Fiendish Freddy’s Big Top O’Fun (Amiga, 1989)

FIENDISH FREDDY’S BIG TOP O’FUN
Année : 1989
Studio : Gray Matter
Éditeur : Mindscape
Genre : Freddy sort les griffes !
Joué et testé sur Amiga
Support : disquettes


Votre cirque est au bord de la banqueroute ! Si vous ne parvenez pas à rassembler 10000 dollars dans les prochains jours, le chapiteau sera rasé pour être remplacé par des gratte-ciels et des fast-foods ! Pour cela, il vous faudra plaire aux spectateurs mais surtout aux juges infâmes qui ne manqueront pas la moindre occasion pour vous descendre en flèche. Mais attention : pour mettre toutes les chances de son côté, le diabolique banquier à l’origine du grand projet immobilier supposé remplacer votre cirque a envoyé l’un de ses sbires, le clown Freddy, pour vous mettre des bâtons dans les roues !

En 1989, c’est sous le plus grand chapiteau du monde informatique que les choses sérieuses se déroulaient, à savoir la tente colorée de l’Amiga, qui brillait de mille feux et faisait plier la concurrence. Ne cherchez pas : les versions Atari ST, PC et a fortiori Amstrad CPC de FIENDISH FREDDY’S BIG TOP O’FUN ne soutenaient pas la comparaison avec celle concoctée pour la Rolls des ordinateurs personnels 16 bits de l’époque, à savoir l’Amiga 500. Animations plus léchées et plus rapides, graphismes splendides et musiques absolument sublimes. La messe était dite : amène l’Amiga chez moi, car c’était bel et bien le roi de la piste aux étoiles ! Même si… Même si le joueur paiera au prix fort le revers de la médaille de l’excellence technique… Comme un clown triste qui roderait et qui s’apprêterait à nous gâcher la fête. Mais j’y reviendrai.

FIENDISH FREDDY’S BIG TOP O’FUN est un jeu multi épreuves se déroulant dans un cirque, et constitué de six numéros tous très différents. Le jeu solo nous impose d’exécuter les numéros successivement et le plus efficacement possible afin de plaire à des juges plutôt… excentriques – leurs réactions sont hilarantes. Plus ils seront satisfaits de notre performance, plus on engrangera de l’argent. Pour sauver le cirque de la banqueroute, il faudra rassembler au moins 10000 dollars au total. Il est également possible de jouer à plusieurs, à tour de rôle, et on tente alors de réaliser des scores supérieurs à ceux de notre adversaire du jour – mon frère à l’époque, et on s’était bien marrés à se tirer ainsi la bourre ! Oui vraiment, on rigolait à pleines dents – si blanches, alors. Le jeu est en effet vraiment drôle, voire carrément hilarant, empruntant beaucoup à l’imagerie et au sarcasme de Tex Avery – personnages hyper expressifs, gags surprenants et parfois vraiment irrévérencieux : le clown qui jongle avec un bébé, la trapéziste qui s’écrase en cas de mauvais saut, le funambule qui peut mourir coupé en deux, etc. L’humour noir, parfois bête et méchant (dans le bon sens du terme) fonctionne à plein régime, et le jeu regorge de détails géniaux, parfois bien cachés – ce n’est ainsi que trente ans plus tard que j’ai découvert l’identité du lanceur de couteaux, qui touche presque aussi souvent son assistante que les cibles (et pour cause !). FIENDISH FREDDY’S BIG TOP O’FUN serait donc un jeu à mourir… de rire ?!?

Le plongeon (saut de l’ange dans le jardin du diable).
Imaginez un peu : dans un premier temps, vous devrez terminer votre plongeon dans une bassine… puis dans un seau et enfin dans un… mais je vous laisse imaginer la suite ! C’est drôle à s’en décrocher la mâchoire. Durant le plongeon, vous devrez également exécuter certaines figures (hilarantes pour la plupart) à l’aide d’une direction de votre joystick et du bouton fire (voici la liste). En cas d’erreur, le méchant clown Freddy surgira pour vous faire dévier de votre trajectoire. Attention à l’atterrissage forcé !

Le jonglage (c’est d’la bombe).
Il s’agit du numéro que j’aime le moins. Le seul où la maniabilité est, à mon sens, quelque peu faisandée. Certes on a droit à quatre erreurs (faire tomber quatre objets), mais c’est beaucoup trop dur et pas vraiment intuitif, surtout à partir du niveau 2 – le méchant Freddy vous balancera des missiles à intervalles réguliers (pas le droit de les faire tomber sous peine d’explosion), voire des bombes dont la mèche est allumée (à renvoyer illico presto – haut et bouton fire) et des… bébés ! Mais ceux-là ouf, on a le droit qu’ils nous glissent des mains. Je me demande si un tel numéro pourrait passer dans un jeu vidéo de nos jours !

Le trapèze (attention à la chute – de reins ?).
Trois niveaux qui sont en fait trois parcours d’obstacles vraiment retors. Le souci principal vient du fait qu’il faut se lancer dans le vide pour rattraper le trapèze suivant quand on arrive au sommet de notre amplitude – autrement c’est le drame : on s’écrase des dizaines de mètres plus bas, avec gros plan sur le visage de notre trapéziste, horrifiée ! Le numéro devient rapidement très difficile, avec des cercles en papier à franchir voire des… cerceaux en feu à traverser en évitant les flammes. Le timing est diabolique.

