GINGA FORCE
Année : 2020
Studio : Qute
Éditeur : First Press Games / Rising Star Games
Genre : vaisseau spécial
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray
Dans un futur lointain, l’Humanité a voyagé bien au-delà du Système solaire et a colonisé six planètes. Une septième fut bientôt découverte et exploitée pour ses richesses. Appelée Seven Tier, elle est protégée par le Mitsurugi Security Service, ou MSS, qui compte dans ses rangs plusieurs pilotes d’élite. Parmi eux, Margaret est une vétéran qui va se charger de la formation du jeune Alex, au talent particulièrement prometteur. Afin de faire régner la loi, les deux intéressés pourront compter sur des vaisseaux à la pointe de la technologie, pouvant embarquer deux armes différentes, un bouclier le plus souvent protecteur ainsi que trois options aux capacités extrêmement diverses.
Après le remarquable ESCHATOS, le studio Qute a remis le couvert avec un nouveau shoot’em up à scrolling vertical mais en y apportant un grand nombre de nouveautés, au risque de prendre les fans à rebrousse-poil. ESCHATOS était ainsi un shooting game épuré, pour ne pas dire éthéré, eh bien GINGA FORCE sera un jeu plus complexe, à la narration très poussée. ESCHATOS ne proposait aucune option ni amélioration, au contraire GINGA FORCE proposera une quantité astronomique d’éléments à débloquer, faisant parfois ressembler la progression à un véritable petit RPG.
Concernant la narration, permettez-moi de l’exclure immédiatement du débat d’un dédaigneux revers de la main : dans un simili danmaku où la moindre balle tue en un coup, les nombreux dialogues durant les parties arrivent comme un cheveu sur la soupe à la ciguë. Celles et ceux ayant besoin de calme pour affronter des vagues d’ennemis infernales se rendront donc dans le menu des options afin de couper le sifflet aux différents personnages de l’histoire. Mais la très grosse nouveauté de GINGA FORCE, c’est son game design – si notre vaisseau peut toujours transporter deux armes et un bouclier, cette fois-ci le joueur aura le choix entre une foultitude d’options en tous genres, un véritable arsenal ! Avant chaque mission, il sera d’ailleurs possible de modifier notre équipement, afin de l’adapter au mieux aux risques et aléas qui nous tendent les bras.
N’ayant encore rien débloqué, disposant juste des options de base, je me lance alors dans le premier niveau du Story Mode et là, roide de colère, je prends la mouche. C’est la douche froide. Les seules armes dont je dispose sont trop faiblardes par rapport à la résistance des ennemis qui me font face, je meurs souvent, le premier niveau n’est pas super intéressant et même lorsque je finis par le terminer, je suis misérable. Le même sentiment m’étreint lorsque je parcours les deux niveaux suivants. Bien que j’aie commencé à débloquer quelques options, je suis un peu perdu. Je dois me rendre à l’évidence : je ne m’amuse pas vraiment. En réalité, et je ne l’ai réalisé qu’après plusieurs heures : j’avais fait une erreur – dévoré par l’hubris, j’avais débuté par le mode de difficulté normal. Mais dans GINGA FORCE, le joueur normalement constitué doit en fait ravaler sa fierté et lancer en premier le mode de difficulté easy, plus lisse. On y progresse plus aisément, surtout on y accumule des points qui vont nous permettre d’acheter des armes/options/améliorations qui se débloquent petit à petit. En devenant le roi de la customisation, j’ai ainsi rapidement remis les pendules à l’heure. Au passage, après avoir terminé le jeu en easy et avant de lancer une partie en normal, prenez le temps de plier les missions en hommage aux deux STG de Qute sortis sur WonderSwan – on y débloque des armes bien sympathiques…
Attardons-nous donc quelques instants sur ce grand changement par rapport à ESCHATOS : la customisation. Si à première vue le vaisseau de GINGA FORCE, qui peut embarquer une arme principale, une secondaire et un bouclier (appelé Special Weapon) ressemble comme deux gouttes d’acide à celui d’ESCHATOS, la grande différence vient ici du fait qu’il est possible de les sélectionner parmi des dizaines de propositions – la manière d’aborder un niveau changera du tout au tout selon nos choix initiaux, surtout que la personnalisation ne s’arrête pas là ! On peut également choisir notre moteur (influençant la manière de changer la vitesse du vaisseau) et ajouter jusqu’à trois options passives – et loin, très loin d’être anecdotiques (indication du point faible des ennemis, amélioration de la jauge de nos armes, etc.). Et il y a donc cette Special Weapon : de la même manière qu’aujourd’hui on voit moins le temps comme un principe universel que comme une illusion plus personnelle, GINGA FORCE propose à chacun d’écrire, de tisser sa propre ligne temporelle. Une idée magique de game design. Ici en effet, la Special Weapon peut être soit un bouclier frontal ou en forme de coquille (vidant plus rapidement sa jauge), soit une bombe massive faisant aussi office de bullet cancel (entre aux joyeusetés), soit un module permettant de ralentir le temps autour de notre vaisseau, permettant à celui-ci de slalomer avec plus d’aisance au milieu des balles. Le menu proposé par Qute est tout simplement gargantuesque et, je me répète, permet d’aborder un même niveau de manière totalement différente.
