TENCHI O KURAU II: SEKIHEKI NO TATAKAI
Titre alternatif officieux : Warriors of Fate
Année : 1996
Studio : Capcom
Éditeur : Capcom
Genre : batailles (dé)rangées
Joué et testé sur PlayStation
Support : CD-ROM
L’Histoire des Trois Royaumes est semée d’embuches… et de sang. Cao Cao, un despote régnant par la peur et la violence, décide d’étendre sa diabolique emprise sur les territoires voisins. L’invasion commence alors. Mais un grand homme, Liu Bei, décide de lui opposer une résistance féroce. Avec l’appui de ses cinq plus grands guerriers, maîtrisant chacun des techniques de combat différentes, Liu Bei espère bien repousser l’invasion et réduire les hordes ennemies à néant.
TENCHI O KURAU II est une exclusivité japonaise sur PlayStation et Sega Saturn, mais il est malgré tout sorti sur bornes d’arcade en Occident sous le titre WARRIORS OF FATE. Le jeu en question fait partie de la série DYNASTY WARRIORS – vous vous souvenez peut-être du premier soft, qui était sorti sur tout un tas d’ordinateurs personnels en Europe, le plus souvent dans des versions peu ragoutantes. On y contrôlait un cavalier chinois qui s’en allait pourfendre de ses lance, éperons et épée les viles envahisseurs. On retrouve d’ailleurs notre fidèle destrier dans WARRIORS OF FATE, mais de manière très ponctuelle… l’essentiel du gameplay tournant en fait autour des mécaniques de FINAL FIGHT, aussi bien huilées que le corps bodybuildé du grand Haggar.
Avec ses graphismes absolument superbes en bons gros pixels d’époque et sa merveilleuse ambiance de Chine antique, WARRIORS OF FATE propose des personnages aux sprites énormes et hyper expressifs. C’est un régal pour les yeux. L’autre point (poing ?) fort du jeu est la sensation de toute puissance qui s’en dégage. Les baffes, coups de boule, charges et autres coups de pied sautés assénés par nos personnages respirent à la fois une classe et une force folles. C’est encore plus vrai concernant les prises au corps et les projections assez diverses que propose le jeu. De nombreuses autres variations sont également au menu : coup dévastateur en bout de combo, coups rapides et répétés si on appuie frénétiquement sur le bouton d’attaque… et tout cela se retrouve aussi lorsque l’on chevauche notre destrier ! Chaque personnage possède également un coup fort (bas/haut/carré) et une charge propres – qui change vraiment du tout au tout suivant le héros choisi : Portor (Kan-U en japonais) fera un écrasement puissant et Subutai lancera une attaque ressemblant au Dragon Punch, quand Kassar assènera un coup de poing lancé très puissant. Comme le veut la tradition des bagarreurs balafrés chez Capcom, une énorme attaque est réalisable mais elle fait perdre de l’énergie. Parmi les cinq personnages jouables, deux seraient plutôt des bretteurs quand Portor et Kassar, plus lents, misent avant tout sur la force brute et les prises au corps (mon préféré étant Portor). Le dernier personnage sélectionnable est un archer, et j’avoue avoir toujours eu du mal avec lui. Il est moins puissant mais surtout ses carreaux ne traversent pas complètement l’écran. J’ai l’impression qu’il s’agit avant tout d’un personnage de soutien quand on joue à plusieurs. Bref, c’est pas une flèche.
