Fire Fighting (Super Famicom, 1994)

FIRE FIGHTING
Titre alternatif : The Ignition Factor
Année : 1994
Studio : Jaleco Entertainment
Éditeur : Jaleco Entertainment
Genre : The Towering Gaming Inferno
Joué et testé sur Super Famicom
Support : cartouche


Huit missions hautement dangereuses attendent nos courageux pompiers. Ceux-ci devront face faire à de nombreuses menaces différentes : fumées et gaz toxiques dans des mines plongées dans l’obscurité, rambardes ou passerelles sur le point de s’écrouler dans des usines labyrinthiques, et bien évidemment des feux dévorants, parfois électriques ou chimiques, ne cessant de progresser et menaçant encore de pauvres individus n’ayant pas pu être évacués à temps. Bloqués dans les derniers étages d’un gratte-ciel dernier cri, ou coincés dans les salles difficilement accessibles d’un musée, ils n’ont plus que quelques minutes à vivre. Pour vous aider, vous pourrez compter sur plusieurs collègues présents pour vous ravitailler : extincteurs de plusieurs types, masque à oxygène, hache, corde, bombes à eau… Et malgré le chrono serré, ne lésinez pas sur l’exploration. Certains objets, disséminés çà et là, pourraient rapporter gros !


La Super Famicom a connu son baptême du feu en septembre 1994, avec le brûlant jeu de pompiers intitulé THE FIREMEN. Développé par Human Entertainment, le jeu en question est, aujourd’hui encore, souvent cité par les joueurs nostalgiques de cette époque bénie. FIRE FIGHTING, sorti seulement deux mois après THE FIREMEN, semble au contraire avoir moins marqué le public, voire tout simplement disparu de la mémoire collective. À mon sens, il ne s’agit ni d’un hasard, ni d’une cruelle injustice : si le jeu de Jaleco est plutôt bon, il se prend un peu trop au sérieux, presque au détriment du fun qui était, lui, le maitre-mot de THE FIREMEN.


Dès le début de la partie, le ton est donné : on nous indique que le nombre d’objets transportables est limité, et qu’en dépassant certains paliers, notre personnage ne pourra plus courir, ni donner de coups de pied dans les portes. Sachant que le temps de chaque mission est limité (et plutôt serré), on est en droit de se demander si tout cela ne relève pas de la fausse bonne idée. Les objets utilisables sont vraiment nombreux pour un jeu de ce genre : hache pour briser des murs fissurés ou des vitres, extincteur classique (capacité illimitée), extincteur bleu pour les feux électriques et vert pour les feux chimiques (capacité limitée, il faudra les recharger auprès de collègues stationnés çà et là), masque à oxygène (limité, aussi), corde, bombes à eau, explosifs, etc. On ne sait plus où donner de la tête, surtout qu’il faut souvent ouvrir un menu pour sélectionner l’objet voulu. Serais-je un partisan du moindre effort, un glandeur ? Ou les développeurs de Jaleco ont-ils vraiment eu la folie des grandeurs ?


Le but des missions est normalement de sauver des personnes coincées au beau milieu d’un incendie – il suffit généralement de les toucher, et elles seront considérées tirées d’affaire. De nombreux petits défis annexes viendront s’ajouter à votre liste de bon samaritain, en temps réel durant la mission (vous marquerez des points, utiles pour améliorer les capacités de votre pompier) : une idée très rafraichissante dans cette chaleur écrasante, mais là encore on est en droit de se demander si les développeurs n’en ont pas trop demandé aux joueurs – par exemple il y a des objets à retrouver durant les missions, mais ceux-ci n’apparaissent même pas à l’écran ! Je m’attendais à voir un petit pixel quelque part, censé représenter l’objet en question, mais non. Il faut en fait marcher sur la zone sur laquelle il se trouve, et notre pompier le ramassera. Un objet invisible, il fallait y penser ! Invisible mais pas spécialement léger, car il prendra une place dans votre inventaire… C’est là le drame de FIRE FIGHTING : quand les développeurs ont une bonne idée, ils la saupoudrent presque toujours d’une pincée de sel. Un autre exemple : il y a des mots de passe. Ouf de soulagement dans l’assemblée tétanisée. Mais ne criez pas victoire trop vite, car ces mots de passe sont parfois donnés non pas après une mission, mais deux ou trois… Par conséquent, vous allez mordre la poussière toxique un nombre incalculable de fois avant de, finalement, avoir le droit de souffler en notant le précieux sésame sur une petite feuille de papier.


