Zero: Nuregarasu no Miko (PlayStation 4, 2021)

ZERO: NUREGARASU NO MIKO
Titres alternatifs : Project Zero: Maiden of Black Water / Fatal Frame: Maiden of Black Water
Année : 2021
Studio : Koei Tecmo Games
Éditeur : Koei Tecmo Games
Genre : eau potable
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray

Le mont Hikami est le sujet de bien des histoires et superstitions. On raconte ainsi qu’à une époque, les servantes du sanctuaire de la région accompagnaient les mourants dans leurs derniers soupirs, partageant alors avec eux leurs ultimes souvenirs. Une tâche loin d’être de tout repos car malgré leurs capacités psychiques, les servantes en question pouvaient avoir du mal à faire face à de telles déferlantes d’émotions. L’histoire irait encore plus loin : on parle également de sacrifices, de mariages improbables et d’une eau noire aux pouvoirs immenses. Trois personnes vont s’intéresser aux sombres secrets du mont Hikami, pour des raisons diverses. Kozukata Yuri, qui parait liée aux servantes, va tout tenter pour sauver une amie très chère. Hojo Ren, un ami de Yuri, s’y rendra pour faire des recherches, dans le but d’écrire un livre. Hinasaki Miu enfin, va très vite se découvrir des affinités avec l’appareil photo maudit, la Camera Obscura. Elle est en effet la fille de Hinasaki Miku, qui a ouvert la voie.

À peine a-t-elle été morte et enterrée, que la Wii U fut dépossédée de la plupart de ses exclusivités de qualité. Les clous précipitamment plantés sur son cercueil n’avaient pas encore eu le temps de rouiller que de nombreux titres débarquaient sur Switch et même, crime de lèse-majesté s’il en est, sur les machines concurrentes à Nintendo que sont la PlayStation 4 et la Xbox One. Grand fan de la série ZERO, je ne pouvais décemment pas rester de marbre devant la sortie d’un nouveau jeu, aussi décrié soit-il.

Si cette franchise de survival horror n’a presque jamais déçu, c’est avant tout parce qu’elle a toujours su garder à sa tête Kikuchi Keisuke et Shibata Makoto. Fidèle à ses préceptes, visiblement sans concession, MAIDEN OF BLACK WATER semble marcher dans les pas de ses aînés. Apparente fragilité des personnages principaux, vue à la troisième personne pour se déplacer, explorer, et vue à la première personne lorsque l’on utilise l’appareil photo maudit, la Camera Obscura, pour prendre des clichés de fantômes et ainsi leur faire des dégâts. On retrouve tous les sons et mimiques de la série, ces peurs ataviques, les combats répondent à peu près aux mêmes mécaniques et il est donc toujours possible, et recommandé, de choisir ses munitions (pellicules plus ou moins puissantes) et d’adapter son style (offensif avec une lentille qui multiplie les dégâts, défensif avec une lentille qui ralentit les esprits) par rapport aux décors (exigus ou plus ouverts) et aux fantômes que l’on croise – car ici, vous le savez déjà, les esprits frappeurs le sont aussi bien au sens propre, qu’au figuré ! On s’amusera alors à améliorer certaines lentilles et capacités plutôt que d’autres en dépensant nos points gagnés à la sueur de notre front ivoirin – et n’oubliez pas que vous pouvez également en récupérer en photographiant furtivement certains fantômes, passifs, qui apparaissent parfois dans un petit coin de l’écran. La chasse est ouverte !

Au rayon des nouveautés, sachez qu’il est désormais possible de toucher un esprit lorsque celui-ci, défait, est sur le point de disparaitre à jamais – certains dévoileront alors, sous la forme d’un film aussi élégant que cruel, leurs derniers instants dans le monde des vivants. L’eau tient également une place centrale dans le récit – la pluie n’est, ici, pas uniquement graphique : elle joue un rôle à part entière et, lorsque votre personnage se retrouve trempé, le nombre de fantômes augmente sensiblement et leurs coups font plus mal. Cela a en réalité peu d’incidence car le jeu est anormalement facile – mais j’y reviendrai. L’aventure, enfin, est découpée en chapitre (drop anglais, ou goutte) et il est possible à tout moment de revenir sur nos pas et de refaire une goutte précédente pour, par exemple, dénicher certains fantômes qui nous avaient alors échappé ou engranger plus de points. Une idée un peu étrange de game design qui, à mon sens, casse un peu le fil mystique de l’aventure – surtout qu’avant d’entamer une goutte, il est possible d’acheter des objets (potions, pellicules, etc.) ce qui vient encore raboter une difficulté déjà pas très relevée.

