DEAD DANCE
Titre alternatif : Tuff E Nuff
Année : 1993
Studio : Jaleco Entertainment
Éditeur : Jaleco Entertainment
Genre : petits et gros rats de l’opéra
Joué et testé sur Super Famicom
Support : cartouche
Jado règne d’une main de fer sur un monde brisé par le désastre nucléaire. En 2151, seuls les plus puissants ont une chance de s’en sortir. Sûr de sa force et touché par la folie des grandeurs, Jado fait construire une gigantesque tour au sommet de laquelle il entend régner sans partage. Il organise également un tournoi d’une violence inouïe : quiconque viendrait à bout de ses fidèles lieutenants aurait alors l’immense privilège de l’affronter, au plus près des nuages baignant dans un air pestiféré.
Quatre héros souhaitent relever le défi. Mais un seul d’entre eux pourra participer… Ils devront donc se battre pour désigner le meilleur du groupe, et enfin partir à l’assaut de la tour sombre… Syoh et Zazi se connaissent depuis longtemps, et ont semble-t-il un petit compte à régler… Kotono, une Japonaise élevée dans les arts du ninjutsu, entend bien venger son père, assassiné par Jado. Vortz enfin, est un imposant colosse dont les motifs demeurent incertains… Il serait à la recherche d’une personne très particulière.
Dans ma jeunesse, je dois reconnaître avoir pris goût aux baffes. Enfin… celles distribuées à mes adversaires, cela va sans dire. Je me souviens avoir passé des heures sur de vieux jeux de Versus Fighting, comme YIE AR KUNG-FU, IK+, BARBARIAN et enfin et surtout le mètre-étalon en la matière, à savoir STREET FIGHTER II sur Super Famicom. À cette époque je me débrouillais bien. J’avais un bon niveau, oui. Ce qui m’a amené à essayer pas mal d’autres jeux du même genre : RANMA ½, DEAD DANCE, FATAL FURY, etc. Puis je ne sais plus trop quand ça a commencé, mais à la manière d’un voleur de petits pains appréhendé sur un marché de Bagdad, j’ai perdu la main. Les Versus Fighting devenaient trop techniques pour moi, je n’étais sans doute pas fait pour ça. À cet égard, mes retrouvailles avec la série de Capcom et STREET FIGHTER IV sur PlayStation 3 furent assez douloureuses. Il fallait me rendre à l’évidence : je n’avais pas la patience (ni la technique ?) pour maîtriser de tels jeux – chacun sa came comme on dit… et non pas chacun sa canne, je t’ai entendu toi, salaud de petit jeune !
Bref vous l’aurez compris : je ne suis pas un spécialiste du genre Versus Fighting. J’aime au contraire quand ces jeux sont accessibles, permettant à chacun d’éprouver un plaisir immédiat. Allez-y, défoulez-vous, bombardez-moi de noms d’oiseaux 2.0. : noob, frag facile, joueur du dimanche et du lundi aussi, allez jusqu’au bout ! Mais j’assume : les jeux trop techniques m’assomment, et c’est sans doute pour ça que j’aime, parfois, rembobiner le film de ma vie pour retrouver des joutes pixelisées en 16 bits… quand les combos ne se comptaient pas encore par centaines, quand les corbeaux n’en profitaient pas pour nous abreuver d’insultes, vaines . DEAD DANCE est de ceux-là : un jeu de combat relativement simple, reprenant STREET FIGHTER II dans les grandes largeurs – mais sans le talent propre aux équipes de Capcom. Animations un brin hachées, quelques petits ralentissements, peu de personnages jouables et des coups repris de STREET FIGHTER II : Syoh et Zazi sont des clones de Ken et Ryu et se jouent sensiblement de la même façon, Kotono a des petits airs de Chun-Li quand Vortz pourrait être assimilé à Zangief. Rien d’extraordinaire en somme, surtout qu’ici la manière de sortir la plupart des coups spéciaux est différente de STREET FIGHTER II – tant mieux dans un sens mais c’est aussi, je trouve, moins intuitif.
