D no shokutaku 2 (Dreamcast, 1999)

D NO SHOKUTAKU 2
Titre alternatif : D2
Année : 1999
Studio : WARP
Éditeur : WARP
Genre : mieux que le 1er !
Joué et testé sur Dreamcast
Support : GD-ROM


Laura s’endort dans un avion l’emmenant vers une destination inconnue. Après être réveillée par le système de sonorisation de l’avion et avoir engagé une conversation amicale avec un autre passager du nom de David, un groupe terroriste mené par une sorte de culte prend possession des lieux. David, qui se révèle être un agent du FBI, tue un terroriste mais une météorite frappe l’avion le faisant s’écraser dans les montagnes canadiennes. Après une série de mauvais rêves, Laura se réveille dans une petite cabane et est prise en charge par Kimberly Fox, une poète et auteure-compositrice qui a également survécu à l’accident. Cette dernière explique à Laura que dix jours se sont écoulés depuis l’accident et qu’elle l’a trouvée près du site deux jours avant. Mais soudainement, un autre survivant, qui est un des terroristes, arrive dans la cabane avant de muter en monstre végétal. Laura et Kimberly rencontrent ensuite Parker Jackson, un chercheur en communication extraterrestre et survivant du crash. Il tue le monstre mais est ensuite chassé par Kimberly, cette dernière se méfiant de lui.

Eno Kenji, ce n’est pas la première fois que j’aborde un jeu auquel il a participé. Célèbre musicien au Japon, il aura participé pour le studio WARP à la création d’une dizaine de jeux vidéo entre 1994 et 2000, et même avant pour d’autres équipes. Designer, il aura toujours tenté de livrer des expériences plutôt hors normes. En 1995 sur la première PlayStation par exemple, il livrait le jeu D. Un jeu certes plein de bonnes intentions, mais que je n’avais pas franchement trouvé passionnant. Puis vint en 1997 Enemy Zero sur Sega Saturn en Europe, jeu beaucoup plus intéressant et utilisant le même personnage principal, à savoir donc Laura Lewis (bon, Oli s’est bien énervé sur le jeu, moi j’ai aimé malgré ses défauts). Mais le studio WARP et Eno Kenji n’ont pas dit leur dernier mot, et voilà que débarque le dernier volet mettant en scène la petite Laura fin 1999 (et début 2000, mais aucune sortie en Europe) sur Dreamcast. Un dernier volet sobrement intitulé D2, qui aura connu bien des soucis de production, puisque le développement débuta sur une console annulée. Du coup, même si j’avais beaucoup apprécié Enemy Zero, me lancer dans ce D2 ne m’emballait pas. Mais les jeux de genre étant au final plutôt rares sur Dreamcast, voyons voir ce que ça donne. D2 nous met encore une fois dans la peau de Laura, et tout débute dans un avion qui va s’écraser pour cause d’attaque terroriste doublée d’une chute de météorite. C’est ce qui s’appelle avoir une vie de merde ! Première constatation, le jeu est beau. Aucun souci, entre D sur 3DO et PlayStation et D2 sur Dreamcast, il y a un fossé. Tout n’est pas parfait, notamment en termes de doublage, mais le fossé est là, et D2 est très agréable pour les yeux. Et pour les oreilles, car l’OST est sublime également. Seconde constatation malgré tout : c’est long.

Car si malgré tout D2 fait énormément d’efforts comparé à son ainé en termes de gameplay, pour nous en offrir un peu plus et surtout pour le varier, il faut néanmoins avouer que les cinématiques et autres moments où l’on ne joue pas sont nombreux. Mais face au jeu assez varié proposé, et malgré tout plus long (cela tient sur 4 disques), cela dérange moins. Bref l’avion, tout le monde se crashe, il y a quelques survivants dont notre personnage Laura qui se réveille après dans une petite cabane en montagne. Mais tout ça, c’est trop gentillet, donc bien entendu, il y a un virus dans le coin qui transforme les survivants en créatures pas très gentilles, à coup de tentacules leur sortant du corps. Par moment d’ailleurs lors des cinématiques, on n’est pas loin du hentai, mais ceci est un détail. Après un bon 15 minutes de cinématiques et de blabla, nous voilà enfin plus ou moins aux commandes de Laura. En intérieur, on se déplace en vue subjective pour ramasser des objets et explorer. Les dialogues avec les PNJ utilisent la plupart du temps le moteur du jeu. Quand nous sommes en extérieur, le gameplay varie un peu.

L’exploration se fera en vue à la troisième personne dans de larges lieux enneigés (mais finalement des lieux assez fermés, n’attendez pas de l’exploration de fou). Quand des ennemis débarquent, de manière plutôt aléatoire façon RPG à la Final Fantasy de la bonne époque, le jeu passe alors en vue subjective. Et pour se défendre, pas de soucis, puisque la petite cabane dans laquelle nous commençons l’aventure n’attendait que nous… avec une mitrailleuse et un fusil sniper qui étaient bien sagement sur les meubles. Pour ses phases d’action, le jeu ne fait pas dans la subtilité. Il faudra mitrailler tout ce qui bouge devant nous, en ayant la possibilité de regarder partout autour de nous pour ne pas se faire avoir par certains ennemis qui peuvent voler ou se déplacer sous terre pour essayer de nous prendre à revers. Pas très subtil, pas très difficile non plus, les munitions étant illimitées et les trousses de soin se trouvant très facilement, traînant un peu partout au sol. D’ailleurs, au début, mon principal souci avec D2 fut que je ne savais pas devant quel genre de jeu je me trouvais. Une aventure interactive rapport à la durée des scènes dialoguées et autres cinématiques ? Possible vu que cela prend facilement la moitié du jeu. Un jeu de shoot à la première personne ? Dans le fond oui, mais ces phases sont si simples que… pas vraiment, en fait. Un jeu d’exploration à la troisième personne ? On pourrait y penser, mais l’exploration n’est que rarement poussée à fond. Un jeu d’énigmes ? Il y en a oui, mais elles ne sont pas bien dures. En fait, D2 essaye d’être un mélange, de tout être à la fois.