Le lancer de couteaux (la lame à l’œil).
Un numéro moins stressant que les autres, mais en réalité tout aussi difficile. Trois niveaux constitués en fait de trois roues qui tournent et dont il faudra faire péter tous les ballons – en évitant les formes de votre jolie assistante. Ici, tout est une question de timing – mais avec la roue qui tourne, le tout petit décalage entre le lancer et le moment où le couteau arrive sur sa cible et les bombes lancées par Freddy, moi parfois les couteaux je les utiliserais plutôt pour crucifier ce clown sadique !

Le numéro de funambule (sur le fil du rasoir – mais littéralement).
Question d’équilibre : il faudra constamment trouver le juste milieu entre le côté droit et le gauche (les deux directions de votre joystick) et prendre le temps d’avancer (direction haut). Pas facile mais moins hardcore que les autres numéros. Hélas… Freddy rôde encore. Il tentera de vous faire perdre l’équilibre à plusieurs reprises, vous lancera également des scies circulaires pour vous couper en deux (bouton fire pour parer) et si vous prenez trop de temps pour atteindre l’autre côté du câble, c’est d’un gros coup de canon qu’il vous expédiera manu militari dans l’au-delà.

L’homme-canon (son assistante l’est aussi).
Le dernier numéro est l’un des plus funs. Et encore une fois tellement drôle. Le but est bien évidemment d’atterrir dans la cible placée par vos soins quelque part sur la piste du cirque. Votre jolie assistante mettra une certaine quantité de poudre avant d’allumer la mèche – qui a osé dire que c’était une allumeuse ?!? La quantité de poudre variera selon les parties. Il vous faudra donc bien connaître la puissance du canon, et choisir l’angle de tir et la distance de la cible en conséquence. Et ne perdez pas trop de temps avec ces préparatifs : le clown Freddy fond en effet sur vous à toute vitesse !

Vraiment drôle, impressionnant techniquement et assez varié, FIENDISH FREDDY’S BIG TOP O’FUN avait tout pour entrer au panthéon des meilleurs jeux 16 bits. Hélas… Hélas ! Il est miné par deux défauts qui pourraient bien être rédhibitoires pour le commun des mortels – je ne suis donc pas concerné, puisque j’ai terminé SHADOW OF THE BEAST plusieurs fois sans tricher. Trêve de plaisanterie, j’arrête de rouler des mécaniques et m’en vais de ce pas vous compter les hics qui tirent hélas ce merveilleux jeu vers le bas. Tout d’abord, et c’est la triste conséquence des exploits graphiques, musicaux et animés de FIENDISH FREDDY’S BIG TOP O’FUN : le jeu tient sur trois disquettes. Rien d’extraordinaire pour l’instant. Mais là où le bât blesse, c’est qu’il vous faudra constamment jongler (c’est de circonstance) avec ces trois disquettes et par conséquent endurer des temps de chargement interminables à intervalles réguliers. Quel cirque ! Mais l’autre gros souci est sans doute aussi celui qui vous fera ravaler votre fierté, vos exploits passés, vos muscles virtuels atrophiés. Oui, peu importe que vous ayez terminé SHADOW OF THE BEAST à la sueur de votre joystick ou SUPER STAR SOLDIER sans perdre la moindre vie. Parce que FIENDISH FREDDY’S BIG TOP O’FUN vous fera mordre la poussière – et toutes les autres saloperies traînant sur une piste de cirque. J’espère que vous êtes vacciné… Oui, FIENDISH FREDDY’S BIG TOP O’FUN est beaucoup trop difficile, et réunir 10000 dollars relève encore plus du fantasme que de la gageure. En gros, il vous faudra réussir parfaitement quatre épreuves sur les six, et limiter les dégâts sur deux d’entre elles – dont le numéro de jonglage bien trop dur, à tel point que ça en devient énervant. De plus, gardez bien à l’esprit que toutes les autres épreuves sont quand même extrêmement difficiles (à part peut-être celle de l’homme-canon), qu’elles laissent peu de place à l’erreur, et qu’il n’y a aucune possibilité de sauvegarde entre les différents numéros ! En gros, et malgré une option « practice » pour se perfectionner, la difficulté de FIENDISH FREDDY’S BIG TOP O’FUN est complètement abusée. C’était, je crois, la dernière mauvaise blague du clown triste…

FIENDISH FREDDY’S BIG TOP O’FUN n’en demeure pas moins un jeu marquant de l’ère 16 bits – toujours marrant à deux, trois, quatre ou cinq joueurs, et dont l’aventure solo devient enfin plus ou moins faisable grâce aux émulateurs et à leurs savestates.

Note :   Nostalgie :

FIENDISH FREDDY’S BIG TOP O’FUN est un jeu absolument magnifique, original et tellement drôle. Dans le genre multi épreuves, il est difficile de faire mieux sur Amiga et Atari ST. Hélas, le jeu de Mindscape est également miné par des temps de chargement trop longs, des changements de disquettes intempestifs et une difficulté qui vient un peu gâcher la fête.

Images : Jeux vidéo et des bas

Une vidéo :

La fin du jeu enregistrée par mes soins :

 

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