Mais le festin ne s’arrête pas là : GINGA FORCE est aussi un pur concentré de nuages de balles aux routines félines, animales. Les patterns sont incroyablement bien pensés, même s’il faudra continuer à jouer jusqu’au mode normal, puis hard pour s’en assurer – les trouvailles sont légion et laissent parfois bouche-bée (paf, vous venez de mourir dans une explosion !) : des lasers qui circulent nonchalamment avant de brusquement accélérer, ces cibles qui apparaissent quelques secondes avant que des missiles ne viennent s’écraser, ces anneaux de lumière aveuglants paraissant infranchissable la première fois… Et que dire du level design ? Sans piocher chez la concurrence, le jeu propose pourtant des idées à la pelle ! Le niveau 1 qui nous fait basculer ponctuellement en 3D (à dessein, c’est pour éviter un accident !), le niveau 2 et les détecteurs de mouvement qu’il faut éviter voire retourner contre leur propre créateur, cette course-poursuite absolument dantesque avec deux missiles lancés à vitesse supersonique dans le ciel atomique du niveau 3, le niveau 5 qui se déroule sous terre et proposant un duel contre une foreuse géante taillant son chemin dans des galeries qui s’effondrent, le niveau 7 qui nous envoie encore plus haut dans le ciel, un peu plus près des étoiles avec des colonnes gigantesques et mécaniques dont il faudra éviter les reliefs traitres, l’attaque d’une flottille entière dans l’espace du niveau 8 ou encore, et surtout, ce duel ahurissant avec un vaisseau immense dans le niveau 9, qu’il conviendra d’attaquer successivement de trois côtés différents en s’affairant d’abord à détruire ses trois réacteurs principaux pour ensuite pouvoir accéder à ses parties les plus vitales recelant pléthore de pièges en tous genres. Vous allez tirer la langue, pleurer du sang et, très souvent, finir exsangue.
Les puristes regretteront peut-être le fait qu’il ne soit pas possible de tenter un 1CC à l’ancienne même dans le mode Score Attack, le jeu étant compartimenté (chaque mission est indépendante des autres), mais GINGA FORCE est définitivement un grand shoot’em up. Sans être un vrai danmaku, il pourrait être considéré comme l’intercesseur rêvé du genre auprès de joueurs indécis s’intéressant aux manic shooters. Il paraitra un peu difficile au début aux néophytes mais est, en fait, très abordable – ses différentes difficultés permettront à chacun de s’amuser et son système d’armement, en particulier défensif (bouclier ou slow-motion) devrait vous convaincre de pouvoir survivre aux pires rideaux de balles qui soient. Vous aurez alors envie de vous retrousser les manches, de repousser vos limites sans jamais voir défiler les dizaines d’heures de fun, de stress, de cris et de joies que le jeu vous proposera.
Note :
GINGA FORCE est un shoot’em up absolument somptueux qui s’adresse à toutes et à tous – en easy il se plie en deux, en normal on découvre enfin des patterns ingénieux et en hard c’est un véritable bullet hell, on finit écrasé comme un gueux. Ce jeu du studio Qute, déjà auteur du grand ESCHATOS, fourmille de détails inoubliables, de boss mémorables, de niveaux aux idées infernales et propose de surcroit de nombreuses manières d’aborder chaque mission en permettant au joueur de débloquer, puis d’acheter, moult armes et options, offensives, stratégiques ou défensives. Serrez les dents, parce que vous aller en prendre plein les gencives !
Images : éditeur
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