. Perle assassine en cas d’échec, ou séraphine en cas de succès, le reload à la volée est également au programme – attention aux gouttes de sueur, au mauvais timing, au pipi du stress en apesanteur !


Imparfait mais diablement attachant, DEAD SPACE: EXTRACTION est définitivement un rail shooter à part, une aventure acide dont vous ressortirez avec les mains moites, et les yeux plein d’étoiles… et de petits bouts de chair arrachées. Mais c’est un détail.

Note :

Entre rail shooter réussi et survival horror assumé (avec ses moments de calme avant la tempête), DEAD SPACE: EXTRACTION est, malgré ses imperfections, un titre immanquable sur Wii et PlayStation 3. Une foultitude de secrets, des armes variées et impressionnantes, l’ADN de la franchise d’EA qui n’est pas trahi et la possibilité de jouer à deux en coopération : sensations garanties ! Pour finir sur une note informative, sachez que DEAD SPACE: EXTRACTION fut le seul jeu de la franchise à être édité sur consoles au Japon… pour d’obscures raisons de censure. Cet excellent jeu américain a donc frappé le marché japonais par surprise et sur le tard… à la manière d’une perle à rebours ?

Trailer :

 

 

 

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