LETHAL WEAPON
Titre alternatif : L’arme fatale
Année : 1992
Studio : Ocean
Éditeur : Ocean
Genre : vraiment fatal
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquette
Richard Murtaugh et Martin Riggs sont deux flics aux méthodes diamétralement opposées… mais complémentaires et diablement efficaces. Pour venir à bout du gang Nosferatu, responsable d’un gigantesque trafic de drogue, Murtaugh devra sans doute adopter le style de Riggs : tirer en premier ! On raconte aussi qu’un informateur plutôt bavard, Leo Getz, a été enlevé et est actuellement retenu prisonnier dans un lieu hautement protégé…
Lors de mes années collège et lycée, j’adorais la série de films L’ARME FATALE. J’avais découvert le premier en VHS je crois, puis trainé mes guêtres de fan transi dans les salles obscures pour les trois opus suivants. Je me souviens avoir vu le premier et le deuxième épisodes un nombre incalculable de fois en cassette vidéo – celle de L’ARME FATALE 2 avait fini par se détériorer d’ailleurs ! Pour avoir revu l’ensemble des quatre films récemment, je peux vous assurer qu’ils ont bien vieilli : la quintessence du buddy movie drôle et un peu noir ! Outre les géniaux Mel Gibson et Danny Glover, les seconds rôles furent aussi, très souvent, de qualité : Gary Busey, l’inénarrable Joe Pesci, Rene Russo ou encore l’extraordinaire Jet Li. Et puis il y eut les jeux vidéo. Comme souvent Ocean racheta les droits d’adaptation des films et une véritable vague de titres déferla sur tout un tas de machines : Amiga, Atari ST, Super Nintendo, Game Boy…
Braquage à l’italienne… Enfin… à la Super Mario, je veux dire…
Sur Amiga, le jeu semble être de qualité. Les graphismes sont sympas et s’ils ne sont pas extraordinaires, le fait de pouvoir incarner Riggs ou Murtaugh au choix, ça n’a pas de prix – la coupe mulet pixelisée de Mel Gibson : inoubliable. Riggs tape plus fort et bouge plus vite (franchement ce n’est pas flagrant) et Murtaugh fait davantage de dégâts au pistolet. Une excellente idée : le jeu est construit autour d’un hub (le commissariat). On peut y aller et venir, visiter la salle informatique pour faire le point sur nos missions et insérer des codes, entrer dans le vestiaire pour changer de personnage, etc. La maniabilité est plutôt bonne (encore plus quand on songe que l’on joue sur micro) et le mélange action/plateformes fonctionne. On oublie presque le scénario des films puisque le jeu s’en éloigne considérablement, mais on prend vraiment du plaisir à déambuler dans les niveaux, sauter, tirer, se coucher pour éviter les balles, frapper au corps à corps, nager, grimper, actionner des interrupteurs, découvrir des passages secrets plutôt bien pensés… En bref, on s’amuse avec, cerise sur le gâteau, d’excellentes musiques signées Barry Leitch et Dean Evans.
Puis c’est le drame. Les pleurs. Les cris. Larme fatale.
La difficulté du jeu est absolument atroce. Voilà, c’est dit. Très vite on se rend compte que l’on ne pourra pas aller bien loin. Un nombre de vies limité, aucun continu, quelques checkpoints certes et des mots de passe à la fin de chaque niveau… mais les niveaux en question sont trop longs : de véritables marathons en forme de courses d’obstacles les yeux bandés sur un champ de mines – j’exagère à peine en particulier à partir du niveau 4. Des sauts au pixel près, des ennemis juste là où il ne faut pas pour vous toucher exactement au mauvais moment et ainsi vous faire tomber dans un trou – oui à chaque fois que l’on se fait toucher, notre personnage exécute un bond en arrière. Je déteste ça. La difficulté est complètement craquée. Même avec des savestates j’ai cru devenir fou dans les deux derniers niveaux. Tellement de pièges, de détails qui vont à l’encontre même de toute notion d’amusement… que je m’interroge réellement sur le but des programmeurs de l’époque. Forcer les joueurs les plus solides à puiser dans leurs dernières ressources, et finir éventuellement par les rendre fous ? Pousser les plus faibles au suicide ? Provoquer un génocide de joysticks ? C’est d’autant plus rageant qu’en 1992, Ocean n’a plus rien du petit éditeur des années 80… Lorsqu’ils confiaient encore leurs adaptations à un ou deux développeurs isolés, les laissant travailler dans leur coin avant de se rendre compte, au terme d’une période qui était de toute manière très courte, que le jeu était mauvais… pour finalement tenter un rafistolage de dernière minute qui ne donnait généralement rien de bon (STREET HAWK par exemple !).
Sols électrifiés, dalles qui disparaissent sous nos pieds sans prévenir, plateformes qui bougent à des vitesses différentes, sauts au pixel près, ennemis que l’on n’aperçoit qu’à la toute dernière seconde après la réception d’un saut difficile (généralement on se fait toucher, on recule, on tombe), marches d’escalier temporaires (si on chute d’en haut on meurt), des ennemis partout tout le temps, des systèmes de plateforme machiavéliques… Et bien sûr, tout cela devra être bouclé en quelques vies uniquement – un cauchemar éveillé qui ne fait pas appel au skill. Juste à la patience. Au masochisme ? Souffrir, mourir, encore et encore, recommencer, mourir, et recommencer… Quel dommage. Surtout que la version Super Nintendo est techniquement moins bonne mais, de mémoire, peut-être plus abordable – sauts plus ambles (mais trop flottants ?), niveaux un peu plus courts, des plateformes mobiles qui chevauchent notre sprite (sur Amiga elles le repoussent, précipitant parfois le personnage dans le vide), moins de recul quand on se fait toucher, possibilité de tomber d’assez haut sans mourir (contrairement à la version Amiga), etc. Un beau gâchis ! Les premiers niveaux de LETHAL WEAPON sur Amiga laissaient en effet entrevoir non pas une adaptation de film fidèle, mais un excellent jeu d’action/plateformes. Les derniers niveaux, au contraire, font fi de tout ludisme pour précipiter le joueur maudit dans un maelstrom de tableaux plus difficiles et injustes les uns que les autres, sans adapter le nombre de vies ni les checkpoints à cet enfer.
Je crois que j’ai passé l’âge de ces conneries.
Je ne mets pas de zéro pointé à LETHAL WEAPON… car les premiers niveaux sont sympas, et les versions pixelisées de Riggs et Murtaugh vraiment cool. Dommage malgré tout de ne pas pouvoir jouer à deux en même temps. Plutôt maniable et agréable, habile mélange d’action et de plateformes, LETHAL WEAPON dévoile hélas son vrai visage à mesure que l’on enchaîne les niveaux : une arme fatale qui viendra à bout de n’importe quel joueur normalement constitué. Hyper punitif, souvent injuste, le jeu d’Ocean n’a, sur la fin, plus grand-chose d’amusant.
Vidéo :