Comment mourir me direz-vous ? Eh bien en tombant dans des trous, en encaissant trop de brûlures (la maniabilité est parfois un peu capricieuse, notamment les courses et les sauts), lorsque le temps imparti pour terminer la mission est révolu, si vous ne parvenez pas à sauver suffisamment de gens (certains peuvent mourir si vous n’allez pas assez vite), vous risquez même de finir asphyxié dans les niveaux plongés dans la fumée dense ou de lamentablement trépasser face au seul semblant de boss que propose le jeu (la chaufferie, encore une fois une bonne idée mais mal exécutée). Un détail pernicieux concernant cette chaufferie : c’est un employé de l’usine qui nous explique comment la mettre hors d’état de nuire… mais encore faut-il le secourir dans les temps ! S’il décède, vous apprendrez à vos dépends que le discours de feu ce grand brûlé était nécessaire pour déclencher le script de la chaufferie ! FIRE FIGHTING doit donc se jouer avec une précision de funambule : aller vite mais pas trop, pour ne pas se blesser ou finir englouti dans le sol qui se dérobe sous nos pieds. Avoir le sens de l’orientation et un peu de chance, pour s’y retrouver dans ces missions se déroulant sur plusieurs étages dans des usines dont les couloirs se ressemblent tous – prenez garde au dé-tour infernal…


Bon… Après avoir tenu des propos assez incendiaires au sujet du jeu de Jaleco, il est temps d’endosser le costume du pompier pyromane et de sortir ma lance à incendie pour rafraichir l’atmosphère. Car malgré ses défauts, FIRE FIGHTING est un jeu attachant. Tout d’abord il est vraiment varié, certains environnements se renouvellent intelligemment et les missions dans le gratte-ciel très chic, dans le musée des dinosaures aux accents jurassiques et dans les tours jumelles sont plaisantes et pas difficiles au point de devenir traumatisantes. On sauve des gens aux quatre coins des bâtiments, on se fraye un passage au milieu des flammes, on utilise la hache, les explosifs voire la corde pour accéder à certains endroits, à l’envers du décor… On s’amuse vraiment à s’imaginer dans la peau, le casque et les bottes d’un Kurt Russell ou d’un Steve McQueen. C’est là l’autre atout du jeu : l’éventail de mouvements proposés couplé à la panoplie du parfait pompier confère presque à FIRE FIGHTING un petit côté simulation et stratégie – ne vous précipitez pas dans une mission sans réfléchir, c’est le meilleur moyen pour sombrer dans la tétraplégie.


Si le jeu de Jaleco a d’indéniables qualités, il est donc aussi constamment écartelé entre les bonnes et les mauvaises idées. Pour conclure comme un pompier, c’est-à-dire en sapeur (mais de moral), j’ajouterai un mot sur la mission cachée, proposée en bonus si vous remplissez des conditions drastiques – secourir toutes les personnes du jeu, le plus vite possible, trouver tous les objets, etc. Sympa comme tout mais pas très motivant car les prérequis en question sont trop difficiles à atteindre. J’en reviens toujours à la bonne idée, constamment accompagnée par sa petite dose de sel sur la plaie ouverte du joueur. Si je suis parvenu à terminer le jeu normal, j’ai dû avoir recours à Internet pour dénicher le mot de passe de la mission bonus en question. Elle se déroule dans un immense laboratoire avec des animaux mutants. Un aspect parodique qui part d’une bonne intention mais qui frustre plus qu’il n’amuse, un peu à l’image du reste de l’aventure : paradoxalement le jeu de Jaleco, qui met en scène des pompiers aux prises avec des flammes dévorantes, souffle le froid bien plus souvent que le chaud.

Note :   Nostalgie :

Les pompiers ont beau avoir développé une certaine assuétude au mal, ce n’est pas nécessairement le cas des joueurs de jeux vidéo qui ne s’attendaient sans doute pas à souffrir autant avec FIRE FIGHTING. Abandonnant parfois l’esprit arcade pour injecter dans son jeu un petit côté simulation, Jaleco a vu les choses en grand… au point de rendre l’ensemble parfois un peu frustrant.

Images : mii5

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