Bloodshore (PlayStation 4, 2021)

BLOODSHORE
Année : 2021
Studio : Good Gate Media / Wayout Pictures
Éditeur : Wales Interactive / Limited Run Games
Genre : Running Man and Girl
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray

Une émission de téléréalité fait des ravages dans le monde entier. Kill/Stream réunit ainsi depuis des années des dizaines de candidats sur des îles coupées du monde, dans l’optique de les filmer sous tous les angles possibles et imaginables en train de… s’entretuer ! Contre toute attente, les postulants se bousculent pour participer à ce Battle Royale grandeur nature : YouTubeurs de l’impossible, influenceurs et influenceuses prêts à tout pour percer et assommer la concurrence de likes, haters (toute publicité est bonne à prendre) et autres joyeusetés.

Un acteur en perte de vitesse décide de se lancer dans l’aventure. Dès son arrivée sur les lieux, et après un saut parachute particulièrement périlleux, il lui faut décider à qui accorder sa confiance. Dans le doute, abattre un inconnu de sang-froid ? Accorder une seconde chance à un ami/ennemi d’infortune ? Ouvrir son cœur à celui ou celle qui prend le temps de l’écouter ? Au contraire lui tendre des pièges, outrageusement le manipuler ? Les choix et les dénouements, tristes ou heureux, seront nombreux.

Avec les premières images qui avaient filtré et son titre, BLOODSHORE s’annonçait comme un film interactif dépaysant, à mi-chemin entre RUNNING MAN et BATTLE ROYALE délocalisés sur une île tropicale. Si ce jeu au format FMV est bel et bien une partie de massacre, oubliez très vite les décors paradisiaques, les plages de sable blanc et les eaux bleues ou turquoises du bout du monde. L’essentiel de l’intrigue se déroule en effet dans des forêts très classiques de climat tempéré, globalement un peu tristes surtout que la photographie ne les met pas spécialement en valeur. En gros, c’est fade. Bien évidemment, il s’agit d’un problème de budget. Si ce genre de jeux a indéniablement du chien, ils sont aussi un pur produit de niche, et l’argent et les délais de tournage qui leur sont alloués sont aussi clairsemés que le nombre d’os à ronger sur une plage abandonnée. Un bon point pour BLOODSHORE néanmoins, puisque s’il ne brise pas le quatrième mur, il se moque ouvertement de ses décors par l’intermédiaire de ses personnages, visiblement déçus de ne pas être aux Bahamas… L’un d’eux m’enlèvera même les mots de la bouche en critiquant ouvertement les producteurs du show, et leurs soucis de budget !

Maintenant je vais préciser quelques petites choses, et n’allez pas m’accuser de psittacisme pour ce qui va suivre. Si je me répète à chacune de mes critiques de jeux en FMV, si j’enfonce autant de portes ouvertes qu’il y a de clous dans le cercueil de ce genre vidéoludique sinon condamné, du moins moqué, c’est pour dissiper tout scepticisme. Oui, ce genre de jeux est à réserver aux seuls amateurs. Oui, l’interactivité est réduite à la portion congrue – des choix souvent binaires. Non les embranchements dans le scénario ne sont pas si nombreux – si un personnage doit mourir, il mourra généralement d’une manière ou d’une autre. Et non la mise en scène n’est pas digne d’une production hollywoodienne.

Ceci étant dit, et si le délire sur les influenceurs s’entend mais parait facile et forcé (pour ne pas dire ridicule par moments) BLOODSHORE constitue un excellent divertissement au format FMV. Tout d’abord, il ose régulièrement tourner le dos au sempiternel huis clos, figure de proue d’un genre qui avoue ainsi souvent à demi-mot qu’il n’a pas assez d’argent pour filmer en extérieurs. Certains passages surprennent aussi par leur violence – même si la majorité des personnages présents sur l’île mourront hors champ (et que c’est décevant), celles et ceux qui agoniseront devant nos yeux ne lésineront ni sur l’hémoglobine ni sur les bleus. Enfin les choix à faire, s’ils sont parfois un brin illusoires, peuvent malgré tout changer le cours de l’histoire et, quand on est pris dans l’action, c’est assez euphorisant.

Vous terminez sans doute BLOODSHORE avec du sang sur les mains. Reste juste à savoir s’il s’agira du vôtre, ou de celui de vos petits copains.

Note :

BLOODSHORE est un vrai bon jeu en Full Motion Video, qui ravira les amateurs du genre mais qui devrait conforter ses détracteurs sur leurs positions et leurs sermons peu flatteurs. Parfois violent, extrêmement plaisant mais aussi un peu ridicule par moments, BLOODSHORE a le mérite d’aller au bout de son (bad) trip en optimisant son budget (que l’on devine étriqué) : différents lieux visités, un tournage alternant intérieurs avec extérieurs et de nombreux acteurs devant la caméra. Pendant moins de deux heures, on passe un bon moment. Les fans prendront également beaucoup de plaisir à y rejouer (possibilité de zapper les séquences déjà vues) afin de tester différents embranchements du scénario – que l’on aurait aimés plus nombreux, c’est vrai.

Trailer :

 

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