TOKEIJIKAKE NO AQUARIO
Titre alternatif : Clockwork Aquario
Année : 2021
Studio : Westone Bit Entertainment / Ratalaika Games
Éditeur : Strictly Limited Games / ININ Games
Genre : sauvé des eaux
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray
Récemment, de terribles incidents ont ravagé certaines parties du monde. Derrière ces attaques se cache en réalité le docteur Hangyo, étrange batracien bedonnant au sourire truqueur. Imperméables aux salamalecs de ce dernier, trois héros vont se lancer à l’assaut d’Aquario, le royaume sous-marin de Hangyo. Les aventuriers en question se nomment Huck Londo, Elle Moon et Gush, un robot. Parviendront-ils à faire face à la menace, et à atteindre le cœur d’Aquario, que l’on dit tout entier construit autour d’engrenages voraces ?
Contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser, CLOCKWORK AQUARIO n’a pas fait preuve d’une précision d’horloger : le bougre est arrivé avec près de 27 années de retard ! Le jeu de Westone (Nishizawa Ryuichi, Kurihara Takanori, Morioka Mina et Sakamoto Shinichi aux musiques) était prévu pour les bornes d’arcade mais il fut annulé en 1994 – on raconte que les petits jeux en 2D n’étaient déjà plus en odeur de sainteté… C’est d’autant plus triste qu’il était presque terminé. Grâce aux efforts démesurés des Allemands de Strictly Limited Games (qui n’en sont pas à leur coup d’essai, souvenez-vous d’ULTRACORE), mais aussi de ININ Games et de plusieurs membres de l’équipe japonaise de l’époque, le projet renait de ses cendres en 2021 ! Le jeu a été finalisé et même édité au format physique (SLG pour l’Europe, ININ pour le Japon) sur Switch et PlayStation 4. Je ne pouvais définitivement pas rester de marbre face à un diamant brut qui faillit ne jamais trouver son écrin !
CLOCKWORK AQUARIO est un jeu relativement simple, qui se termine assez vite – comptez vingt minutes une fois que vous aurez dompté ses mécaniques. Rien de scandaleux à mon sens, il s’agit d’un jeu d’arcade, pas d’un RPG. Surtout, il est possible de refaire des parties en variant les plaisirs, puisque les trois personnages jouables proposent chacun un gameplay légèrement différent – allonge, vitesse, hauteur des sauts… ma préférence allant au robot un brin bourrin mais rigolo. De plus il est possible de jouer à deux en coopération, ce qui amène une nouvelle fois de l’eau à mon moulin à paroles réglé comme une horloge suisse : le gameplay s’en retrouve légèrement, mais intelligemment enrichi.
CLOCKWORK AQUARIO est un jeu de plates-formes, avec une bonne dose de baffes ! On élimine les ennemis en leur sautant dessus, ou en les frappant directement – ce qui a pour conséquence de les étourdir. Il est alors possible de les achever (je sais que vous en mourez d’envie, vous les adorateurs du pixel mort) ou de vous en saisir (simplement en les touchant) pour les utiliser comme projectiles. Les mécaniques ont l’air très simples, présentées comme ça, et en fait elles le sont ! Mais en réalité, à mesure que l’on joue, on découvre plusieurs petites feintes délicieuses. Rien d’extravagant, le jeu se joue toujours uniquement avec deux maigres boutons, mais ça fait toujours plaisir de mettre à jour quelques techniques pernicieuses – découvrir que l’on peut envoyer des projectiles sur des ballons pour les faire rebondir, se rendre compte que l’on peut tuer les ennemis aussi bien en leur sautant dessus qu’en les percutant par-dessous lorsqu’ils sautent et finalement comprendre qu’il y a mille et une façons d’occire les boss, en particulier parce que dans ce jeu précis, les plus gros poissons ne sont pas les derniers à mordre à l’hameçon de nos petits bras musclés – oui vous pourrez vous amuser à envoyer valdinguer des monstres qui font plus de dix fois votre taille ! À deux joueurs, d’autres menues surprises vous attendent : vous pourrez sauter sur votre partenaire, le projeter ou encore vous renvoyer des projectiles. Suffisant pour faire de ce jeu, un peu trop docile, le mètre étalon des pépites oubliées et endormies, miraculeusement ramenées à la vie ?
Non. Si le jeu est plaisant, si je me suis vraiment amusé l’espace de quelques parties (avec chacun des personnages, puis en essayant de réaliser un no-miss voire en jouant un peu pour le scoring en détruisant tous les ballons), force est de constater que CLOCKWORK AQUARIO n’est pas exempt de défauts – on a l’impression qu’il manque quelques petites choses parfois (des secrets, de la profondeur dans certains niveaux) et quelques grammes de finesse en sus n’auraient pas été du luxe. Soyons honnêtes : si le jeu était sorti en 1994, il serait sans doute passé inaperçu. Mais le voir revenir ainsi sur le devant de la scène plusieurs décennies plus tard, je trouve que c’est une bien belle histoire.
Annulé en 1994 alors qu’il était, parait-il, presque prêt à sortir sur les bornes d’arcade de l’époque (il aurait même été présenté dans certaines salles de Shinjuku et de Ueno en 1993), CLOCKWORK AQUARIO débarque finalement en 2021 grâce aux efforts de nombreux passionnés, dont les Allemands de Strictly Limited Games et plusieurs membres de l’équipe originelle (Nishizawa Ryuichi le programmeur, Sakamoto Shinichi le compositeur…). Petit jeu de plates-formes très plaisant saupoudré de discrète action, jouable à deux en coopération, CLOCKWORK AQUARIO est définitivement une bonne pioche, même si après un tel coup de pelle dans le triste cimetière des jeux oubliés, on s’attendait peut-être à quelque chose de plus marquant.
Images : éditeur
Trailer :
Une partie complète :