Toki (PlayStation 4, 2019)

TOKI
Année : 2019
Studio : Microids
Éditeur : Microids
Genre : la PS4 singe l’arcade !
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray


La main magique et gigantesque du sorcier Bashtar a enlevé la douce Miho, tandis que Toki, son amant, a été réduit au rang de simple primate. Simple, vraiment ? Pas tant que ça. Bien que particulièrement lent, Toki le singe va prendre son courage à deux mains et s’en aller défier les hordes de Bashtar. Sous l’eau, dans des grottes enneigées, sous les pentes d’un volcan ou encore sur un wagonnet lancé à toute allure, Toki n’abandonnera pas si facilement sa tendre moitié. Bien que ne disposant d’aucune arme, il pourra compter sur ses crachats destructeurs ! Dépoussiéré par une équipe de passionnés, Toki est donc de retour, avec moins de pixels mais toujours autant d’amour !

J’ai toujours beaucoup aimé TOKI – le jeu original me faisait baver à force de voir son grand singe cracher, et la version Amiga, malgré un léger souci de maniabilité inhérente au support micro, avait su combler mes envies d’arcade à la maison. Le remake qui nous intéresse aujourd’hui a été développé par Microids qui a eu l’intelligence de faire appel à quelques vétérans dont Raphaël Gesqua (FLASHBACK, MR. NUTZ…) pour les musiques et Philippe Dessoly pour la partie graphique, notamment. Un pari pas forcement risqué puisque l’intéressé était déjà à la barre de la magnifique version Amiga. Ce qui surprend cependant, c’est le choix artistique effectué par l’équipe de développement : oubliez le pixel-art en vogue depuis un moment, et qui aurait peut-être été une solution de facilité, et accueillez les bras grands ouverts et les yeux amusés les graphismes complètement remaniés du jeu. Personnellement je les trouve magnifiques, super expressifs et vraiment chaleureux… et ça nous change du pixel-art dont certains abusent parfois – mais ne leur jetons par la pierre, puisque la demande est là.

Sur le fond, TOKI reste inchangé, ce qui enchantera les vieux routiers du genre, mais effraiera peut-être les plus jeunes pas forcement habitués à un personnage aussi lent dans un jeu de plates-formes. Primaire, le primate ? Sans doute un peu, oui. TOKI est en fait assez simple, sans secret ni mécanique particulièrement retorse, ce qui se vérifie jusque dans les boss, impressionnants et inoubliables pour n’importe quel joueur ayant grandi dans les années 80, mais dont on finit par se défaire facilement quand on a en tête leurs deux ou trois mouvements. Et c’est presque tout le jeu qui est ainsi fait : difficile au premier coup d’œil, mais tellement bien pensé pour l’époque qu’il offre intelligemment toutes les armes aux joueurs pour se faire dompter – niveaux courts au level design extrêmement réfléchi. En gros, on progresse très vite dans TOKI, surtout le jeu n’est jamais vraiment décourageant et pousse le joueur à se retrousser les manches dans la bonne humeur, sans réellement forcer, parfois juste pour avoir le privilège de découvrir un nouveau monde, et ses monstres hauts en couleur. Quant aux couleuvres, je ne vous ferai pas l’affront de vous les faire avaler : non je n’ai jamais dit que TOKI était l’un des meilleurs jeux de plates-formes de tous les temps. Néanmoins, il s’agit bel et bien d’un jeu culte, et l’une des raisons pour expliquer cela est sans aucun doute le plaisir que l’on prend à le parcourir, le sourire béat.

Le remake de Microids propose plusieurs difficultés, qui viennent à chaque fois modifier notre nombre de vies et de crédits, et surtout la résistance des ennemis. Dans le mode hardest, où il faut parfois marteler le bouton plus que de raison, on en vient ainsi à regretter l’absence de petits ajouts optionnels comme un auto-fire, qui nous aurait évité une trop abondante transpiration… Il s’agit d’ailleurs du plus gros défaut de ce remake : il ne propose pas nécessairement grand-chose de plus que le jeu original – qui était très bien, certes, mais quand on voit le travail réalisé par Natsume sur WILD GUNS RELOADED ou THE NINJA WARRIORS (nouveaux personnages, gameplays et niveaux), on se dit que le contenu de TOKI, outre la refonte graphique et la réorchestration des musiques, est en fait un peu chiche. Pourquoi ne pas avoir inclus le jeu d’origine en bonus à débloquer ? Pourquoi ne pas avoir proposé un mode avec quelques nouveautés ? Pourquoi n’y a-t-il pas de nouvelles petites fins supplémentaires quand on boucle le jeu dans les plus hautes difficultés ? Pourquoi dit-on que l’Homme descend du singe mais Jessica Lange, de King Kong ? Alors à la décharge des développeurs, il convient de rappeler que ce projet avait été annulé, avant d’être miraculeusement sauvé des eaux d’un coup de banane magique. Par conséquent même nu comme un vers, on a envie d’accueillir TOKI à bras ouverts.


Cornofulgure ?!.

J’arrête donc là mes remontrances car ce qui prévaut, finalement, c’est le plaisir que l’on prend sur un jeu vidéo. Et celui pris sur TOKI est infini, pour peu que vous appréciiez les jeux de plates-formes à l’ancienne, vous y reviendrez toujours un jour ou l’autre pour une petite partie ! Les premières notes de musique inoubliables, la possibilité d’écraser les ennemis et sauter ainsi plus haut pour attraper des bonus, les différents tirs à récupérer çà et là, le fameux casque de football qui rend invincible, ces boss et nombreux ennemis qui nous ont laissé des plaies et des souvenirs indélébiles, six niveaux variés ayant chacun une identité propre, le passage sous l’eau vraiment fun alors que c’est souvent lourdingue chez la concurrence, l’inénarrable séquence sur le chariot qui a poussé plus d’un joueur normalement constitué à insulter la Terre entière (sauf sa mère) et cette difficulté globalement assez relevée au premier coup d’œil, mais qui se révèle vite maitrisable car jamais injuste – on s’amuse alors à tenter un 1CC voire un plus improbable 1LC ! Une chose est sûre : le joueur nostalgique y retrouvera ses marques, ses poils et ses pattes à vitesse grand V. Non, ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces, même lorsque celui-ci se déplace au rythme d’une limace !

Note :

L’aura (outan) du jeu TOKI n’a pas faibli. Certes il ne s’agit pas du meilleur jeu de plates-formes de tous les temps, mais il n’en demeure pas moins un titre culte pour toute une génération. Ce remake lui rend un vibrant hommage en reprenant tout ce qui faisait le sel du jeu originel – gameplay un peu moins rigide qu’à l’époque cependant. Un soin tout particulier a été apporté aux graphismes, pour une fois fort éloignés du sempiternel pixel-art, et aux musiques ici savamment réorchestrées. Les plus pointilleux pourront toujours pester sur le manque criant de nouveautés et de bonus (le jeu se boucle en 30 minutes quand on le connait), mais pour un projet qui avait été annulé avant de renaitre miraculeusement de ses cendres, il y a malgré tout de quoi être satisfait. Et puis nous, on ne va quand même pas cracher… dans la soupe !

Images : éditeur

Trailer :

Mon 1CC en mode Hardest :

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