ZERO ESCAPE: THE NONARY GAMES
Titre alternatif : Zero Escape: 9 Jikan 9 nin 9 no Tobira Zennin Shibo Dos Double Pack
Année : 2017
Studio : Spike Chunsoft
Éditeur : Aksys Games / Spike Chunsoft
Genre : 9 heures ? Non, beaucoup plus !
Joué et testé sur PlayStation Vita
Support : PS Vita Card
999: Nine Hours, Nine Persons, Nine Doors.
Junpei se réveille dans une chambre scellée, qui ressemble à une cabine de bateau. Soudainement, l’eau commence à inonder les lieux, et Junpei doit faire face à plusieurs énigmes afin de débloquer la porte qui va le mener non pas vers la liberté, mais vers des jeux de plus en plus sadiques. À ses côtés, il trouvera huit autres personnes, dont Akane une amie d’enfance, paraissant devoir partager avec lui un destin extrêmement incertain.
Zero Escape: Virtue’s Last Reward.
Neuf individus se réveillent dans un immense bâtiment paraissant complètement scellé. Leurs souvenirs, bien qu’épars, ne laissent planer aucun doute : ils ont tous été enlevés, et leur tortionnaire semble répondre au nom de Zero.
Deux jeux sur une seule cartouche et pourtant du plomb, le joueur va en prendre dans la tête – au sens propre comme au figuré : quelques balles risquent ainsi de fuser, mais ce sont surtout vos méninges qui vont être triturées. La série ZERO ESCAPE propose en effet un mariage détonnant d’aventure (sous la forme d’un Visual Novel) et d’Escape Room – ce genre qui plonge le joueur dans des salles scellées dont il faut s’échapper, en faisant appel au sens de la déduction, de l’observation et à la logique (avec de nombreux mini-jeux/puzzle games à la clé).
NINE HOURS, NINE PERSONS, NINE DOORS et sa suite directe VIRTUE’S LAST REWARD sont très similaires, ils recyclent la même formule – magique pour la plupart des joueurs : de longues phases de Visual Novel, certains choix à faire et une séquence d’Escape Room avant de replonger dans un chapitre narratif. Comme souvent avec les Visual Novels, il est possible d’aller et venir sur la timeline (flowchart) – les jeux proposent ainsi de nombreux embranchements, et de multiples fins, aussi est-il toujours possible de revenir sur ses pas pour tenter une approche différente.
Un mot en particulier à propos de NINE HOURS, puisqu’il s’agit ici du remake de la version Nintendo DS. Parmi les bonnes nouvelles, il y a maintenant d’excellents doublages mais aussi un flowchart permettant d’avoir une meilleure vision du déroulement des événements – et accessoirement de sauter certains passages lorsque l’on refait un chapitre. Il y a également deux modes au choix : un mode Novel, plus détaillé, qui semble se rapprocher de la narration proposée sur DS, et un mode Adventure, davantage basé sur les dialogues. On perd bien évidemment le confort d’un deuxième écran et c’est, d’après certains joueurs, fortement dommageable à plusieurs moments – pour ma part j’ai découvert le jeu sur PlayStation Vita, et je n’ai ressenti aucune gêne.
Les scénarios des deux jeux sont très prenants (mention spéciale au sprint final de NINE HOURS) et les personnages assez attachants – le doublage d’excellente qualité leur apportant profondeur et consistance, en particulier en japonais (j’ai eu beaucoup de mal avec le doublage anglais, par exemple entendre Akane appeler son meilleur ami Jumpy au lieu de Junpei-kun me donnait des haut-le-cœur à chaque fois). Quant aux séquences d’Escape Room, elles réalisent l’exploit d’être particulièrement variées – la toute première donne d’ailleurs le ton, et demeure pour moi l’une des meilleures de la série : on ne sait pas encore à quoi s’attendre, l’eau monte dans notre cabine et le stress accompagne cette désagréable impression que tout se joue en temps réel – alors que ce n’est pas le cas. Curieusement, ce stratagème ne sera presque jamais repris par la suite, les puzzles et énigmes se succédant au rythme choisi par le joueur. Ce qui n’est pas forcément un mal, certains problèmes étant particulièrement retors – les solutionner sans jeter un œil coupable sur Internet se révélant alors extrêmement valorisant.
Parfois qualifiés de chefs-d’œuvre par les joueurs, NINE HOURS et VIRTUE’S LAST REWARD ne me semblent pourtant pas exempts de tout défaut. Le premier, le plus objectif, est la timeline, et cette faculté de naviguer dessus à rebours voire en parallèle de l’histoire. C’est évidemment très ludique, mais cela revient aussi, à mon sens, à vider nos choix de leur substantifique moelle : les conséquences dramatiques ne le sont plus vraiment. C’est encore plus vrai dans VIRTUE’S LAST REWARD qui abuse d’un concept qui n’était vu qu’une seule fois (d’après mes souvenirs) dans le premier jeu : un embranchement crucial de l’histoire qui nous ferme ses portes, nous obligeant à revenir sur la timeline, à prendre des décisions parfois contraires dans un scénario parallèle, afin de découvrir un indice qui nous permettra de débloquer le passage de l’embranchement laissé préalablement de côté. Même si c’est finement justifié par la narration, ça arrive tellement souvent que le concept-même de VIRTUE’S LAST REWARD, tournant autour du passionnant dilemme du prisonnier (terrible cas de conscience nous demandant de choisir régulièrement entre la coopération ou la trahison), perd incontestablement de sa force. L’autre petit souci des jeux ZERO ESCAPE, plus subjectif, réside dans le contenu-même des Escape Rooms : il peut y avoir trop de chiffres, de nombres… Certaines énigmes sont de sacrés numéros ! Ayant un esprit plus littéraire que scientifique, j’en ai parfois eu plein le sudoku, en particulier durant la première aventure qui abuse un peu de cette thématique. VIRTUE’S LAST REWARD y a aussi recours mais avec parcimonie, pourtant sa longueur, souvent mise en avant par les joueurs, peut aussi être son talent/talon d’Achille, et nous faire basculer dans l’acrimonie : à mesure que je m’approchais du dénouement, je mourais d’envie de connaitre le fin mot de l’histoire. La multiplication des Escape Rooms sur mon chemin, ralentissant ma progression, finissait alors par se révéler plus frustrante qu’autre chose.
Malgré mes remarques, ne vous méprenez pas : ZERO ESCAPE: THE NONARY GAMES c’est de la bombe – et ici attention, elle risque bien d’exploser ! Deux jeux pour le prix d’un, une PlayStation Vita mise à contribution si vous le souhaitez, des concepts bien recyclés (le chat de Schrödinger, le dilemme du prisonnier, etc.), des histoires intéressantes et des énigmes un brin envahissantes voire tarabiscotées, certes, mais qui plairont à celles et ceux qui aiment se triturer les méninges.
Note :
Deux jeux de qualité sur une seule cartouche pour des dizaines d’heures d’aventure, de dialogues, de twists et de puzzle games en perspective : difficile de résister. Si, pour moi, l’abus de chiffres a parfois senti le souffre dans le premier jeu, c’est pourtant celui-ci que j’ai préféré. En effet VIRTUE’S LAST REWARD, le deuxième titre, malgré ses nombreuses richesses et qualités, m’a paru trop long, au point d’avoir parfois la sensation de crouler sous les codes et les énigmes. Je joue, je plie, je romps ?
Images : PlayStation / Sharbit Game Guide
Trailer :