NEO CONTRA
Année : 2004
Studio : KCET
Éditeur : Konami
Genre : les (3)dés sont jetés !
Joué et testé sur PlayStation 2
Support : DVD-ROM
Planète Terre, 4444 A.D. La belle planète bleue n’est plus qu’une triste prison géante à ciel ouvert. Peuplée par la lie de l’humanité, mais aussi par des prisonniers politiques, elle voit naitre de ses cendres purulentes un nouveau groupe relativement énigmatique nommé Neo Contra. Bien vite, les promesses d’une vie meilleure de la part de Neo Contra vont révéler leur vraie nature : de la poudre aux yeux, radioactive ! Son leader, Master Contra, cache de plus un secret inavouable, qui concerne directement Bill Rizer. Ça tombe bien : le héros des précédentes campagnes accepte de rempiler, avec à ses côtés Jaguar, un samouraï du futur. Les deux guerriers invincibles sont donc envoyés sur Terre pour mettre un terme aux projets fous de Neo Contra.
La transition de la série CONTRA de la 2D à la 3D n’est pas une surprise en soi. C’était même, avouons-le, un passage presque obligé à l’époque des PlayStation 1&2. Mais si MAXIMO s’en est bien sorti, on ne compte plus le nombre de franchises saccagées par ce saut de l’ange dans l’inconnu mal maitrisé, voire pas toujours justifié. Concernant CONTRA, je n’irais pas jusqu’à dire que cette transformation coulait de source, mais elle n’avait rien d’illogique. Que ce soit sur Famicom, Game Boy ou Super Famicom, les développeurs de Konami avaient déjà eu de la suite dans les idées, et des idées dans les suites : outre la classique vue en 2D de côté, les différents jeux ont aussi offert des niveaux en vue strictement zénithale (CONTRA SPIRITS), parfois aérienne mais légèrement en retrait (SUPER CONTRA, OPERATION C), ou même dans le dos du joueur, en mode Shooting Gallery (CONTRA). NEO CONTRA reprend donc le flambeau de napalm et, c’est une bonne nouvelle, sans trop se brûler les doigts avec.
Sur PlayStation 2, NEO CONTRA épouse donc les formes et les flammes de la vue aérienne déjà expérimentée dans de précédents épisodes de la série, à ceci près qu’avec une manette dotée de deux sticks analogiques, eh bien on s’attend naturellement à pouvoir les utiliser, encore plus aujourd’hui, une époque où sévissent de nombreux twin-stick shooters de qualité. Hélas ce n’est pas possible : seul le stick gauche est ici mis à contribution, et pour tirer il faut appuyer sur le bouton carré (gâchette L2 pour bloquer le tir dans une direction donnée). Cela confère-t-il au jeu un charme suranné ou l’enferme-t-il au contraire dans le douloureux carcan d’un gameplay désuet ? Un peu des deux… Il faut en effet reconnaitre que ce jeu n’a pas aussi bien vieilli que les glorieux opus 2D de la série mais après un temps d’adaptation, et pour peu que vous soyez de la même génération que moi, vous retrouverez vos marques – les développeurs ont même pensé à inclure un dash qui, lorsqu’il est exécuté en étant immobile, déclenche une courte i-frame permettant d’éviter les tirs ennemis. C’est bien trouvé car cela ne coulait pas nécessairement de source en 2004.
Au sujet de l’armement, le CONTRA précédent avait fait le choix d’un arsenal limité avec trois armes constamment dans notre besace, eh bien NEO CONTRA en reprend le concept (un pack de trois armes) mais en proposant cette fois-ci plusieurs packs au début du jeu. Chaque pack vous permet normalement d’avoir une arme rapide, une plus lente mais destructrice, et une téléguidée – bouton triangle, dont vous allez user et abuser dans NEO CONTRA, oui une grosse partie de son gameplay tourne autour de ces missiles ou lasers qu’il faut actionner en superposant notre viseur sur une cible valable, et appuyer plus ou moins longtemps sur le bouton pour lâcher un ou plusieurs semeurs de mort qui se dirigeront directement vers leur objectif : dans NEO CONTRA, c’est de chair et de tôles froissées, que sont faits les feux d’artifice. Oui ça marche vraiment bien, et généralement les boss eux-mêmes devront être mis à terre en utilisant cette attaque. Comme dans SHIN CONTRA, on s’amuse donc vraiment à passer d’une arme à l’autre dans le feu nucléaire de l’action – lorsque vous connaitrez bien les ennemis et les niveaux, vous saurez quoi faire au bon moment pour vous simplifier la vie.
Concernant le bestiaire et le level design, ceux-ci sont nettement moins impressionnants que dans SHIN CONTRA – sans doute la faute à la 3D, il a fallu tout repenser et s’adapter. On notera malgré tout certains passages particulièrement inspirés, tournant d’ailleurs le dos à la 3D en question : l’escalade d’un gigantesque bâtiment en étant poursuivi par une abomination, ou encore cette course contre la mort, non pas à dos de moto, mais de dino ! Mais même lorsqu’ils sont en 3D, les niveaux n’ennuient pas, on s’y amuse notamment en utilisant le bouton triangle et les feux du ciel, et c’est bien là l’essentiel. Sur le modèle de SHIN CONTRA, les quatre premiers niveaux sont sélectionnables dès le début, et une fois bouclés, ils débloquent le cinquième niveau – la première fois, vous devriez soit perdre, soit finir le jeu mais avec la bad ending absolument cataclysmique, je me suis cru chez Roland Emmerich ! Pour accéder au Graal, c’est-à-dire aux vrais derniers niveaux et à la bonne fin, il faudra donc terminer les cinq premiers niveaux avec au moins un rang A – ce qui m’avait pris un certain temps avec le CONTRA précédent, mais moins de quatre heures avec NEO CONTRA. Le jeu est globalement beaucoup plus facile. De plus, certaines armes font mal. Trop mal ? Certes au premier coup d’œil, on dira que la mitraillette de base est utile en toute circonstance – le canon sied au joueur impatient. Mais une fois que vous aurez gouté au cinquième pack d’armes (que l’on débloque après avoir vu la fin du niveau 5 pour la première fois), vous aurez la lance-flemme de revenir aux précédents. Ce pack est en réalité hyperpuissant – au point de déséquilibrer le jeu ? Sans doute un peu oui, mais c’est tellement tentant… et plaisant !
NEO CONTRA est définitivement un bon petit jeu d’action, mais pas un grand CONTRA, ni un vrai twin-stick shooter. Il souffre d’ailleurs de la comparaison avec les jeux du même genre, sortis plus récemment et qui procurent bien évidemment des sensations plus grisantes. Malgré tout, les défauts majeurs de NEO CONTRA sont aussi ceux de son époque. Aussi et plutôt que de le clouer au pilori pour ça, on devrait le remercier d’avoir su montrer la voie, tant de nombreux jeux ont par la suite marché dans ses pas.
Note : Nostalgie :
NEO CONTRA a sans doute moins bien vieilli que d’autres jeux de la série, en particulier ceux en pure 2D. Jouable à deux, il procure malgré tout de bonnes sensations, propose quelques séquences saisissantes (l’escalade de l’immeuble, le combat improbable sur les pales d’un hélicoptère…) et si sa relative facilité est surprenante pour un CONTRA, elle ravira une partie des joueurs – et en décevra d’autres, celles et ceux qui aimaient suer sang et eau pour maitriser les différents boss et niveaux.
Images : ce site
Trailer de l’E3 2004 :