MAIDEN OF BLACK WATER remporte ainsi haut la main la palme du jeu le plus facile de la série – la difficulté la plus élevée de base est la normale, et c’est une vaste blague. Je ne suis pas mort une seule fois. Pire, je n’ai jamais été poussé dans mes derniers retranchements, et pourtant j’ai mis un point d’honneur à ne jamais acheter d’objet au début d’un chapitre. Horreur. On a aussi l’impression d’être encore plus pris par la main que d’habitude, tout ou presque étant indiqué au joueur – au point de savoir, à l’avance, s’il y aura quelque chose dans un tiroir avant de l’ouvrir. Une nouvelle capacité, une espèce de rémanence, nous permet également le cas échéant de suivre à la trace certains individus activement recherchés. De plus les allers-retours, propres à la série c’est vrai, sont toujours extrêmement nombreux mais, ici, la pilule a encore plus de mal à passer car les développeurs n’ont absolument aucun scrupule à nous renvoyer à maintes reprises dans des lieux déjà visités plusieurs fois, qui plus est pour des raisons incongrues – le scénario tiré par les cheveux de Sadako ne reculant devant aucune facilité pour nous motiver (en gros chaque personnage devra, à tour de rôle, en sauver un autre qui a été kidnappé par un spectre et trainé jusqu’au mont Hikami). Toutes ces gouttes d’eau finiront-elle par faire déborder le vase ?

Si je comprends et respecte toutes les critiques faites à l’encontre du jeu, je dois pourtant avouer m’être vraiment amusé. L’atmosphère est toujours aussi pesante, l’ambiance sonore est fantastique et plusieurs scènes sont vraiment inspirées – lorsque l’une de nos connaissances se tranche tragiquement la gorge devant nos yeux, et qu’elle réapparait soudainement dans notre dos dans la peau d’un triste pantin désarticulé, plus d’un frisson m’a parcouru l’échine. Le jeu est également beau (pour un titre de 2014) et la maniabilité, certes toujours un peu lourde, est tout à fait correcte – n’oubliez pas que si notre personnage pouvait se mouvoir comme un ninja, la tension redescendrait clairement d’un cran : oui une jeune femme roide garantit des sueurs froides ! J’ai aussi beaucoup aimé les passages dans le magasin d’antiquités (qui rappellent certains bons moments de PROJECT ZERO 3), les petites différences de gameplay entre les trois personnages jouables et quelques chapitres particulièrement inspirés (la onzième goutte, très longue, qui nous offre un peu plus de liberté et qui répond comme un écho déchiré aux anciens titres de la série). Le dénouement d’ailleurs, est très beau et assez touchant – oui le scénario est mal ficelé, mais sur le fond l’histoire est bien pensée. Enfin si les énigmes semblent absentes de l’aventure, il faut malgré tout se triturer un peu les méninges en faisant coïncider certaines photos avec l’endroit où elles ont été originellement prises, tout en respectant l’angle de la prise de vue. Sympa.

S’il souffle le chaud et l’effroi, au point d’être le maillon faible de la série (avec le troisième épisode), MAIDEN OF BLACK WATER m’a fait passer de très bons moments et ne mérite pas, à mon sens, de tomber dans les remugles de l’oubli.

Note :

Trop facile et assez redondant (on revisite les mêmes environnements à de nombreuses reprises), MAIDEN OF BLACK WATER n’est certes ni un très bon survival horror, ni le meilleur épisode de la saga PROJECT ZERO, mais il fait incontestablement passer un bon moment et certaines de ses (trop discrètes) nouveautés méritent le détour. Sorti originellement sur Wii U en 2014 puis porté sur d’autres consoles comme la PlayStation 4 et la Xbox One, on aurait malgré tout aimé que cet épisode aille plus loin dans l’originalité, et qu’il propose des environnements plus variés (pourquoi pas des paysages plus urbains, par exemple ?).

Images : éditeur

Trailer :

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