Un autre détail que j’aime beaucoup, dans WARRIORS OF FATE : ses champs de bataille sont, parfois, plus spacieux que dans bon nombre d’autres beat’em all. Entendez par là que vous pourrez aller et venir d’un bout à l’autre de l’écran, via un scrolling bien évidemment, pour gérer au mieux la foultitude d’ennemis qui vous fera face – avec malgré tout un certain nombre de passages qui ne dérogeront pas à la règle du couard aveugle et injuste des beat’em all des années 90… quand vos adversaires sortent de l’écran mais peuvent malgré tout continuer à vous toucher ! En tous les cas, le principal mot d’ordre de WARRIORS OF FATE est clairement le crowd-control. Des ennemis par grappes de dix ou quinze, qui en plus prennent un malin plaisir à essayer de vous prendre à revers ! Les projections, ou nettoyage par le vide, s’avèrent alors vitales. Ces hordes de soldats qui ne cessent de harceler le joueur font partie intégrante de l’ADN de WARRIORS OF FATE – ça ne m’a pas dérangé. C’est au joueur de s’y faire, d’adapter son jeu et sa stratégie en conséquence. Malgré tout, je dois avouer avoir été quelque peu irrité par l’usage répété (ad nauseam) de ce procédé lors des combats contre les boss… Les mano a mano sont rares, dans WARRIORS OF FATE. Aussi rares que le nombre de joueurs ayant réalisé un 1CC à FINAL FIGHT sur une borne d’arcade… Il est particulièrement frustrant de se faire poignarder par l’un des petits assassins qui pullulent à l’écran à la toute fin d’un niveau, alors que l’on parvenait jusque-là à bien gérer le boss final… Deux autres petits défauts, à mon sens : le dernier tiers du jeu est moins passionnant, la faute à un manque de renouvellement des ennemis. Ils sont presque tous recyclés des premiers niveaux, parfois même copiés/cognés avec des couleurs différentes. Ils sont simplement plus nombreux. Aïe. Enfin, j’ai lâché plus d’un juron fleuri après m’être fait contrer. Même les coups spéciaux sont susceptibles d’être contrés par certains ennemis de base… De plus, notre personnage marque une minuscule latence après une grosse attaque (l’écrasement pour Portor, par exemple), abaissant par la même occasion ses défenses durant une moitié de seconde qui peut s’avérer fatale… Pas très ludique je trouve, tout ça…
Malgré ses petites imperfections, WARRIORS OF FATE demeure une belle gemme, un beat’em all haut de gamme. Beau, puissant, lourd comme un FINAL FIGHT mais souvent jouissif, avec cinq héros chinois assez différents les uns des autres, et que l’on pourrait diviser en trois catégories : les bretteurs, les lutteurs et l’archer. La difficulté est également bien réglée et je me suis vraiment amusé à le terminer tout d’abord en easy, puis en normal et enfin en hard – en gardant un œil sur mon score pour gagner des vies supplémentaires ! La grande différence entre ces trois modes provient de la vivacité des ennemis. Je les ai trouvés beaucoup plus vifs et sournois en hard – nombreuses tentatives pour nous encercler ou pour éviter nos prises, frappes plus rapides (notamment concernant les archers), etc. Pour les plus courageux, sachez qu’en réalisant un 1CC vous débloquerez une fin originale. Plus abordable : lorsque l’on termine le jeu en hard, les programmeurs nous dévoilent un cheat code permettant de réaliser un coup très, très spécial – sympa à l’époque, mais maintenant le cheat code est disponible de suite sur la plupart des sites spécialisés… Internet serait-il donc un tue-l’amour vidéoludique, un grignoteur de rêves… un aspirateur à surprises ? Avant de répondre à cette grande question philosophique, n’oubliez pas :
Lorsque l’on se cogne la tête contre un pot et que cela sonne creux, ça n’est pas forcément le pot qui est vide.
WARRIORS OF FATE est certes plutôt lourd, ses personnages assez lents… à la FINAL FIGHT ? Mais il dégage aussi une vraie puissance : ses coups font mal, ses petits combos sont fichtrement sympas à réaliser, le canasson est une bonne idée tirée du premier jeu (DYNASTY WARRIORS), on peut aussi ramasser des armes, balancer les ennemis comme de vulgaires fétus de paille, donner des coups de boule, écraser des malotrus… le tout en étant le plus souvent entouré par des dizaines d’adversaires drapés de leurs plus beaux atours pixelisés. Cinq personnages jouables, une petite feinte à la fin, trois difficultés bien pensées et bien sûr la possibilité de jouer à deux en coopération. WARRIORS OF FATE est définitivement un excellent beat’em all (très) old-school pour la Saturn et la PlayStation.
Images : PlayStation.com et Arcadequartermaster
Vidéo :