SIMPLE 2000 SERIES VOL. 113: THE TAIRYOU JIGOKU
Année : 2007
Studio : Tamsoft
Éditeur : D3Publisher
Genre : Phalène Angel
Joué et testé sur PlayStation 2
Support : CD-ROM
Erika a oublié son téléphone portable dans une salle de classe de son lycée. Elle décide de s’y rendre malgré l’heure avancée, pour y tomber nez à nez avec un étrange lapin, élégamment habillé de la tête aux pattes ! Le malotru a pourtant de bien mauvaises manières, puisqu’il a eu l’outrecuidance de s’emparer du téléphone d’Erika, puis de s’enfuir à travers un miroir ! La jeune fille, n’écoutant que son courage, décide de poursuivre l’indélicat individu mais elle déchantera vite : le monde dans lequel elle vient de mettre les pieds est en effet rempli de grands insectes grouillants ! Prisonnière d’une espèce de cauchemar plus vrai que nature, Erika devra tout d’abord se frayer un chemin dans une forêt maudite, survivre à des égouts labyrinthiques et pestilentiels, parcourir les donjons d’un château et enfin retourner dans un lieu plus habituel, un petit centre-ville, mais peuplé de créatures surnaturelles. Pourrait-elle dénicher de l’aide dans le sanctuaire du quartier ?
SIMPLE SERIES est une série de jeux vidéo à petit budget ayant débuté en 1998 sur PlayStation. Plusieurs studios japonais se sont lancés dans l’aventure, ce qui a donné des résultats plutôt contrastés au niveau de la qualité, mais particulièrement enchanteurs au niveau de la prise de risque et de la variété. THE TAIRYOU JIGOKU, développé par les créateurs de la franchise ONEECHANBARA, réunit tous ces ingrédients : à la fois délicieux et peu ragoûtant, ce Survival Horror est un merveilleux mauvais jeu qui, lors de sa sortie en 2007, pouvait déjà se targuer d’être en décalage total avec son temps.
THE TAIRYOU JIGOKU semble en effet accuser deux générations de retard, alors serrez les dents car il faut se pincer jusqu’au sang pour le croire : ce petit jeu aux graphismes datés, à la hitbox aléatoire et aux animations ratées est ainsi sorti au même moment que GOD OF WAR II – et pour rester dans le genre Survival Horror, plusieurs années après le superbe PROJECT ZERO II, et onze ans après le premier RESIDENT EVIL ! Mais avant de vouer les développeurs du jeu aux gémonies, je tiens à vous rappeler encore une fois que THE TAIRYOU JIGOKU a été édité dans une collection à petit budget, et vendu à un prix riquiqui. De quoi aider à faire passer la pilule – de cyanure ? Bonne apathie !
THE TAIRYOU JIGOKU nous met dans la peau ivoirine et la jupette d’Erika, une lycéenne qui n’a pas froid aux yeux et qui va poursuivre un mystérieux lapin pour retrouver son téléphone portable. Mais gare à la vermine ! En effet, la malice est au pays des merveilles, et les différents miroirs que traversera Erika la mèneront dans des mondes sombres et effrayants, peuplés d’insectes, de crapauds et de rats plus grands que nature – blattes, araignées, papillons de nuit, tout est ici réuni pour faire crier, pleurer les jeunes filles, et Erika ne manquera pas une occasion de hurler de dégoût lorsque les misérables rampants commenceront à monter sur ses jambes pour gagner sa taille et finalement se frayer un improbable chemin jusqu’à ses cheveux – la malheureuse est parfois recouverte de bébêtes de la tête aux pieds ! Le joueur devra alors activement bouger le stick gauche de la manette pour sortir la demoiselle en détresse de cet horrible supplice, car si les bestioles n’infligent pas de dégâts à Erika, celle-ci peut en fait mourir de peur – des onomatopées sont présentes à l’écran pour nous indiquer si le trépas est proche.
