NIGHT BOOK
Année : 2021
Studio : Good Gate Media
Éditeur : Wales Interactive / Limited Run Games
Genre : Esprit, et tue-la !
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray
Loralyn, qui habite à Londres, est une interprète qui travaille pour la compagnie Glossa Lingua, proposant des services essentiellement en ligne. La jeune femme est spécialisée dans le français et l’anglais, mais possède également une autre corde à son arc : elle parle le kannar, un langage pratiqué dans une toute petite région de l’océan Pacifique Nord, connu sous le nom de Le Pouce. Son mari, un homme d’affaires, y est actuellement pour conclure les derniers détails d’un grand projet de complexe touristique qu’il souhaite implanter rapidement là-bas. Ce soir-là, tandis que son père, qu’elle héberge, semble souffrir d’hallucinations, Loralyn va recevoir deux appels professionnels pour le moins étranges : il y sera en effet question, dans les deux cas, d’un mystérieux livre écrit en kannar…
Comme vous le savez sans doute, j’aime beaucoup les jeux au format FMV, ou films interactifs avec des choix, parfois de cruels cas de conscience, à exécuter à la volée, laissant à peine à vos paupières le temps de ciller. Dans son genre, NIGHT BOOK fait figure de bonne pioche sans pour autant atteindre le haut du panier. La faute principalement aux décors extrêmement limités (huis clos pour masquer d’évidentes restrictions budgétaires) et à des angles de caméra sans imagination – tout est vu par le prisme de vidéos réelles (caméras de surveillance dans l’appartement, smartphones ou webcam fixée sur les ordinateurs), et les personnages ne se croisent en fait jamais.
Curieusement, le charme opère malgré tout – si certains effets horrifiques sont un peu grossiers et la frousse douceâtre, une angoisse rampante s’installe pernicieusement. La peur n’est pas au rendez-vous mais on se pose des questions, notre petit cœur palpite par moment. Le suspense est réel et on se prend au jeu, à vouloir distinguer le vrai du faux, à chercher à convaincre tel ou tel individu de bien vouloir nous aider – il faut absolument mettre la main sur ce livre prétendument maudit, le « Night Book ». Et ce, le plus rapidement possible. Chacune de nos phrases devient alors extrêmement sensible – c’est qu’il ne faudrait pas vexer celui ou celle qui pourrait encore nous sauver ! Pour que l’illusion dure le plus longtemps possible, je vous conseille donc de jouer en temps réel, et de ne pas opter pour l’option « pause » lors des choix à faire. Rien de mieux pour avoir la sensation de pouvoir basculer à tout moment en Enfer !
Le game over (disons la mauvaise fin) n’est donc jamais bien loin, et peut frapper résolument tôt dans le récit. Pour ma part j’ai obtenu une bonne fin lors de ma deuxième partie – et ce fut extrêmement valorisant. Il y a un total de quinze dénouements différents, certains plus choquants ou intéressants que les autres. Une option bienvenue permet de zapper les scènes déjà vues lorsque l’on rejoue au jeu (bouton R1). Les mauvaises langues diront que ce n’est pas forcément une bonne idée, le jeu étant plutôt court (une petite heure) – moi je trouve ça très bien, surtout qu’une durée d’une ou deux heures pour ce genre de divertissement me parait tout à fait acceptable, comme dans un film. Et comme dans un film, le casting a évidemment son mot à dire. Ici l’actrice principale, Julie Dray, est excellente – d’ailleurs les francophiles seront ravis d’apprendre que l’intéressée, française, s’exprime aussi bien en anglais que dans sa langue maternelle, dans NIGHT BOOK (elle y est interprète). Parmi les petites surprises, notons également la présence de Colin Salmon, acteur bien connu à Hollywood.
NIGHT BOOK fera sans nul doute passer un bon moment aux amateurs de jeux au format FMV. On regrettera surtout qu’il ne fasse vraiment pas peur – malgré tout, le suspense fonctionne assez bien. Résolument court, le jeu de Wales Interactive propose heureusement de nombreuses fins différentes, et nos statistiques nous suivent d’une partie à l’autre. Mais comme souvent avec ce genre d’aventure interactive, je ne vous conseille pas d’en défricher les moindres interstices, embranchements et recoins d’une seule traite. Le mieux est encore de faire une pause, de quelques mois ou années, après avoir découvert deux ou trois dénouements différents. Revenir sur ce jeu avec un œil frais est le meilleur moyen d’en profiter pleinement de nouveau.
Note :
Ne vous attendez pas à un jeu horrifique à tendance épouvante, c’est le meilleur moyen d’en ressortir déçu, car NIGHT BOOK ne fait pas peur. Prenez-le plutôt comme un petit thriller fantastique interactif, et vous passerez un bon moment – en particulier si vous êtes friand de ce genre d’expérience. En effet, un néophyte pourrait avoir un peu plus de mal, car NIGHT BOOK ne dispose pas de décors très inspirés, ni d’un travail de réalisation pointu – la faute, sans doute, à un budget étriqué.
Images : éditeur
Trailer :