Crisis Force (Famicom, 1991)

CRISIS FORCE
Année : 1991
Studio : Konami
Éditeur : Konami
Genre : Cr-isis et Osiris
Joué et testé sur Famicom
Support : cartouche

Tokyo, 199X. Asuka et Maya sont deux lycéens qui profitent d’une vie très simple auprès de leurs parents, archéologistes. Un jour, pourtant, les sept monstres légendaires ayant jadis détruit Atlantis, et de nombreuses autres civilisations antiques, refont surface. Tandis que les défaites s’enchainent pour la race humaine, les monstres se rapprochent du Japon, et Asuka et Maya découvrent la vérité : ils sont les descendants du continent perdu de Mu, et ont été découverts il y a dix-sept ans par leurs parents adoptifs dans deux engins volants. Le vaisseau Aurawing, disposant de la technologie oubliée du peuple de Mu mais aussi de sa science mystique, est le dernier rempart de la race humaine face aux sept monstres dont l’appétit gronde désormais aux portes de Tokyo. En combinant la puissance de leurs deux vaisseaux, Asuka et Maya vont se rendre compte qu’ils peuvent en créer un plus gros, presque invincible. La survie de notre monde est entre leurs mains.


Ce shoot’em up de Konami porte bien son nom : malgré ses qualités éclatantes, il a réussi le tour de force de passer complètement inaperçu en Occident – la diffusion de CRISIS FORCE à l’époque relève en effet de la farce : l’un des meilleurs shoot’em up de la Famicom est ainsi resté exclusif au Japon ! Si on peut aujourd’hui être tenté de pousser des cris d’orfraie, en se replongeant en 1991 la décision de Konami parait tomber sous le sens : le marché était déjà promis aux consoles 16 bits – la Megadrive était disponible partout dans le monde et la Super Nintendo n’était plus attendue qu’en Europe.


Une chose est sûre : en sortant un jeu sur une console vieillissante, Konami ne s’est pas moqué du monde. Pour exploiter au mieux la Famicom, dont les entrailles oxydées n’avaient plus de secret pour l’éditeur japonais, ce dernier a même poussé le bouchon jusqu’à ajouter une puce améliorant les performances de la cartouche – procédé déjà astucieusement utilisé avec GRADIUS II. Résultat : CRISIS FORCE brille de mille feux. Certains boss sont gigantesques, les décors foisonnent de détails, les animations fourmillent de délicieuses trouvailles (scrolling parallax, effets de zoom…) et le jeu est rapide, diablement rapide ! Konami est même allé tellement loin que CRISIS FORCE se retrouve parfois victime de ralentissements. Mais ne faisons pas la fine bouche et applaudissons des deux mains un éditeur qui a eu le courage et l’audace d’accompagner la Famicom jusqu’à son crépuscule en illuminant celui-ci d’un soleil majuscule.


A priori CRISIS FORCE se joue comme un shoot’em up vertical classique, où l’originalité le dispute à la variété. Deux catégories d’armes sont disponibles. Jusque-là rien de surprenant. En accumulant les pastilles rouges, on améliore l’arme rouge, mais si on récupère des pastilles bleues, l’armement bascule sur un tout autre arsenal. Chaque couleur se joue vraiment différemment, tout en proposant trois armes distinctes dont on peut changer à l’envi. Ma préférence va à la couleur rouge, qui nous offre un tir frontal assez puissant (mais pas toujours super précis), ou un champ de force (pas complètement bullet-proof mais extrêmement important) ou enfin un tir latéral assez étrange mais que je trouve particulièrement efficace une fois maitrisé. Mieux : après avoir récupéré cinq pastilles spéciales, notre vaisseau se transforme en une espèce de gigantesque phénix, à la force de frappe gargantuesque – s’il est invincible, chaque fois qu’il se fait toucher raccourcit la durée de sa transformation. La possibilité de changer d’arme à la volée et la faculté de se transformer en forteresse volante viennent donc ajouter une vraie dimension stratégique à CRISIS FORCE : quelle arme sera la plus avantageuse dans cette partie du niveau, à quel moment vaut-il mieux déclencher la transformation… ? Il y a même des smart-bombes différentes, correspondant à l’arme sélectionnée !


Au niveau du bestiaire, c’est particulièrement varié et haut en couleur, avec une prépondérance d’influences, éparses, issues de l’Égypte antique : des pyramides dont le sommet tire de dangereux lasers, un mini boss aux allures de pharaon, de gigantesques navires dont les protubérances rappellent des sarcophages… À côté de cela on a aussi droit à de nombreux ennemis difficilement identifiables – ici des espèces d’araignées géantes, là des robots occupés à déraciner des arbres… Oui, en fait tout cela n’a pas vraiment de sens. Prenez donc garde, la pire amibe d’Égypte fera ici tout son possible pour vous pourrir la vie ! Si sur la forme, CRISIS FORCE pèche donc un peu au niveau de la cohérence, sur le fond les adversaires sont vraiment plaisants à affronter : leurs routines sont intéressantes et variées, et les affrontements contre les boss et mini-boss se mettent au diapason – ceux-ci sont d’ailleurs parfois gigantesques, ou au contraire plus vifs, et petits. Les sensations sont garanties !


Les sept niveaux, qui rappellent donc l’Égypte mais aussi Stonehenge, la période Jōmon (les dogū !) et Nazca sont, de plus, extrêmement variés, rivalisant d’ingéniosité pour nous surprendre et bien évidemment nous piéger : des lasers qui semblent tomber du ciel et qui réduisent des immeubles en cendres, des gerbes de flammes qui ici déchirent le sol, un passage stressant dans un canyon étroit avec le scrolling qui accélère, une autre séquence plus lente mais encore plus exigüe avec des téléporteurs pour ne pas se prendre les murs, des volcans déchainés ou encore des formes géométriques qui aspectent l’infini et qui, dans un sursaut plein de perfidie, renverront les lasers dans d’insoupçonnables directions.


Si CRISIS FORCE est très abordable en easy, il vous faudra de toute manière le terminer au moins en mode normal pour en voir la vraie fin (en hard il y a encore une portion de cinématique supplémentaire) – c’est largement faisable même si le challenge est plus relevé puisque les boss, notamment, ont plus de mordant. Un défi sur mesure pour tous les passionnés de shoot’em up qui verront peut-être dans ce titre le reflet de CHIKYÛ KAIHÔ GUN ZAS sur Game Boy – un jeu qui poussait lui aussi sa console dans ses derniers retranchements tout en faisant preuve d’une grande originalité.

Note : Nostalgie :

CRISIS FORCE n’est sans doute pas parfait : certains boss sont trop faciles à battre, une arme pourrait être considérée comme trop puissante et si les musiques sont bonnes, il leur manque ce supplément d’âme qui les aurait rendues inoubliables. Mais le jeu de Konami, jouable à deux, exploite tellement bien la Famicom, alors en fin de vie, qu’il serait malvenu de faire la fine bouche : CRISIS FORCE est rapide, propose des scrollings et des effets incroyables, un rythme soutenu et des joutes parfois follement originales. Les trois modes de difficulté sont également bien pensés et devraient combler l’ensemble des joueurs.

Images : YouTube / Jeux vidéo et des bas

Vidéo :

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