Rapid Racer (PlayStation, 1997)

RAPID RACER
Titre alternatif : Turbo Prop Racing
Année : 1997 (1998 au Japon)
Studio : Team Soho / Sony
Éditeur : Sony
Genre : la PlayStation dans le grand bain !
Joué et testé sur : PlayStation
Support : CD-ROM


Avant de vous élancer sur les eaux les plus improbables et les plus dangereuses du globe, vous devrez choisir votre bateau à moteur hors-bord. Allez-vous privilégier la vitesse, l’accélération ou la manœuvrabilité ? Si vous hésitez, ne paniquez pas : en récupérant certains bonus dans les courses à venir, vous serez en position d’améliorer grandement les performances de votre dragster des mers. Au menu, pour devenir le champion incontesté de la discipline : six circuits. Les eaux plutôt calmes de Miami, les rapides prétendûment incontrôlables du Colorado, un glacier en Alaska, Le Grand Lac de l’Ours situé au Canada, une vallée perdue et inondée du Costa Rica et enfin l’incroyable course au pied d’un volcan hawaïen en éruption.

RAPID RACER. Sous ce titre pour le moins générique se cache un jeu de course de bateaux à moteur hors-bord – et ça c’est plutôt original en fait, car ce n’est pas très répandu. Je me souviens quand même d’OFF SHORE WARRIOR, un titre très sympa sorti en 1988 sur Amstrad. Près de dix années plus tard, RAPID RACER semblait donc marcher dans les pas et surtout les vagues du jeu précité – la technologie de la PlayStation pour sublimer le tout et offrir des sensations jamais vues auparavant ? Une gageure, quand on sait que WIPEOUT 2097 (rapport à la vitesse) et WAVE RACER 64 (rapport à la physique des vagues) étaient sortis avant… On ne s’amusera donc pas à comparer RAPID RACER à ces deux jeux – il ne soutient jamais la comparaison mais a néanmoins le mérite de proposer une alternative sympathique en offrant des sensations résolument à part.

Le maître-mot de RAPID RACER est : arcade ! En effet, le jeu ne se veut pas réaliste, le bateau ne peut jamais chavirer (ce qui provoque parfois des situations pour le moins ubuesques) et il ne prend pas de dégât. Tout va vite, très vite, et une fois que l’on s’est fait à l’une des trois vues disponibles, on se surprend à maîtriser des semblants de courbes afin de suivre le tracé prévu. Pour cela il faut impérativement jouer avec le stick analogique de la DualShock – oui, oui, le tout premier modèle qui faisait alors ses grands débuts et que RAPID RACER mettait intelligemment en valeur ! Grâce au stick analogique, le pilotage gagne en finesse, le bateau bouge mieux, il est vraiment possible de slalomer et de réaliser des virages serrés (L1 ou R1 pour accentuer les courbes). Pour avoir joué tout d’abord à la croix directionnelle, je peux vous assurer que la différence est énorme, car le pilotage est loin d’être simple au début. Il ne faut pas être trop brusque, il convient de tâtonner, de se laisser parfois porter par la houle pour, enfin, donner un coup sec lorsque la courbe devient plus brutale. Avec le stick analogique, c’est un plaisir de tous les instants ! Mieux : les vibrations de la nouvelle manette de Sony étaient également bien exploitées lors de la sortie du jeu, la force et la fréquence de celles-ci dépendant de notre vitesse et du type de vagues que l’on chevauche. Le studio derrière RAPID RACER s’était en réalité déjà fait la main sur cette nouvelle technologie, avec PORSCHE CHALLENGE sorti en avril 1997, l’un des premiers jeux à en tirer partie.

Le pilotage de RAPID RACER est donc assez étrange, vraiment à part : peu réaliste, parfois très bourrin mais demandant malgré tout de la finesse, de l’observation – attention aux différents types de vagues, anticipez les virages les plus scabreux ! L’ensemble se révèle alors absolument grisant, surtout que les développeurs ont assumé le côté arcade jusqu’à son paroxysme – après une première course classique sur un plan d’eau relativement calme, on se retrouve lancé à toute allure au pied des falaises écrasantes du Grand Canyon, dans un Colorado déchainé ! C’est complètement dingue, et c’est d’ailleurs à ce moment précis que l’on se rend compte qu’il ne faut pas toujours lutter contre les vagues, mais aussi accepter d’être porté par leur rage – pour mieux s’en extirper quand ce n’est plus tenable, ou lorsqu’il convient d’épouser les courbes assassines d’un improbable virage. Vous pensiez avoir tout vu ? Eh bien attendez de vous élancer, en faisant vrombir votre turbine, sur le circuit situé en Alaska où il vous faudra littéralement glisser sur la glace ivoirine d’une rivière gelée ! Et je ne vous ai pas encore parlé de la course hawaïenne où les bateaux ne navigueront pas sur l’eau… mais sur de la lave en fusion, dans la fournaise pulvérulente d’un volcan en éruption ! Je sais, c’est ridicule, mais au moins le ton est donné : malgré une certaine finesse dans le pilotage, qui demande parfois de la retenue, RAPID RACER ne se prend pas au sérieux.

