Ankoku densetsu (PC Engine, 1990)

ANKOKU DENSETSU
Titres alternatifs : Legendary Axe II / Dark Legend
Année : 1990
Studio : Victor Interactive Software
Éditeur : Victor Interactive Software
Genre : le joueur haché menu
Joué et testé sur PC Engine
Support : HuCard


Le roi barbare, Brace, n’est plus. Afin de désigner son successeur, un duel est organisé entre les princes et deux de ses fils en émergent : Zach, l’ainé, et Sirius, le plus jeune. Mais afin de mettre toutes les chances de son côté, Zach décide de faire appel aux forces du Mal, incarnées par le terrifiant roi Drodam. Le royaume autrefois paisible du roi Brace est désormais rongé quotidiennement par l’horreur, et la mort. Bien décidé à sauver l’héritage de son père, Sirius se lance seul à l’assaut des hordes de son frère maudit.

Près de deux années se sont écoulées entre le premier jeu et sa suite, THE LEGENDARY AXE II. Et deux années, ce n’était pas négligeable à une époque où les technologies et leur maîtrise évoluaient particulièrement vite. Assez étrangement pourtant, THE LEGENDARY AXE II ne surclasse aucunement son glorieux ainé. Techniquement, il se situerait même presque un petit cran en dessous : les graphismes sont moins marquants, les décors manquent quelque peu de charme… Tout cela est assez sombre, en fait. Couplés à des musiques elles aussi particulièrement lugubres, les tableaux de THE LEGENDARY AXE II dégagent alors une étrange impression de malaise, comme un relent de cauchemar éveillé. Oubliez les forêts luxuriantes du premier jeu, ses montagnes aux crêtes épousant l’horizon d’un ciel étonnamment bleu : THE LEGENDARY AXE II, qui ne manque pourtant pas d’humour, a décidé de plonger le joueur dans les sombres turpitudes et les remugles méphitiques d’un monde tortueux et assassin.

Le jeu de Victor Interactive propose plusieurs nouveautés par rapport au premier épisode. Tout d’abord il n’y a plus de jauge de puissance (qui augmentait lorsque l’on ne frappait pas), mais il est désormais possible de choisir son arme, parmi trois disponibles (il faut se saisir du bonus correspondant lâché par des ennemis). L’épée possède une grande amplitude et est utile en toutes circonstances, la chaîne-faucille a une plus grande allonge et permet de frapper dans les diagonales et enfin la hache, plus difficile à manier (courte portée, un brin moins rapide) est aussi l’arme la plus puissante. Comme dans le premier jeu, il faudra augmenter la puissance de votre arme en récupérant les bonus appropriés – jusqu’à cinq niveaux possibles. Inutile de vous préciser que la hache améliorée au maximum fait des dégâts considérables : il s’agit de la meilleure arme du jeu, mais elle est à réserver aux joueurs confirmés. Pour compléter cet arsenal bien moyenâgeux, une bombe artisanale est également disponible – en quantités limitées, là aussi il s’agira d’un bonus à récupérer çà et là dans les niveaux. Autre bonus excessivement important : l’étoile, qui permet d’ajouter un point de vie à notre total – qui peut monter à dix.

Le jeu se joue très bien. Le personnage répond parfaitement, la hauteur des sauts est modulable, les niveaux sont courts, intenses et relativement variés, avec un bestiaire réussi aux attaques parfois vraiment perfides et des boss bien fichus aussi, et très différents les uns des autres. Pour tout vous dire, ce mélange de beat’em all et de plateformes m’a vraiment séduit, en particulier durant les cinq premiers niveaux. Hélas à partir du sixième et a fortiori du septième, les choses se compliquent, et THE LEGENDARY AXE II tombe dans les travers du côté obscur du retrogaming, à savoir ces mécaniques très/trop old-school sur lesquelles on fermait les yeux à l’époque mais qui n’ont plus lieu d’être aujourd’hui. Par exemple… Grimper tout en haut de la tour du sixième niveau pour finalement échouer face à un ennemi mal placé qui nous pousse dans le vide nous obligeant ainsi à tout recommencer… mais comme le temps est limité, c’est la mort assurée ! Et enfin ce septième niveau… dans une base futuriste avec des robots ! Alors oui je sais, Heroic Fantasy et science-fiction peuvent tout à fait cohabiter – c’était déjà un peu le cas dans les aventures de CONAN, où il était souvent question du Cosmos et de ses créatures venues d’ailleurs. Sauf qu’ici, ce changement d’ambiance arrive comme un gros cheveu gras sur la soupe. Mais le plus grand problème de ce dernier niveau c’est son boss de fin, d’une difficulté outrancière. Je m’y suis cassé les dents, les doigts, les reins des heures durant avant de me rendre à l’évidence : pour le vaincre, il faut le provoquer en duel au top de notre forme. À savoir avec dix points de vie, et la hache améliorée au maximum. Et ça n’a rien d’une partie de plaisir, puisque cela sous-entend que vous devrez maîtriser le maniement de ladite hache, et ne pas (trop) mourir durant votre périple (afin de ne pas perdre les bonus de points de vie).

J’ai donc joué et rejoué à THE LEGENDARY AXE II durant de longues heures. Ce fut chouette, et également souvent crispant. Mais c’est aussi ce que j’aime détester, ou ce que je déteste aimer dans le retrogaming : un jeu qui nous pousse dans nos derniers retranchements, un duel mano a mano entre le joueur et la machine, pas de sauvegarde ni de filet de sécurité possible. En trois mots plus une virgule : vaincre, ou mourir. J’ai bien évidemment fini par maîtriser mon destin pixélisé – car le jeu est maniable, reconnaissons-lui cela, même s’il faut un temps d’adaptation pour les sauts. Et j’ai vaincu ce satané boss final absolument gigantesque, terminé l’aventure sans perdre la moindre vie. Je connaissais le jeu par cœur, notamment son hasardeux sprint final futuriste peuplé de robots lanceurs de bombes, de missiles et de lasers paralysants. Quel plaisir… quel soulagement ! Mais cela fait-il de THE LEGENDARY AXE II un bon jeu pour autant ? Cela dépendra de votre propension à avaler les couleuvres acides de certaines mécaniques old-school. Une chose est certaine : vous ne terminerez pas la belle aventure concoctée par Victor Interactive du premier coup… Ou alors il s’agit du coup du lapin !

Note :    Nostalgie :

THE LEGENDARY AXE II est un cas d’école. Il s’agit d’un très bon jeu si l’on accepte certaines de ses mécaniques old-school assez injustes, ou d’un jeu qui a mal vieilli car impossible à terminer sans suer des litres d’eau et sans adapter son cerveau aux pièges fomentés par les développeurs sadiques de l’époque – les deux derniers niveaux risquent de pousser au suicide plus d’un joypad de moins de vingt ans.

Images : classicgaminguk

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