Pour se défendre, la frêle jeune fille pourra utiliser des armes ramassées çà et là (balai, club de golf, batte de baseball…), mais celles-ci se briseront après un certain temps. Les insecticides sont plus efficaces, mais leurs doses sont limitées. De toute façon, le combat frontal n’est peut-être pas très perspicace, puisque les ennemis réapparaissent assez rapidement, comme ces bons vieux nuisibles qui infestent nos appartements ! Tant que la situation n’est pas critique, il vaut donc mieux économiser vos ressources : sautez et écrasez ces horribles insectes, c’est comme si on marchait sur des gâteaux secs, ça ne vous coûtera rien si ce n’est un peu d’endurance avec en prime un petit cri mêlant dégoût et souffrance. Courir entame également notre jauge d’endurance, gardez bien un œil dessus car une fois tombée à zéro, elle oblige Erika à faire une courte pause pour reprendre son souffle – ce qui ne sera pas possible si elle se retrouve assaillie par une horde, que dis-je : une secte de nuisibles ! Fuir ou éviter le combat peut alors être une option tout à fait valable : accroupissez-vous pour ne pas être piqué par les guêpes par exemple, ou marchez lentement pour ne pas attirer l’attention !
THE TAIRYOU JIGOKU est constitué de quatre niveaux, plus un petit dernier dans les sombres couloirs du lycée : une forêt, des égouts, un château et une petite ville. Si ce n’est pas très beau (les torches du château ne sont même pas animées), l’ambiance sonore se révèle, elle, tout à fait correcte – la musique d’ambiance dans la ville est étrangement lancinante, elle parait maladroitement nous bercer, nous embrasser de ses lèvres d’amiante. Le level design est pour sa part relativement simple, et les énigmes brillent par leur simplicité voire leur absence. Quant aux boss, ils sont à l’image du reste du jeu : plutôt ratés, mais avec ce côté éclopé de vieux pixel sur le retour qui leur confère un semblant d’étrangeté presque hypnotisant (pour blesser certains d’entre eux, gardez à l’esprit que vous pouvez leur balancer des cadavres d’insectes, berk). Oui, THE TAIRYOU JIGOKU peut être frustrant par moment, mais il donne toujours envie d’avancer, presque de souffrir pour découvrir la prochaine bizarrerie, une nouvelle incongruité ou simplement un énième petit cri d’Erika – dont on ne se lasse pas.
Si la difficulté de THE TAIRYOU JIGOKU parait rédhibitoire durant les premières minutes de l’aventure, on finit par dompter le gameplay du jeu et par s’approprier ses mécaniques. Ma partie en newgame+ fut presque une promenade de santé, bouclée avec beaucoup de plaisir à vitesse grand V (deux heures environ) afin de débloquer un bonus que je voulais absolument : le dialecte d’Osaka ! Oui, le jeu propose trois niveaux de difficulté, et selon la fin que vous obtenez (bad, normal, good) dans une difficulté donnée, vous débloquez des costumes (#RIPMeToo) ou des dialectes régionaux ! Aomori, Okinawa, Osaka, Kyoto… Vocabulaire et accent changent parfois du tout au tout, et refaire l’aventure avec une héroïne qui s’exprime vraiment différemment est une idée unique, et géniale !
Face au spectacle repoussant offert par THE TAIRYOU JIGOKU, des joueurs grinceront des dents, certains auront même le cafard. D’autres, au contraire, seront ravis de plonger dans ce petit Survival Horror épousant les formes d’un improbable cauchemar rampant.
Adoré/abhorré, ce Survival Horror à petit budget vous fera passer par tous les sentiments. Malgré ses défauts criants, j’ai pour ma part vraiment apprécié THE TAIRYOU JIGOKU. Bancal, maladroit voire bâclé, ce jeu improbable propose aussi une aventure et une ambiance assez uniques.
Images : YouTube/Jeux vidéo et des bas
Trailer :