URBAN RUNNER
Année : 1996
Studio : Coktel Vision
Éditeur : Sierra Entertainment
Genre : Lost in Time in Town
Joué et testé sur PC
Support : CD-ROM
Vous êtes un journaliste, et vous avez en votre possession des photos qui pourraient compromettre un trafiquant de drogue, Tony Marcos… Bien décidé à remonter la filière, et éventuellement à pêcher un plus gros poisson, vous planifiez un rendez-vous avec Marcos, dans un sauna, afin de lui soutirer quelques informations. Pour votre plus grand malheur, vous vous retrouverez face à face avec son cadavre ! Du sang sur les mains… mais aussi le garde du corps bientôt sur vos talons ! Une course-poursuite haletante s’engage alors.
Grosse production pour l’époque (on parle d’une cinquantaine de personnes, dont Muriel Tramis), URBAN RUNNER est un jeu d’aventure au format FMV qui commence pied au plancher : des images de qualité, de vrais efforts de mise en scène, un narrateur doublé par Patrick Poivey et un suspense immédiat qui risque bien de mettre K.O. le joueur qui ne s’attendait sûrement pas à une entrée en matière aussi haletante. Un cadavre, du sang sur les mains, des secrets bien gardés et un garde du corps patibulaire qui ne nous laissera pas un instant de répit – URBAN RUNNER abat tout de suite le joueur, mais aussi ses cartes : celles d’un point and click relativement classique en apparence, mais dont certaines séquences se déroulent en temps réel – panique, cœur qui s’emballe, hésitation coupable et game over cathartique.
Oui, dès la deuxième séquence d’URBAN RUNNER, vous ferez face à une espèce de dédale dont chaque pièce, ou presque, recèle un secret… Mais pour trouver la porte de sortie improbable qui vous tend autant les bras qu’elle vous met la corde autour du cou, vous ne pourrez jamais vous attarder trop longuement – sous peine de voir débarquer l’assassin qui vous traque et ne manquera pas de vous coller un souvenir en forme de balle entre les omoplates. Stressant. Mais amusant. Tout du moins au début. Car à force de tourner en rond, de salle en salle, de manipuler des manivelles et d’appuyer sur des boutons pour résoudre un puzzle qui ne dit pas son nom, ça peut devenir usant – surtout avec cette épée de Damoclès en forme de tueur têtu qui vous poursuit… Heureusement, malgré ces séquences très (trop ?) stressantes et l’aspect punitif qui va avec, URBAN RUNNER sait aussi caresser le joueur dans le sens du poil dans une répétition de l’éternel jeu de dupes du bon flic/mauvais clic : après un game over, il vous sera possible de reprendre la scène peu de temps avant, et les sauvegardes manuelles vous simplifieront souvent la vie. Inutile, donc, de pousser des cris d’orfraie. Surtout, faites attention aux détails : la couleur de chacune des salles pourrait bien avoir été choisie à dessein…
Lorsque le jeu ne se déroule pas en temps réel, il s’agit d’un point & click un peu plus classique : des objets à récupérer, à combiner, des lieux à inspecter et un certain nombre de petits puzzles à la clé. Une particularité dans URBAN RUNNER : une fois un objet ramassé, n’hésitez pas à l’inspecter sous toutes les coutures – le retourner, le lire, etc. Je l’ai déjà dit, mais URBAN RUNNER se joue en effet parfois sur des détails, et certains sont loin de sauter aux yeux. Quelques passages sont ainsi particulièrement retors, et j’avoue sans honte avoir eu recours à une solution pour voir la fin du jeu.
Si URBAN RUNNER demeure un bon jeu d’aventure, intelligemment découpé en chapitres plutôt courts pour contrebalancer la relative difficulté de certains passages, je dois avouer avoir été un tout petit peu déçu par l’aspect point & click omniprésent (sans doute assumé par les développeurs mais peut-être pas vraiment par la division marketing) au détriment du film interactif. Nonobstant ses séquences en temps réel, qui insufflent un dynamisme assez grisant, URBAN RUNNER n’a donc pas grand-chose à voir avec le genre « interactif » précité – hormis à la toute fin, où vous aurez un choix à faire qui influera très légèrement sur l’histoire. À la décharge de Coktel Vision, il faut tout de même reconnaître que le mot « interactif » était régulièrement galvaudé durant ces années-là – et qu’il pouvait donc s’entendre pour les séquences en temps réel que distillait savamment le jeu URBAN RUNNER.
L’ambiance « feuilleton policier du samedi après-midi » qui suinte de toutes les scènes en FMV avec leurs acteurs (qui cabotinent quand même, Patrick Poivey compris) fait malgré tout bien plaisir et rend ce jeu, plutôt précurseur pour son époque, vraiment attachant.
Contrairement à ce qui est indiqué sur la boîte du jeu, URBAN RUNNER n’est pas tout à fait un film interactif. Certes, certaines de ses séquences en temps réel, où le joueur est pressé par le chrono, vont dans ce sens, mais la majorité de l’aventure correspond davantage à l’idée que je me fais d’un point & click. Par contre, tout a été filmé, effectivement, et la qualité d’image est bonne pour l’époque : l’illusion est donc parfaite, et donne un « charme flou » au jeu.
Images : Abandonware.org
Vidéo :
Test en profondeur, très bien documenté et commenté.
Merci Oli.
Merci beaucoup pour le petit message – alors que l’on vient juste d’officialiser le retour d’Adibou ! ^^
J’espère que tout va pour le mieux.