True Lies (Super Famicom, 1995)

TRUE LIES
Année : 1995
Studio : Beam Software
Éditeur : LJN Ltd. / Acclaim
Genre : l’effaceur (de terroristes)
Joué et testé sur Super Famicom
Support : cartouche


Harry Tasker mène une double vie. Pour sa famille, il est un simple représentant en produits informatiques, souvent en déplacement. Mais en réalité, Harry est un espion, membre du groupe d’élite Omega Sector, spécialisé dans les actions anti-terroristes. Cette fois-ci, Harry Tasker se lancera aux trousses de Salim Abu Aziz, leader de la cruelle faction dénommée Crimson Jihad. Armé d’un simple revolver, notre super espion, qui est aussi un super soldat, pourra compter sur d’autres jouets disséminés çà et là : fusil à pompe, fusil mitrailleur, grenades, mines et même lance-flammes ! Depuis la Suisse et ses montagnes aux pentes enneigées, en passant par des batailles rangées dans des centres commerciaux et leurs toilettes truffées de plomb, de grands parcs voire même entre deux rames de métro ou dans un bateau infesté de terroristes, Harry Tasker va remuer ciel et terre pour mettre la main sur Aziz – lui qui aime les explosifs sera ravi d’apprendre qu’il finira en feu d’artifice !


En matière de vrais mensonges, l’éditeur LJN en connaissait un rayon. Grand adepte des achats de licence puis des adaptations à moindre coup et effort sur le plus grand nombre de machines possible, LJN excellait dans l’art de décevoir, de doucher les espoirs de jeunes joueurs naïfs qui se laissaient souvent avoir à cause d’une belle jaquette ou d’un titre ronflant. Ocean officiait peu ou prou dans la même catégorie, avec néanmoins davantage de réussites à son actif. Si le joueur était donc la première victime de ce genre de pratiques, cela n’allait pas sans causer un gros dommage collatéral, en la personne d’Arnold Schwarzenegger ! Notre bonne vieille légende d’Hollywood n’a pour ainsi dire jamais eu la chance d’être correctement adaptée en jeu vidéo – si on met de côté quelques jeux TERMINATOR corrects, voire bons. TOTAL RECALL, PREDATOR, LAST ACTION HERO, DOUBLE DETENTE, la liste des déceptions est grande – et on peut s’avérer heureux que les droits du film HERCULE À NEW YORK n’aient pas été rachetés par LJN ! Toutefois, lorsque l’on prend le temps de donner un coup de pelle dans le catalogue de cet éditeur, on s’aperçoit que TRUE LIES est une bonne pioche.


TRUE LIES est ce que j’aime appeler un walk and gun, ici en vue aérienne mais non zénithale. Je précise d’emblée que je suis particulièrement friand de ce genre de jeux, mes goûts ayant sans doute été modelés dès mon plus jeune âge, lorsque je découvris les yeux ébahis les guerres de tranchées et les jets de grenades pixelisés, avec des jeux comme COMMANDO, WHO DARES WIN II et IKARI WARRIORS sur mon Amstrad CPC. Plus tard, j’ai joué à des titres de meilleure qualité encore : THE CHAOS ENGINE, RED ALERT, MERCS, BLOODY WOLF et tant d’autres ! Si TRUE LIES se situe loin des cadors du genre, il distribue malgré tout efficacement les balles et la mort. Surtout, il adapte une œuvre de James Cameron avec notre Schwarzy adoré, et ça fera plaisir aux fans de revisiter certains décors du film (et d’autres plus fantaisistes), agrémentés de quelques photos digitalisées entre les niveaux – hélas non, je vous vois venir amis cinéphiles et voyeurs, mais il n’y a pas de séquence dans l’hôtel pour illustrer le strip-tease ravageur de Jamie Lee Curtis.


