Telling Lies (PlayStation 4, 2020)

TELLING LIES
Année : 2020
Studio : Furious Bee
Éditeur : Annapurna Interactive / iam8bit
Genre : Sex, Lies, and Videotape
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


La nuit est déjà bien avancée. On entend des bruits venant de la rue, quelques sirènes aussi, au loin. Une femme rentre chez elle, s’installe précipitamment devant son PC et y branche un disque dur externe. À l’intérieur : des centaines de vidéos détournées de différents Smartphones, Webcams, etc. Grâce à la technologie Retina, permettant d’effectuer des recherches presque instantanées dans des fichiers vidéos à l’aide de mots-clés, cette femme espère mettre à jour plusieurs secrets bien gardés par un certain David Smith et l’entourage de ce dernier.

Fraichement auréolé du succès de HER STORY, Sam Barlow s’est lancé dans un jeu d’enquête au principe très similaire avec TELLING LIES, sorti en 1984… euh non, en 2020 ! Si je n’ai jamais joué à HER STORY (jamais sorti sur consoles et a fortiori au format physique), je le connais suffisamment à travers les avis de certains amis et les visionnages de plusieurs vidéos pour m’en faire une idée assez précise – et il apparait comme une évidence que TELLING LIES en emprunte (recycle ?) la plupart des mécaniques.

TELLING LIES commence de manière assez floue : une femme rentre chez elle, s’assoit devant son ordinateur, y branche un disque dur externe et part à la recherche d’une vérité… en utilisant Retina, un programme révolutionnaire permettant d’effectuer des recherches dans toutes sortes de vidéos via des mots-clés. Sa cible : David Smith, et bien évidemment toutes les personnes gravitant autour de lui. Elle tape un premier mot-clé : « love ». Cinq vidéos apparaissent. La traque virtuelle est lancée. Le souci, c’est qu’entre les ombres de ces secrets bien gardés, et certaines évidences trop lumineuses pour être tout à fait crédibles, le joueur risque de se retrouver dans un clair-obscur déstabilisant, aux ramifications presque cryptiques. Pour être tout à fait honnête, je dois vous avouer avoir mis un certain temps pour plus ou moins comprendre ce que je devais chercher… sans être tout à fait sûr de l’avoir trouvé à la fin, d’ailleurs. Mais ce flou artistique participe au charme du jeu et à mon sens, faire des recherches sur Internet avant de se lancer vraiment dans TELLING LIES, condamne celui-ci à une espèce de petite mort. Sortir le joueur de sa zone de confort peut être une bonne chose, lorsque c’est correctement exécuté.

En découvrant ou en improvisant de nouveaux mots-clés, on navigue alors entre les vidéos comme sur un océan de vagues, de larmes virtuelles, en tapant les termes en question dans le moteur de recherche de Retina, ou en les surlignant directement lorsqu’ils apparaissent sous forme de sous-titres dans les vidéos (qui sont par conséquent toutes sous-titrées). On découvre certaines choses petit à petit, des facettes insoupçonnées… des secrets trop lourds à porter. La manière dont cette enquête à rebours est contée est extrêmement bien pensée, même si je devine que tous les joueurs ne réagiront pas de la même manière. En l’occurrence pour moi, ça a marché, puisqu’à la toute fin de mon enquête je découvrais une vidéo particulièrement compromettante tandis qu’un frisson me parcourait l’échine. Mais comme je viens de le préciser, il n’en ira peut-être pas de même pour tous les joueurs, puisqu’il est tout à fait possible de découvrir certaines vidéos plus tôt que prévues. Tout dépendra de votre manière d’enquêter, le doigt posé sur les boutons d’avance et de retour rapides, et les yeux fixés sur votre PC. Pour ma part j’ai aussi utilisé un bloc-notes – à l’ancienne, oui ! J’y notais les différentes ramifications de l’histoire, les liens se tissant entre les différents personnages, les mots-clés à ne pas oublier…

L’un des points forts de TELLING LIES, outre la qualité de son écriture, est son casting. Les acteurs et actrices sont tous très justes, et sont pour la plupart des comédiens confirmés que vous avez déjà vus dans de grosses ou de petites productions, avec en tête de liste Kerry Bishé (ARGO), Alexandra Shipp, Angela Sarafyan et Logan Marshall-Green, excellent dans UPGRADE ou encore dans THE INVITATION (un thriller pas très connu mais que je vous recommande chaudement). Est-ce que cela sera suffisant pour plaire à une majorité de joueurs ? Je n’en suis pas sûr. Si, pour ma part, j’ai apprécié « l’aventure », je dois aussi avouer que j’en attendais un tout petit peu plus – l’impression d’être devant son propre PC est assez impressionnante au début, on entend même le bruit de la rue en bas de chez nous… mais j’aurais aimé pouvoir tripatouiller davantage dans les entrailles de mon ordinateur – fouiner sur Internet, utiliser mon Smartphone, recevoir et envoyer des messages, etc. Heureusement l’expérience n’est pas très longue (quelques heures), c’est une bonne chose tant les mécaniques du jeu, très carrées, peuvent finir par tourner en rond.

Note :

TELLING LIES est une enquête à rebours très intéressante, où l’on s’amuse à naviguer entre des dizaines de vidéos pour y distinguer le vrai du faux. Extrêmement bien joué et bien pensé, le jeu de Sam Barlow souffre malgré tout, à mon sens, d’un petit déficit d’interactivité. Celles et ceux ayant préalablement joué à HER STORY pourraient aussi éprouver un petit sentiment de redondance.

Images : éditeur / Jeux vidéo et des bas

Trailer :

Petit making of :

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