STRIDER HIRYÛ
Titre alternatif : Strider
Année : 1989
Studio : Sega
Éditeur : Sega
Genre : le sabre lacère
Joué et testé sur Megadrive
Support : cartouche
2048 AD. Le monde plie sous le joug de Grandmaster Meio, guide spirituel inique et leader insoumis de la grande Fédération du Kazakhstan. Replié dans son satellite artificiel, nommé Third Moon, il observe et dirige ses troupes d’une main de fer, tandis qu’une rébellion se met en place. C’est notamment le cas des Striders, d’anciens assassins et espions capables de toutes les prouesses, qui décident d’envoyer leur meilleur élément, Hiryu, à l’assaut de Grandmaster Meio. Et son parcours ne sera pas de tout repos : d’innombrables soldats et robots, aux formes souvent animales, tenteront de mettre fin à ses jours. Heureusement, Hiryû pourra aussi compter sur des drones robotiques mais aussi sur son sabre de plasma, à l’efficacité redoutable.
Durant mon adolescence, un jeu m’a durablement marqué : STRIDER, que j’ai eu la chance de connaitre dans des versions diverses et avariées. Il s’agit pour moi d’une véritable madeleine de Proust. À la simple évocation de ce jeu, je me revois dans ma chambre à côté de mes étagères pleines de Strange et de Special Strange, regardant d’un œil distrait mon poster de BARBARIAN et jouant avec une Megadrive ou un Amiga, les yeux émerveillés, les pouces douloureux et la défaite, amère. Non, je n’avais jamais réussi à aller au bout du jeu et ce souvenir douloureux revenait sans cesse me hanter. En 2023 je me décidai enfin. Prenant mon courage à deux mains, je repartis à l’assaut de ce monument de l’histoire des jeux vidéo avec l’objectif de lui faire enfin la peau : la madeleine, ouste ! .
Coupons court à tout suspense, d’un mouvement de sabre de pixel et de lumière bien placé : oui, je suis enfin parvenu à terminer ce jeu diabolique, tout seul comme un gland – c’est-à-dire en mourant à de nombreuses reprises et en épuisant presque totalement mes trois maigres crédits. Puis j’ai poussé le vice à parfaire mes techniques, en utilisant parfois des stratégies dénichées çà et là sur le net – pour vaincre le boss final plus facilement, disposer des ballerines sans trembler face à leurs jambes, assassines… Dorénavant, je parviens à terminer chacune de mes parties de STRIDER en mode easy, avec plus ou moins de maitrise – certains passages recelant encore et toujours de discrètes mais délicieuses traitrises. Et je crois que je n’ai jamais autant aimé ce jeu.
STRIDER est entré dans l’histoire parce qu’il s’amuse justement à la distordre : année 2048, une URSS ragaillardie sous le drapeau, la faucille et le marteau d’une nouvelle Fédération située au Kazakhstan. Graphiquement, on y croit : le jeu est très fidèle à l’arcade et l’arrivée en planneur dans la capitale du Soviet suprême est électrisante de réalisme. Dictature futuriste planétaire, cette Union soviétique-là, délétère et dystopique, fait froid dans le dos – et non, ce n’est pas uniquement en raison des températures extérieures bien en-dessous de zéro ! Les musiques se mettent au diapason et nous transportent, littéralement.
Pad en main, c’est la confirmation : ce STRIDER sur Megadrive est un grand cru. Le personnage répond bien, les sauts sont amples, les glissades se réalisent facilement et les coups de sabre plasma pleuvent, élégants mais nocifs, comme autant de flocons de neige radioactifs. Et puis il y a donc cette faculté détonante permettant à notre héros de s’agripper aux murs et aux plafonds, et de s’y déplacer ! Le level design, majestueux, mettra bien évidemment ces capacités en avant – certaines séquences mémorables et stressantes vous obligeront à escalader des parois à vitesse grand V au risque de finir englouti dans les débris et les braises incandescentes, quand à d’autres moments votre science aiguë de la grimpette les deux pieds dans le vide vous permettra d’envisager quelques niveaux de plusieurs manières différentes, et donc de surprendre vos ennemis, livides. Plusieurs bonus seront également récupérables en chemin, plus ou moins rares et parfois astucieusement cachés : sabre plus puissant, vies et énergie supplémentaires, ou encore des modules robotiques, parfois particulièrement imposants, qui nous suivront durant un certain laps de temps.
