Darkseed (PlayStation, 1995)

DARKSEED
Titre alternatif : Dark Seed
Année : 1995
Studio : Cyberdreams
Éditeur : Gaga
Genre: les racines du malware
Joué et testé sur : PlayStation
Support : CD-ROM


Mike Dawson, qui souhaite devenir écrivain, décide de se retirer dans la petite ville de Woodland Hills. Il vient d’y acheter un vieux manoir, aux planches qui craquent et aux murs semblant susurrer des mots étranges… Durant sa première nuit dans les lieux, il fait un terrifiant cauchemar : une entité indéterminée lui implante un embryon difforme dans le crâne. Quelle horreur ! Dawson finit par se réveiller, mais son corps tout entier est dévoré par un terrible mal de tête…

DARKSEED, jeu vidéo au format point & click, est surtout connu pour le travail de H.R. Giger, superstar de l’horreur qui a fait le bonheur des cinéphiles avides de sensations fortes avec l’inoubliable film ALIEN sorti en 1979 – il ne faut pas oublier que le succès de ce film culte doit autant au talent de Ridley Scott qu’à celui de Giger et du scénariste Dan O’Bannon (qui avait réalisé un brouillon d’ALIEN avec DARKSTAR en 1974). ALIEN est donc loin d’être le bébé du seul Ridley Scott, et H.R. Giger a été fort justement récompensé de son immense travail en acquérant alors une vraie reconnaissance internationale. Virale. Ce n’est donc pas peu dire que la participation de ce géant à un jeu vidéo au début des années 90 fut accueillie comme un petit évènement par la presse et les joueurs du monde entier.


Ce jeu… une psychose ?

Dans DARKSEED, un charme nucléaire transsude des créations de l’artiste, son talent irradie l’écran presque à chaque instant et fait exploser le compteur Giger pour le plus grand plaisir des joueurs transis : graphismes recherchés et dérangeants, susceptibles de basculer dans le cauchemar éveillé à tout moment. Les idées de Giger et les musiques assez étranges participent de concert à cette symphonie macabre, qui distille une atmosphère calme, mais ponctuellement délétère. Avec DARKSEED le joueur sort définitivement de sa zone de confort, et cette aventure s’apparente parfois à un véritable saut dans l’inconnu. Comme Alice… de l’autre côté du miroir, embrassant les lèvres acides de Cthulhu ?

Le problème de DARKSEED, c’est qu’entre un projet fou, et flou, il n’y a qu’une lettre. Qu’un pas. Et un océan de mal-être. Les développeurs se sont ainsi fourvoyés en habillant leur étrange bébé des atours obscurs d’un jeu aux objectifs peu clairs et trop durs. À l’époque déjà, lorsque j’y jouais sur Amiga, j’étais le plus souvent aussi subjugué que perdu. Je me souviens y avoir joué un certain nombre de fois, époustouflé par les graphismes, envouté par l’ambiance pesante… mais également fatigué, découragé à force de ne pas savoir, comprendre quoi faire. Le point & click concocté par Cyberdreams est en effet beaucoup trop difficile, et répond à des mécaniques bien trop tordues pour le commun des mortels. Un exemple ? Je me suis retrouvé bloqué le deuxième jour parce que je n’avais pas réalisé une action bien précise la veille… Le pire dans tout cela, et c’est à mon sens le plus grand défaut de DARKSEED, c’est que le jeu se déroule sur trois jours en simili temps réel, et que notre personnage finit par mourir au bout d’une journée, s’il n’a pas effectué certaines actions – répondre au téléphone à une certaine heure, faire quelque chose dans un magasin avant sa fermeture, etc.