Sans être très originaux, les décors en question ont le mérite de bien se différencier les uns des autres, graphiquement parlant, j’entends (seul l’avant-dernier niveau propose un gameplay propre, en forme de petit shoot’em up aux commandes d’un avion). La réception du début, le métro avec ses couloirs sombres, le parc au contraire particulièrement ensoleillé, le centre commercial, les docks (avec en sus la belle ambiance sonore du ressac et des mouettes disséminées çà et là)… Si (presque) à chaque fois il sera question de tuer/trucider/exterminer les méchants, à plusieurs reprises les niveaux proposeront des idées voire des astuces de level/game design un brin variées : fuir en dévalant les pentes enneigées du premier niveau, ne pas tirer sur les innocents dans le centre commercial, éviter de se faire écraser par une rame dans le métro, détruire un certain nombre de caisses sur les docks… Rien d’extraordinaire mais les développeurs ont malgré tout essayé de varier un peu les plaisirs – car le reste du temps, outre le fait qu’il conviendra de tuer des terroristes, on retrouvera quelques passages obligés et un peu lénifiants du genre comme la recherche de clés pour ouvrir des portes ou d’objets plus importants pour terminer une mission.


Au niveau du gameplay, TRUE LIES n’a pas inventé la poudre mais il la fait parler. La maniabilité est ainsi suffisamment correcte pour amuser : il est possible de changer d’armes à la volée (on peut même trouver des grenades et des mines) et un bouton permet de bloquer le tir dans une direction donnée – importantissime par exemple pour tirer en faisant des pas chassés, en reculant, etc. Une roulade peut aussi être exécutée mais elle n’est pas simple à placer dans l’urgence – difficile d’appuyer sur trois boutons presque en même temps (tir, direction bloquée, roulade). En général ça ne pose pas de grand problème car le jeu est relativement lent (d’aucuns diront qu’il est mou), on progresse tranquillement à notre rythme. Pourtant, et c’est l’un des défauts du jeu, certaines scènes inondent l’écran d’ennemis (par exemple les combats de boss, ratés), le gameplay affiche alors ses limites et ça finit par devenir irritant (le combat final dans la raffinerie, ubuesque). Et gardez bien en tête que les roulades sont vraiment efficaces une fois maitrisées – elles sont d’ailleurs quasiment indispensables contre le boss de fin.


Pour contrebalancer certains pics de difficulté un brin indigestes, les développeurs ont eu la bonne idée d’inclure des mots de passe entre chaque niveau – un détail salvateur qui fait beaucoup de bien au jeu, sans cela il serait presque impossible à terminer d’une traite, surtout qu’il est long pour le genre. D’autres petites choses m’ont particulièrement plu : les passages secrets disséminés dans les niveaux, permettant le plus souvent de récupérer armes, munitions, médikits ou vies supplémentaires, l’absence de compte à rebours (quel soulagement, on peut avancer à notre rythme, piéger les adversaires, farfouiller partout, etc.) ou encore la mort définitive de tous les terroristes que vous tuerez (et vous en tuerez beaucoup !) – ici pas de respawn qui tienne, même lorsque l’on passe d’une zone à l’autre. Les armes enfin, sont vraiment agréables à utiliser, et leur maniement très différent permet de varier les approches en fonction de l’espace à disposition et de la position des ennemis – attention certains campent en nous canardant ou en lançant des grenades, quand d’autres chargent carrément sur nous ! Sachez d’ailleurs que l’arme la plus puissante (le lance-flammes) est généralement très bien cachée : oui, griller du terroriste se mérite ! Bourrin en apparence, TRUE LIES est donc en fait aussi très tactique : sa difficulté poussera le joueur à la prudence. Il faudra analyser les niveaux, le placement des ennemis et connaitre leur modus operandi. Choisir la meilleure arme en fonction de la situation, économiser les munitions et prendre le temps de dénicher les secrets disséminés un peu partout. Si Harry a définitivement du plomb dans son canon scié, il en a aussi dans la tête !


TRUE LIES est un walk and gun de bonne facture, un brin trop long et parfois assez redondant et trop dur (un ou deux combats de boss gâchent un peu la fête), sauvé de l’anonymat des cartouches usées grâce à son titre et à la bouille digitalisée de Schwarzy, et à de bonnes idées de game design aussi.

Note :   Nostalgie :

En matière d’adaptations vidéoludiques, Schwarzy n’est guère… gâté. Développé par le studio Beam Software (loin d’être manchot, les jeux Shadowun et Choplifter III sont là pour le prouver), TRUE LIES se révèle être un hommage assez réussi au très bon film de James Cameron. Un walk and gun efficace, avec quelques bonnes idées mais aussi une difficulté ponctuellement très relevée, ce qui pourrait déplaire à un certain public. Oui, terminer TRUE LIES à la régulière se mérite.

Images : coronajumper.com

Preview dans une vidéo d’époque :

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