Alors pourquoi est-ce que j’ai autant d’affection/infection pour DEAD DANCE ? Tout d’abord parce que le jeu a indéniablement du charme. Son ambiance post-apocalyptique très inspirée de HOKUTO NO KEN est géniale, et de nombreux décors animés valent le détour – quand ce n’est pas la mise en scène qui frappe : l’arrivée de Dolf est superbe, par exemple. Les musiques sont sympas et les personnages collent bien à cet univers au parfum nucléaire, peuplé de miasmes mortifères. Danse mortelle, ballet fatal, valse assassine… Oui DEAD DANCE porte bien son titre et se révèle particulièrement cruel : le visage des protagonistes évolue au fil du combat, pour éventuellement finir tuméfié, et ensanglanté ! Autre mécanique intéressante : à mesure que vous progressez dans le mode story, votre personnage gagne en puissance, et ses coups spéciaux font de plus en plus de dégâts – un détail à ne pas négliger contre le boss final qui fait mal… même en mode normal. Enfin, DEAD DANCE propose également une option ralenti à la fin de chaque combat. Une fonction gadget, certes, mais à laquelle on finit par prendre goût !
Sur le fond DEAD DANCE se joue donc peu ou prou comme un STREET FIGHTER II. Syoh et Zazi sont les personnages les mieux équilibrés. Leur Hadoken est d’une importance capitale et leur Shoryuken fait maison fait… mal ! Il sort facilement et permet de contrer au bon moment, tout comme le Lightning Cross, plus statique cependant. Kotono est un personnage également bien équilibré, et particulièrement vif : elle possède aussi une attaque à distance, ainsi qu’une espèce de Tenshoukyaku qui permet de faire le ménage défensif (importantissime dans DEAD DANCE) et une charge vers l’avant pour mettre une pression constante sur l’adversaire. Vortz est le gros lourd du groupe (dans tous les sens du terme puisque c’est le seul qui ne parle pas, il maugrée…), et j’ai toujours eu beaucoup de mal avec lui – surtout que les projections ne sortent pas facilement, je trouve. Bonne chance avec ce catcheur du futur, dans le dur contre des adversaires qui n’hésiteront pas à multiplier des attaques à distance (vous perdez de l’énergie même en bloquant) pour vous obliger à vous rapprocher, et qui vous puniront d’un geste défensif simple et destructeur une fois arrivé à leur portée.
DEAD DANCE est un jeu de Versus Fighting mineur, cela va sans dire, et il fait pâle figure face à STREET FIGHTER II dont il s’inspire outrageusement. Clone éhonté, à moitié pardonné ? Cela dépendra de votre propension à fermer les yeux sur certains défauts, pour vous focaliser sur les qualités du titre. Pour ma part la simplicité de DEAD DANCE m’a toujours plu, et son ambiance post-apo particulièrement violente m’a marqué à jamais : ce jeu, ses mélodies et ses gouttes de sang me trottent dans la tête depuis 1993, c’est dire ! Seul, le story mode est sympa, et à deux le plaisir est immédiat ! Concernant les différentes versions de DEAD DANCE, privilégiez la cartouche japonaise. En Occident le jeu a été censuré (les visages blessés…) et les épilogues propres à chaque personnage quand on termine le jeu au moins en normal, ont tout simplement disparu ! Toujours au Japon, un cheat code permet de débloquer les boss comme personnages jouables, mais il nécessite deux manettes – je n’ai pas pu essayer, n’en possédant plus qu’une… Cela fait d’ailleurs aussi partie des étrangetés de DEAD DANCE… Uniquement quatre personnages sélectionnables (dont deux identiques), et un cheat code tordu pour incarner les boss. Rances. Incongrus. Mais diablement attachants, ces quelques pas de décadanse.
Note : Nostalgie :
Si DEAD DANCE n’est pas un très bon jeu, si objectivement il fait même de la peine quand on le compare à STREET FIGHTER II, le soft de Jaleco parvient toutefois à se démarquer de la concurrence (entendez par là : les clones de STREET FIGHTER) en proposant une atmosphère post-apo du tonnerre, un mode story très sympa et quelques détails qui lui sont propres – enfin… propres… c’est vite dit quand on parle de taches de sang !
Vidéo d’époque :