Difficile dès lors de s’y retrouver, de tenter de nombreuses choses différentes quand le spectre d’une épée de Damoclès venue d’outre-espace nous menace constamment de sa lame. On peut heureusement sauvegarder quand on le souhaite, mais là aussi ce n’est pas toujours fiable, puisqu’il est tout à fait possible de sauvegarder alors que l’on avait préalablement oublié de faire quelque chose d’essentiel auparavant, ce qui bloquera notre progression plus tard – au hasard, une porte qui ne s’ouvre pas. Qui ne s’ouvrira plus. Et croyez-moi, c’est énervant, surtout quand on ne sait pas pourquoi. Est-ce pour cette raison que la seule version console existante (exclusivité japonaise sur PlayStation et Saturn) propose une solution dans la notice du jeu ? Une soluce incluse dans la notice, je crois que c’est la première fois que je vois ça ! Autre chose spécifique aux versions japonaises de DARKSEED : selon plusieurs sources, dont Wikipédia, le temps s’y écoulerait deux fois plus vite que dans les versions occidentales. J’ai tenté de comparer ma version PS1 avec ma version PC, mais la différence ne m’a pas sauté aux yeux… Détail important cependant : en version japonaise, les personnages parlent anglais et sont bien doublés (le héros est hélas trop bavard et finit par taper sur le système) mais tous les textes sont bien évidemment en japonais…

DARKSEED est par conséquent un jeu étrange. Un point and click formidable dans les idées et l’envie, mais pas loin d’être déplorable dans leurs exécutions : trop difficile, pas assez de temps pour réfléchir, pas toujours logique et ponctuellement miné par des soucis de visibilité – il est difficile de repérer les objets avec lesquels on peut interagir. Encore plus sur PlayStation lorsqu’ils font la taille d’un pixel… Malgré tout, je ne peux me résoudre à descendre DARKSEED en flammes. Le jeu a incontestablement du chien. Une âme. Un cœur lugubre, qui bat. Le meilleur moyen d’en profiter est peut-être de le terminer une première fois avec une solution, puis d’y revenir quelques années plus tard en ayant gardé en tête la plupart des choses, et pansé ses ecchymoses.

Note :    Nostalgie :

DARKSEED est avant tout connu et reconnu pour le travail du génial H.R. Giger. Il suffit de jeter un œil à la jaquette du jeu pour s’en convaincre : il s’agit du visage de l’actrice Li Tobler, qui vécut quelque temps avec Giger… mais qui mourut tragiquement. Elle l’inspira profondément. Si DARKSEED propose une ambiance, des graphismes vraiment dérangeants, il faut malgré tout reconnaître que le jeu, un point and click déroutant réveillant en nous des peurs ataviques, pèche dans son game design : le temps qui s’écoule par exemple, rend le tout beaucoup trop difficile, et parfois on continue à avancer dans l’aventure sans savoir que l’on a manqué quelque chose d’essentiel qui nous empêchera de franchir un passage plusieurs heures plus tard. Rageant. Une suite, plus classique, sortira sur PC et une nouvelle fois exclusivement au Japon pour les consoles.

Images : Jeux vidéo et des bas

Vidéo :

 

2 réflexions au sujet de “Darkseed (PlayStation, 1995)”

  1. Tu as tout dit. Rien que pour son ambiance incroyable, il vaut le coup d’oeil. Je l’avais fais il y a plusieurs années (deux ou trois ans) en émulation, et j’avais beaucoup aimé, même si la difficulté est bien présente. Comme pas mal de Point & Click que j’ai pu tester récemment (CLOCK TOWER GHOSTHEAD hein), et qui m’auront forcés à aller chercher la solution sur le messie internet.
    Tu me diras, quitte à trouver le défaut de sa qualité : à l’époque, on croyait le joueur super intelligent et du coup on créait l’impossible dans les jeux, alors que maintenant, on le prend pour un con et niveau énigme on a limite plus rien 😉

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    • Oui d’autres point & click étaient beaucoup trop durs à l’époque, ce n’est pas un cas isolé. Mais là, vraiment, le temps qui s’écoule… C’est trop… Et le fait de pouvoir avancer au jour suivant (donc sauvegarder, on croit progresser), et se retrouver coincé quelque part parce qu’on n’a pas fait une certaine chose la veille (sans savoir « quoi »), c’est trop rageant. A un moment donné, et je ne l’ai pas signalé dans ma review, mais on peut même détruire des objets qui seront indispensables à la fin ! O_o
      Mais oui, le jeu ne doit pas être descendu en flammes. Il dégage quelque chose, tente des trucs, c’est déjà bien !

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