Dead Space 3 (PlayStation 3, 2013)

DEAD SPACE 3
Année : 2013
Studio : Visceral Games
Éditeur : Electronic Arts
Genre : EA mérite une bonne paire de clarke
Joué et testé sur PlayStation 3
Support : Blu-ray


2514. Isaac Clarke vit dans un traumatisme constant, ce qui l’a forcé à s’éloigner d’Ellie. Alors qu’il rumine sa peine dans l’une des grandes cités construites sur la Lune, il est contacté par le capitaine Robert Norton et le sergent John Carver. Ceux-ci ont besoin d’Isaac pour retrouver Ellie, portée disparue durant une mission cruciale autour de Tau Volantis, une planète plongée dans un hiver constant. Isaac va accepter, mais son départ de la colonie lunaire ressemble plutôt à une fuite : un unitologue fou, Jacob Danik, active un monolithe et déchaine l’horreur nécromorphe sur le satellite naturel de la Terre.

Les déboires d’une série assoiffée de succès, qui s’est réveillée avec la gueule de bois après les ventes frileuses de son troisième épisode. Un accident industriel qui scella définitivement le sort de l’une des meilleures franchises d’action/survival horror. Mais ne nous trompons pas de cible : dans cette histoire, le studio Visceral Games me semble être une victime collatérale plutôt que le triste bourreau – un rôle qui n’est pas de composition pour Electronic Arts, éditeur aux dents longues n’hésitant pas à couper des têtes lorsque celles-ci ne lui conviennent plus, quand elles ne rapportent plus. Du moins pas autant qu’escompté. En l’occurrence, on peut légitimement penser que les changements opérés sur DEAD SPACE 3 ont largement été « suggérés » par les pontes d’EA, ces économistes et marketeux enfermés dans leur tour d’ivoire aux relents aurore quand les joueurs, eux, rêveraient plutôt d’horreur. Qu’il est triste, donc, de voir les principes de cette superbe franchise se déliter, purement et simplement sacrifiés sur l’autel de l’appât du gain : faire de DEAD SPACE une saga plus bourrine pour attirer les joueurs égarés sur d’autres FPS et TPS ; ajouter un système de craft et des microtransactions ; proposer la fin de l’aventure en DLC ; injecter un jeu en coopération en ligne ; rendre les ennemis plus solides et plus rapides (pour pousser les joueurs à crafter, pour obliger les gens à tirer au jugé au fusil à pompe ?). Mon dieu oui, que c’est triste.

Pourtant le jeu n’est pas mauvais pour autant. DEAD SPACE 3 est techniquement magnifique, l’aventure est ponctuée de missions optionnelles bien pensées si vous souhaitez prolonger le plaisir, certaines séquences fonctionnent vraiment (la descente en rappel, quelques moments à l’ancienne, presque orgasmiques) et les passages qui tordent le cou au huis clos pour plonger le joueur dans un univers de glace sont du plus bel effet, ça change un peu – même si, hum, quelques plans rappellent beaucoup trop UNCHARTED 2… Enfin, les missions en coopération n’empiètent aucunement sur le déroulement du jeu solo – il faut les voir comme un bonus sympa pour celles et ceux qui aiment jouer à deux. Oui, mais… comme je l’ai déjà précisé, la plupart du temps DEAD SPACE 3 est beaucoup trop bourrin. Oubliez le plasma cutter : ici pas le temps de démembrer, on tire au jugé. Mitraillette+fusil à pompe est le combo parfait pour progresser sans trop transpirer. Par chance cette arme était incluse dans mon édition limitée (moins de 10 euros en 2019, personne n’en voulait je pense), ce qui m’a évité de perdre mon temps sur le crafting – odieux, auquel je n’ai pas compris grand-chose d’ailleurs. Si j’ai envie de construire des trucs, j’achète des Legos, pas DEAD SPACE en jeu vidéo.

Si l’ambiance est souvent réussie, si on ressent bien la lourdeur des pas du héros et si notre moral plie parfois sous l’haleine fétide des nécromorphes, il faut aussi avouer que ces moments glauques sont largement surpassés en nombre par des séquences incongrues au possible, grotesques, énervantes. Nulles. Que l’on se retape ad nauseam. Les développeurs submergent le joueur de monstres en tous genres, on se prend des coups gratuits par dizaines, quand parfois Visceral pousse le vice de la valse assassine (sans tutu mais avec gants de boxe) à plonger Isaac Clarke au sein de joutes mélangeant des soldats humains avec des monstres ventrus. On se fait alors charger par des nécromorphes hyper rapides, on doit éviter des grenades et les tirs de mercenaires de l’espace, et moi je laisse tomber ma manette et pousse les jurons les plus fleuris de l’univers connu. Tout le contraire d’un jeu bad-ass, car le moteur de DEAD SPACE n’est pas fait pour ça. Les joueurs de DEAD SPACE n’attendent pas ça.

Dans l’espace, dit-on, personne ne vous entend crier. Faux. Isaac Clarke, toujours coincé quelque part en apesanteur dans l’épave de DEAD SPACE 3, n’a toujours pas fini d’insulter les pontes d’EA. Et l’écho de sa complainte résonne encore…

Note :

DEAD SPACE 3 n’est pas un mauvais jeu, mais le cap vraisemblablement imposé par Electronic Arts à Visceral Games dénature profondément la franchise, la vidant même, par moments, de sa substantifique moelle. Le problème majeur vient d […]

[la fin de cette review est disponible en DLC contre un virement de 3 euros sur mon compte PayPal]

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