Tout au long de ses cinq niveaux, STRIDER ne cesse de nous surprendre, de nous éblouir. Il y a une nouvelle idée toutes les dix secondes, ou presque, tandis que le bestiaire, varié, est d’une inventivité folle, et ce depuis le minion de base jusqu’aux boss absolument mémorables, parfois extrêmement impressionnants par leur gigantisme ou au contraire sveltes et particulièrement rapides – traitres. Avec de l’expérience, vous vous rendrez compte que certains d’entre eux sont tuables en quelques secondes – un sentiment de puissance se dégageant alors de notre joypad, d’une rare insolence ! Le jeu, mêlant plateformes et combats, se joue sur un rythme trépidant, accumulant les séquences cultes : le combat dans les nuages contre les danseuses du Bolchoï qui vont vous envoyer valser, le gorille mécanique géant et ses poings de fer, le premier boss et ses milles pattes formées d’autant de petits pères du peuple lobotomisés, les amazones avec leurs cris distinctifs et leurs boomerangs vindicatifs, les loups affamés de Sibérie, les gigantesques sphères antigravité qui vont clairement vous dérouter (au sens propre comme au figuré), ce niveau, un grand moment de jeu vidéo, qui peut justement se jouer la tête en bas et celle de vos ennemis de préférence sur le billot, les dinosaures qui font la taille de l’écran et tellement d’autres séquences, jouissives ou tragiques, qui vous abandonneront avec le sourire ou au contraire à cran.
La qualité de cette conversion de l’arcade sur Megadrive est incroyable : les sprites sont énormes, la maniabilité est parfaite et le jeu est très fidèle à l’original – bien évidemment il y a des différences çà et là, mais rien de choquant, d’ailleurs certains légers changements (un ennemi en moins ici, un autre moins rapide là…) permettent au jeu Megadrive d’être un peu moins difficile que sur arcade et donc beaucoup plus amusant – même s’il demeure loin d’être facile à boucler, attention ! Le seul défaut de STRIDER, si l’on met de côté quelques mécaniques un brin vieillottes, ce sont ses quelques clignotements et ses ralentissements certes ponctuels, mais particulièrement violents. Pour le reste, STRIDER a tout du grand jeu rétro qui plaira encore et toujours aux joueurs endurcis, mais moins aux autres qui pourraient bien rapidement baisser les bras. Oui, elle est encore loin, la Pérestroïka !
Note : Nostalgie :
STRIDER sur Megadrive, est une superbe conversion du hit de l’arcade (l’animation n’est pas hyper fluide mais c’était exactement pareil sur les bornes). Beau, maniable et bien évidemment truffé de bonnes idées, ce jeu ne cesse de nous surprendre pour nous éblouir et parfois mieux nous… punir. Non, STRIDER n’est pas facile mais avec ses checkpoints relativement généreux et trois crédits en sus (aucun au Japon mais ils y sont déblocables via un cheat code), le jeu culte de Sega peut se terminer avec un peu de pratique et quelques litres de sueur versés. Un classique !
Images : game.watch / jenesuis.net
Vidéo d’époque :
Si tu n’as pas aimé la version amiga tu aurais du voir ma version cpc 6128 ultra buggée !
Il existe un « remake » sur PC qui est franchement sympa datant de 2014 ! Je te le recommande chaudement car j’en garde un très bon souvenir…Sinon oui cette version megadrive est parfaite pour moi aussi et mérite son aigle d’or 😉
Salut Tatsael ! Je vais aller jeter un coup d’œil à la version CPC sur YouTube. Un remake en 2014 ? Tu me l’avais déjà conseillé quand on avait discuté du jeu sur Amiga, et tu m’avais convaincu ! Je l’ai fait sur PS3 depuis, mais je n’ai pas trop accroché (style metroidvania…).
Ah mince ! désolé que cela ne t’ai pas plu plus que ça (par contre au moins je suis cohérent avec moi même lol j’avais oublié t’avoir déjà donner ce conseil….!)