ESCHATOS
Année : 2022
Studio : Qute
Éditeur : Strictly Limited Games / Qute
Genre : soucoupes violentes
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray
Au XXIIe siècle, la race humaine doit faire face à son plus grand défi : des extraterrestres ont en effet pris possession de la Lune, frappée par une étrange érosion violette, et ne tardent pas à se lancer à l’assaut de la Terre. Tandis que les plus grands vaisseaux restent en orbite dans l’espace, de nombreuses petites soucoupes volantes commencent à attaquer les défenses terrestres. Une navette de combat terrienne, dotée de deux armes différentes et d’un bouclier rechargeable, parvient heureusement à déjouer les premières attaques mais, alors qu’elle poursuit les envahisseurs dans l’espace elle doit faire face à une plus grande menace… Les vaisseaux ennemis les plus imposants disposent en effet d’une force de frappe infernale.
ESCHATOS est, à mon sens, le chef d’œuvre du studio Qute. S’inspirant du gameplay de JUDGMENT SILVERSWORD, sorti sur WonderSwan, ESCHATOS est un shoot’em up à scrolling vertical épuré, naviguant entre l’éther, les Terriens et les soucoupes volantes à l’ancienne qui ne nous veulent pas du bien.
Le mot d’ordre d’ESCHATOS est simplicité. Deux attaques (une frontale, puissante et une moins destructrice mais plus diffuse) et un bouclier qui, bien évidemment, fond comme neige au soleil nucléaire mais dont la jauge remonte relativement vite, permettant de survivre à de nombreuses situations délétères. Pas d’amélioration à débloquer, ni de power-up à récupérer dans les niveaux, juste votre dextérité qui, normalement, va s’affiner au fil du jeu, à mesure que vous tutoierez les cieux. Pour vous aider malgré tout, quelques pastilles faisant office de smart-bomb apparaissent parfois. Et à force d’empiler les parties et d’enrichir son expérience, le joueur se verra octroyer vies et crédits supplémentaires. Mais le nerf de la guerre, c’est bien la courbe magique de progression proposée par ESCHATOS : à force de jouer, on trépasse, on progresse, on progresse et c’est toute la difficulté qui s’affaisse.
Face au galbe des nombreuses vagues ennemies qui inondent parfois l’écran, c’est l’extase. En naviguant au plus près des nuages puis, un peu plus tard, dans le vide à proximité d’astéroïdes, le scrolling vertical du jeu nous indique le chemin à suivre pour le septième ciel, vers l’épectase. Oui, on passe du plancher des vaches aux courbes infinies de l’espace avec une fluidité folle : le jeu, divisé en 26 zones (area) ne s’arrête en réalité jamais et la narration est assurée par les visuels – combats initiaux au ras du sol, puis on s’envole pour dépasser la stratosphère, la planète bleue nous apparait dans son plus bel appareil, les joutes se multiplient alors dans le vide spatial lorsque notre regard attrape un détail dessiné au loin, comme une étoile… Non, une planète. Menaçante. Impressionnante. Le chef des envahisseurs, elle l’a vu naitre. On se rapprochera alors petit à petit de cet endroit mystérieux pour, enfin, y pénétrer et y faire face à un déluge de rayons lasers et d’idées.
Les ennemis sont variés, certains plus massifs que d’autres comme le veut la coutume – ces derniers cracheront parfois de véritables rideaux de balles mais si vous évitez le mode hard, vous ne ferez face à rien d’insurmontable grâce à votre bouclier qui arrondira bien des angles au pixel carré (pourrait-on parler de « danmaku light » ?). De petits ennemis beaucoup plus vifs vous en feront aussi baver, notamment ces vagues innombrables de petites soucoupes triangulaires que l’on croisera pour la première fois au début de l’area 16 – en même temps que vous découvrirez le noir et le vide de l’espace profond, ces ennemis paraitront presque vous narguer en dansant tout autour de vous, sur un thème musical au charme intersidéral. D’autres au contraire seront plus statiques et s’aligneront, menaçants, en face de vous presque en rang d’oignons – amusez-vous alors à éplucher leurs patterns et à pleurer de nostalgie, oui, oui, car tout cela n’est pas sans rappeler de glorieux ancêtres comme SPACE INVADERS et GALAGA. De nombreuses autres séquences mémorables risquent de vous laisser sans voix – comment ne pas parler de ces lasers béants qui essaiment subitement l’écran, écrasant tout sur leur passage juste avant le duel final ? Le tout, encore une fois, avec des musiques, des sons qui se marient parfaitement avec l’action, et des mouvements voire des explosions qui confèrent à chacune de nos attaques et esquives victorieuses un sentiment de satisfaction absolument merveilleux.
ESCHATOS est un shoot’em up exceptionnel, nerveux, valorisant et dynamique qui donne presque envie de taper du pied en jouant pour suivre la rythmique. Son Original Mode constitue la base, le nerf du jeu – pour y scorer, détruisez toutes les vagues ennemis le plus vite possible pour augmenter le multiplicateur (qui est différent selon la difficulté sélectionnée). Un Time Attack Mode propose de rejouer au jeu mais en temps limité – chaque mort retirant des secondes à notre total qui s’égraine inlassablement. L’Advanced Mode est encore plus poussé : il permet au joueur de récupérer des pastilles de deux genres bien distincts durant les parties – des power-up pour nos armes, mais qui font baisser la puissance de notre bouclier. Et des power-up pour notre bouclier, qui entament l’efficacité de notre arsenal. Personnellement, je reviens toujours aux joutes de l’Original Mode, mes premières amours que je relance à l’envi.
Enfin si vous avez malgré tout peur de faire face tôt ou tard au spectre du trou noir de l’ennui, ne vous inquiétez pas car, cerise sur l’horizon des évènements : les deux premiers shoot’em up développés par Qute pour la WonderSwan sont présents pour accompagner ESCHATOS dans ce qui constitue, ni plus ni moins, que son plus bel écrin.
Sans être un danmaku dans le sens premier du terme, ESCHATOS nous met néanmoins parfois au pied de véritables rideaux de balles, mais la présence d’un bouclier qui se recharge change agréablement la donne. Épuré, très simple à prendre en main et proposant des routines ennemies extrêmement bien pensées et rythmées, ESCHATOS est un shoot’em up difficile à lâcher – inutile par conséquent de vous lancer dans des études d’eschatologie : après sa mort pixelisée, le joueur remettra irrémédiablement une pièce dans la machine pour relancer une partie.
Images : éditeur
Trailer :