Parallèlement à tout cela, les circuits sont aussi peuplés de bonus et de malus. Les ronds verts sont des turbos – essentiels à la course, ne les manquez pas ! Les pièces jaunes permettent, si vous en récupérez cinq, de recevoir une amélioration pour votre bateau (à choisir entre vitesse, accélération et manœuvrabilité) – détail étrange : pour obtenir définitivement l’amélioration en question, il faut donc récupérer cinq pièces, terminer premier de la course et… compléter ensuite une espèce de mini jeu, très simple (sauf en hard) et donc peu intéressant. Était-ce vraiment nécessaire ? Les ronds bleus permettent de gagner de précieuses secondes (essentiels si vous jouez pour établir des records, et donc inutiles pour le commun des mortels). Côté malus enfin, les petites mines rouges vous ralentissent si vous en heurtez trois à la suite – pire, elles peuvent aussi annuler des turbos ! Ces petits aléas placés çà et là sur les circuits apportent un vrai plus à la course, et le joueur devra donc faire particulièrement attention à certains moments : dompter les vagues et maîtriser les courbes les plus improbables ne suffira pas toujours pour terminer premier. Il vous faudra aussi penser vos différentes trajectoires avec ces bonus et malus dans un coin de la tête, en particulier au Costa Rica, de loin le circuit le plus difficile (en hard c’est une plaie !).

J’ai vraiment beaucoup aimé me plonger dans les eaux tumultueuses de RAPID RACER : dompter le pilotage assez original du bateau, apprendre à me laisser porter par certaines vagues et à en briser d’autres… devoir terminer premier de toutes les courses pour progresser, améliorer mon bateau et éventuellement en débloquer de nouveaux pour gagner en stabilité. Un plaisir assez rare, RAPID RACER offrant des sensations un peu burlesques certes, mais vraiment originales. Mais si j’aime ce jeu, je reste conscient qu’il ne s’adresse plus qu’aux retrogamers. Un public plus jeune devrait avoir du mal à digérer ses graphismes – qui sont pourtant très corrects, si vous en profitez sur une vieille télévision à tube cathodique. Et si RAPID RACER tourne à 60 fps (50 en Europe), il n’est pas exempt de tout reproche en matière d’affichage (petits bugs ponctuels et quelques réactions bizarres, parfois). Pire : son contenu est particulièrement chiche. Six circuits en tout et pour tout ! Même si ceux-ci sont plutôt réussis (je regrette malgré tout que les sauts ne soient pas plus impressionnants), ça fait peu. Pour rallonger l’ensemble, les développeurs ont donc eu recours à un stratagème peu glorieux : pousser le joueur à refaire les mêmes circuits pour officiellement terminer le jeu ! Pour avoir la chance d’assister au petit film de la victoire, vous devrez donc finir premier à chacune des six courses, puis comme l’écume des jours ne suffisait pas il vous faudra goûter à celle des nuits, le vague à l’âme, avec les mêmes circuits plongés dans l’obscurité, pour refaire enfin encore une fois le tout mais à l’envers – avec le sempiternel mode miroir. Soit dix-huit courses en tout, mais uniquement six circuits différents. Rien d’outrageusement difficile, mais ça manque clairement de variété, non ? Idem pour les championnats disponibles dans trois difficultés différentes – vous ne pourrez y participer qu’après les avoir débloqués. Heureusement, le joueur têtu sera récompensé en toute fin de parcours, avec un mode fractal permettant de créer de nouveaux circuits à l’envi – je l’ai testé. C’est assez rigolo mais je m’attendais à plus de folie dans les courbes, à plus de charme dans le galbe des vagues. Avec ces courses qui se voulaient pourtant aguichantes, on reste donc assez loin de la femme fractale.

Vous êtes donc prévenus : RAPID RACER propose des courses d’enfer, mais en nombre assez limité. Sa maniabilité étrange et originale, ses graphismes bien évidemment datés et son manque de contenu risquent donc de vous effrayer. Pour ma part, j’ai beaucoup aimé surfer et faire rugir mes turbos sur ces eaux tumultueuses, jouer des coudes, carlingue contre carlingue et envoyer voler mes adversaires… pour finalement dompter le chrono et les vagues les plus dingues. Si on reste loin de la qualité des séries WIPEOUT et WAVE RACE, RAPID RACER a le mérite d’exister et de proposer une alternative osée et relativement convaincante. Cerise sur le bateau : on peut y jouer à deux.

Note : Nostalgie :

Je ne suis pas un spécialiste du genre, mais il me semble qu’il n’y a pas beaucoup de jeux de course de bateaux… Bien évidemment, OFF SHORE WARRIOR, sorti en 1988, vient tout de suite à l’esprit, ainsi que HYDRO THUNDER. Mais entre les deux titres précités, il y a aussi eu RAPID RACER, un jeu quelque peu tombé dans l’oubli, alors qu’il a plein de qualités – et autant de défauts ? Son contenu très limité et sa technique convaincante pour l’époque (60 fps, superbe impression de vitesse) mais qui n’a pas nécessairement bien vieilli, comme tant d’autres jeux des débuts de la PlayStation, effrayeront plus d’un joueur. Celles et ceux qui ont les reins solides, l’esprit vagabond et l’imagination galopante d’un retrogamer devraient au contraire pouvoir s’amuser avec RAPID RACER. Ça va vite, c’est fun, décomplexé, la physique des vagues est étrange mais ajoute du sel (marin) au pilotage déjà assez original du bateau.

Images : Jeux vidéo et des bas                                                       PlayStation Magazine numéro 11

Preview d’époque :

Vidéo sur une vraie console (enregistrée par mes soins) :

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