Rei-Jin-G-Lu-P (PlayStation 4, 2019)

Rei-Jin-G-Lu-P
Titre alternatif : Raging Loop
Année : 2019
Studio : Kemco
Éditeur : Kemco / PQube
Genre : le Visual Novel sort les griffes
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray

Fusaishi Haruaki, un jeune Tokyoïte, est victime d’un accident de moto en pleine montagne. Il échoue alors par hasard dans un petit village complètement isolé, et dont les habitants les plus âgés semblent vivre au rythme de croyances ancestrales, oubliées par le reste du monde. Sur place, Haruaki rencontre Chiemi, qui lui offre un toit pour la nuit. Tout semble aller pour le mieux lorsque, le lendemain, une épaisse brume s’abat sur les environs. L’attitude des villageois change alors subitement… Ils semblent convaincus qu’une malédiction les frappe une nouvelle fois, et que leur vie est en jeu. La seule solution pour s’en sortir ? Démasquer les loups parmi eux, car ceux-ci n’hésiteraient pas à les tuer la nuit venue. S’agit-il d’une vieille croyance grotesque, ou la menace est-elle bien réelle ?

RAGING LOOP est une aventure du genre Visual Novel, dans laquelle l’histoire est, par essence, essentielle. Durant cette chronique, je ne dévoilerai donc presque rien du jeu – rien au sujet de son nombre de chapitres ni de sa durée car cela reviendrait, à mon sens, à en dire déjà trop. Je me contenterai donc d’envisager uniquement le début de RAGING LOOP, quelques-unes de ses mécaniques, ses nombreux points forts et mes quelques critiques.

Coupons court à tout suspense, ici pas de twist qui tienne : RAGING LOOP est un formidable Visual Novel. Bien évidemment il faut aimer le genre, et se préparer pour des heures de lecture assidue – les plus réfractaires préféreront sans doute avaler un verre de ciguë. Mais Fort heureusement, tous les dialogues du jeu sont doublés en japonais par des acteurs totalement investis, ce qui renforce indubitablement l’immersion. De plus, pour briser la monotonie ambiante, certaines séquences vous demanderont de faire des choix, d’embrasser un destin ou l’autre, en effleurant d’un geste mal assuré leurs lèvres d’amiante.      

Le joueur incarne ainsi Fusaishi Haruaki, un jeune homme qui échoue par hasard dans un petit village isolé et nourri, semble-t-il, au biberon des légendes d’antan, de cultes parfois violents et d’étranges psalmodies. Ces phénomènes semblent se réveiller lorsqu’une brume intense engloutit les alentours et les espoirs des habitants. C’est le cœur battant que l’on se lance alors dans l’aventure mais le soufflé retombe rapidement : le début du jeu est ainsi assez lent, et particulièrement long. Un mal nécessaire cependant, pour renforcer l’immersion, nos liens avec les différents personnages et notre connaissance des lieux et du folklore. Ainsi lorsque certains choix se présenteront à nous, ils pourraient bien être déchirants…

Pour mettre un terme à la malédiction, lever le voile brumeux emprisonnant leur village, les habitants doivent participer chaque jour à un Festin (Feast). Il s’agit en réalité d’une espèce de tribunal populaire durant lequel les différents protagonistes doivent démasquer les loups. Lorsqu’une brume s’abat sur le village, une force surnaturelle assigne en effet secrètement un rôle à chacun : humain, loup et gardien. Les loups, toujours en minorité, doivent tuer les humains, un chaque nuit (ils sont les seuls à pouvoir rester éveillés, ce qui leur facilite la tâche). Les humains ne peuvent se débarrasser d’un loup qu’au terme d’un Festin, en y désignant un individu qui sera pendu – l’erreur est bien évidemment toujours possible, c’est donc là qu’interviennent les gardiens qui possèdent certains pouvoirs (également assignés à des personnes de manière assez inexplicable avant le premier Festin). Le Serpent peut, chaque matin, connaitre la véritable identité de l’un des participants. L’Araignée peut protéger une personne durant une nuit, le Corbeau peut identifier une victime (s’agissait-il vraiment d’un loup ou ont-ils lynché un malheureux humain la veille ?), etc. RAGING LOOP se transforme alors en véritable jeu de dupes, de communication voire de politique qui rappelle le jeu de société Mafia (aussi appelé Les Loups-garous de Thiercelieux, chez nous). Si on reste le plus souvent spectateur (d’aucuns diront plutôt « lecteur »), c’est aussi durant ces séquences que l’on devra, ponctuellement, mettre le feu aux artifices et faire les choix les plus difficiles. De véritables cas de conscience.

L’autre originalité de RAGING LOOP, au-delà de ses Festins, est contenue dans son titre : le loop. À chacune de ses morts, Fusaishi Haruaki sera renvoyé au tout début de son périple, juste avant son arrivée dans le village. On pourra également aller et venir sur la carte des évènements, les lignes temporelles – le Chart, à la manière de nombreux autres Visual Novels. Mais là où RAGING LOOP sort du lot, et qu’il brise quelque peu le quatrième mur, c’est dans sa manière de rendre Haruaki conscient de ses allers-retours dans le jeu. Le Festin et ses différents atours devenant alors pour lui un jeu, comme c’est le cas de RAGING LOOP pour le joueur devant son écran. Gardant en mémoire ses précédents souvenirs et déboires (comme le joueur), il pourra donc les utiliser à dessein pour influer sur son prochain loop, faire un choix diamétralement opposé et ainsi emprunter une nouvelle route.

RAGING LOOP est un Visual Novel absolument formidable, empreint de mystère et ponctué de nombreux rebondissements. Certes, il est un peu long sur la fin (je pense que l’on aurait pu se passer de ces interminables logorrhées au sujet des religions, des dieux morts ou vivants, aimés ou abhorrés) et plusieurs éléments du dénouement, parfois peu appréciés de certains joueurs, sont un peu tirés par les cheveux. Mais lorsque vous quitterez ce petit village, vous ferez sans doute face à un vrai déchirement. Pour prolonger le plaisir, vous pourrez alors vous plonger dans plusieurs bonus (des histoires centrées sur certains personnages) ou vous lancer dans une espèce de newgame+ fort bien pensé avec un certain nombre d’ajouts. Ne vous attendez donc pas à ce que je crie au loup avec la meute des joueurs déçus : si vous aimez le genre, vous finirez conquis et croqué par ce grand méchant loop.

Note :

RAGING LOOP est un Visual Novel passionnant qui nous plonge corps et âme dans les croyances ancestrales d’un petit village isolé dans les montagnes. Si la plupart du temps le joueur se contentera de lire (et d’écouter des dialogues excellemment bien doublés en japonais), il lui faudra aussi faire face, plus ponctuellement, à des choix déchirants. Si le jeu est long, les fans voudront malgré tout prolonger le plaisir après le dénouement : quelques histoires supplémentaires leur seront ainsi proposées (plutôt chouettes, notamment celle au sujet d’une célèbre légende urbaine japonaise) et une espèce de newgame+ permet de revivre l’aventure avec des points de vue différents – une riche idée, que je mets personnellement de côté pour redécouvrir le jeu dans quelques années.

Images : lovingmovies

Trailer :

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