Mais passé quelques moments manette en main, force est de constater qu’il le fait assez bien, et sait rendre l’aventure digeste. On est donc bien loin d’un carnage bancal façon Resident Evil 6 bien des années plus tard. Car l’aventure se fait plutôt bien dosée entre ses différentes parties et surtout, sait quand il faut s’arrêter. Malgré ces 4 disques, n’attendez pas une durée de vie digne d’un Final Fantasy, mais juste un petit 10 heures. Ce qui est amplement suffisant d’ailleurs. Du coup, on avance avec plaisir, alternant gentille exploration pour les kits de soin et les munitions des armes secondaires (armes de lancer comme des grenades et quelques armes plus puissantes que celles de base) et phases de shoot. D’ailleurs le jeu inclut, à l’image des combats aléatoires, un système de niveau qui augmente avec de l’expérience, que l’on gagne en faisant certaines actions et en terrassant des monstres. Bien entendu, le système n’est pas aussi poussé que dans un vrai RPG, et tant mieux. Le jeu propose d’ailleurs également un système de chasse. À tout moment, Laura pourra sortir son fusil sniper, passant donc le jeu en vue subjective, pour chasser le lapin ou tout autre animal croisant votre route afin de gagner, en plus de l’expérience, de la nourriture afin de vous soigner. Un peu d’exploration, un peu de survie, un peu de shoot, un peu de RPG, beaucoup de cinématiques, le jeu mélange véritablement bien des genres. Saupoudrez le tout de quelques énigmes relativement simples, à coup de codes à trouver et autres, et voilà D2.

D’ailleurs, comme les cinématiques, l’histoire et le développement des personnages ont une place importante dans D2 (comme pour le premier D, et Enemy Zero). Parlons-en d’ailleurs du scénario : malgré quelques éléments faciles (comme l’introduction qui multiplie les catastrophes, ou certains personnages un peu lents à la détente), D2 a droit à un scénario travaillé, et surtout à une galerie de personnages relativement marquante. Ce ne sera bien entendu pas le cas de tous les personnages croisés, mais certains ont une réelle psychologie et un côté sombre travaillé. Parfois même très sombre et mélancolique. Si bien que l’on se dit que c’est ce qui intéressait principalement les développeurs. Dans ce cas, chapeau. Mais oui, malgré toutes ses qualités, malgré son envie de tout varier, D2 n’est pas parfait. Si graphiquement, il s’agît bien d’une claque (les décors, la neige, les chargements rapides, les traces de pas dans la neige), et que les intentions sont là pour livrer une expérience unique, on pourra lui reprocher quelques longueurs. Oui, le jeu se termine en 10h, oui de nombreux moments incluent des cinématiques, mais à force de nous faire faire des allers-retours, ou de nous donner comme dans un RPG des combats aléatoires, on peut penser que la durée de vie à été quelque peu gonflée artificiellement.

Mais après tout, dans le fond, les allers-retours, c’est une mécanique bien connue des survival horror, et si D2 n’en est pas totalement un, il en garde le cœur, l’âme si l’on peut dire. On pourra aussi dans le fond pester contre le bestiaire, car en plus de nous donner des combats aléatoires façon RPG donc, le bestiaire n’est pas franchement bien varié, et il faut attendre les boss pour avoir droit à un peu de nouveauté. Et ceux-ci ne déçoivent pas, c’est déjà ça. Certains sont même marquants. Et c’est là le gros point fort de D2. Malgré tous ces défauts, ou son interactivité parfois bien limitée, eh bien on se prend au jeu, l’ambiance nous happe littéralement. Une ambiance froide, parfois lourde, fort réussie, qui nous amène de surprises en surprises au fur et à mesure des nombreuses rencontres. Certes par moment, le jeu veut sans doute en faire un peu trop, comme lors de l’exploration des bâtiments qui nous proposent parfois des changements d’angles agréables mais un peu lourds, et ses nombreux moments scriptés (en réalité, le jeu est une grosse ligne droite), mais pour une fois, cette envie de trop, cette envie de tout faire, de diversifier absolument tout parvient à être bénéfique au jeu. On passe un très bon moment devant D2, et l’expérience pourra même marquer les joueurs (et aussi énerver par moment). Dans un sens, le jeu est même précurseur sur de nombreux points. Le côté film interactif, on le retrouvera dans les productions Quantic Dreams (les QTE en plus), le côté RPG s’invitant dans de nombreux jeux horrifiques (The Evil Within avec le craft et l’amélioration), l’exploration en vue subjective (pas mal de jeux d’horreur récents), même la chasse pour survivre (Metal Gear Solid 3, ou du côté des ratés inutiles les nouveaux Tomb Raider). À défaut de toujours convaincre, D2 est un jeu important.

Note :    Nostalgie :

Probablement l’un des plus beaux jeux de la Dreamcast, D2 est une expérience à part qui mélange les genres et les mécaniques de gameplay. Tout n’est pas parfait, et malgré sa durée de seulement 10h, il contient des longueurs, mais l’aventure mérite le détour.

Images : xtremeretro

Trailer :

Laisser un commentaire