Blast Wind (Sega Saturn, 1997)

BLAST WIND
Année : 1997
Studio : TechnoSoft
Éditeur : TechnoSoft
Genre : terre à terre sur Saturn
Joué et testé sur Sega Saturn
Support : CD-ROM

La Terre a été ravagée par un désastre nucléaire, anéantissant la quasi totalité de la population humaine. Guidés par un prophète nommé Noa, les rares survivants parvinrent à embarquer dans un gigantesque vaisseau spatial, The Ark. Des centaines d’années plus tard, après la dissipation des radiations, les Humains revinrent sur la planète Terre. Hélas, ils y découvrirent qu’une civilisation cachée, Gorn, avait profité de l’hiver nucléaire pour prospérer sous la croute terrestre. Le peuple de Noa, peu versé dans l’art de la guerre, pourra néanmoins compter sur deux vaisseaux très particuliers, pilotés par deux êtres d’élite issus du projet Blast Wind, les reliques d’une époque durant laquelle les Humains rivalisaient de folie et de talent pour produire des armes de destruction massive. Les deux pilotes, les Ultimate Destroyers, se lancent alors à l’assaut des armées de Gorn. Kyō et Forn seront-ils capables de reconquérir la Terre ? Ou celle-ci est-elle sur le point de rendre son dernier souffle ?


Avant tout connue et célébrée dans le monde l’univers entier pour sa série THUNDER FORCE, la compagnie TechoSoft est aussi à l’origine d’autres shoot’em up remarquables : ELEMENTAL MASTER dans la catégorie shoot pédestre, ou encore HYPER DUEL et BLAST WIND sur Saturn. Ce dernier tourne le dos au sacrosaint scrolling horizontal cher aux THUNDER FORCE, pour épouser des courbes verticales tout aussi félines et fatales.


Ce qui frappe d’entrée dans BLAST WIND, c’est sa prise en main simplissime : un bouton pour tirer en continu (tapotez pour un tir un peu plus diffus), un deuxième pour des frappes moins puissantes mais à tête chercheuse, et un troisième pour la smart-bomb. Non, les cinq autres boutons de la manette Saturn ne sont pas mis à contribution, et c’est peut-être ce qui donne l’impression de piloter un vaisseau 32 bits (effets de zoom et d’ombre, distorsions, foultitude de détails dans les arrière-plans…) tout en gardant un œil dans le rétro : oui dans l’esprit BLAST WIND fait très « 16 bits », ici nous ne sommes ni dans un manic, ni dans un titre essayant à tout prix de repousser les limites de l’originalité, d’aucuns diront du bon goût (en vendant son âme à la 3D ?).


Il y a six niveaux en tout, on peut jouer à deux en coopération mais, même seul, on a le choix du vaisseau – avec une petite influence sur le gameplay, celui du premier joueur étant le mieux équilibré si j’en crois les retours sur Internet (hélas je n’ai pas pu essayer le deuxième vaisseau, c’est mal fichu car il faut impérativement deux joypads connectés à la console, et je n’en ai qu’un). Les niveaux ne sont pas très longs, avec leurs lots habituels de boss et de mid-boss, et de bonus à récupérer (très simples : power-up, petit module à la R-TYPE mais en moins efficace, bombe ou vie supplémentaire – très rare). Rien de neuf sous le soleil nucléaire ? Eh bien en fait, si. Tout d’abord, les collisions avec les décors ne causent aucun dégât. Un détail loin d’être anecdotique puisqu’il permet de mettre intelligemment en scène une fonctionnalité assez fantastique de BLAST WIND : la faculté d’actionner des interrupteurs présents à certains endroits stratégiques en poussant dessus avec notre vaisseau. Certains ouvrent des portiques, quelques-uns recèlent de délicieuses surprises que je vous laisse découvrir, quand la plupart des autres permettent de choisir entre deux chemins. Oui, BLAST WIND est un shoot’em up à embranchements, et chaque niveau du jeu vous permettra à un moment ou à un autre de sélectionner la route à suivre. Les passages proposés étant radicalement différents les uns des autres, parfois jusqu’au boss, le sentiment de variété est total, et le manque d’anticipation éventuellement fatal – oui, après avoir joué au jeu un certain nombre de fois, vous aurez toutes les cartes en main pour choisir les chemins qui vous siéent le plus, les boss que vous sciez aisément en sus.


Les boss en question sont vraiment agréables à affronter – certains sont petits et mobiles quand d’autres sont au contraire gigantesques, recouvrant presque intégralement l’écran. Leurs routines ne sont pas extrêmement retorses, dans le sens qu’elles n’imposent pas aux joueurs de mémoriser trente-cinq vagues successives de balles assassines – avec de bons réflexes, quelques prises de risque bien calculées et une ou deux smart-bombs en stock, aucun d’entre eux ne devrait se révéler trop machiavélique. Encore une fois, BLAST WIND n’est pas un danmaku, oui dans ce jeu vous avez le temps de cligner des yeux ! Prenez garde malgré tout, quelques-unes de leurs attaques, assez originales, pourraient vous prendre à défaut – c’est surtout vrai les premières fois. Un boss va ainsi vous suivre à la trace avec un viseur extrêmement mobile, un autre va tenter de balayer l’écran avec les énormes lasers jaillissant de gigantesques réacteurs, quand un dernier enverra dans votre direction de petits modules a priori inoffensifs mais qui, s’ils se stabilisent à votre hauteur, vous apprendront la signification du mot douleur.


Si les boss de BLAST WIND sont donc vraiment amusants à combattre, mais peut-être un peu trop simples à occire, il en va en fait ainsi de l’ensemble du jeu. BLAST WIND est en effet un shoot’em up accessible, très (trop ?) facile. Le 1CC est une formalité en easy et en normal, et même en very hard, le jeu est loin du cauchemar annoncé (smart-bombs aux effets généreux, i-frame et vague de dégâts quand on récupère un power-up, boss plus belliqueux en difficulté maximale mais pas si effrayants, etc.). S’agit-il d’un défaut, si les parties sont toujours plaisantes, les affrontements si prenants ? Chaque joueur aura une réponse différente à cette question. Peut-être que cela empêche BLAST WIND de figurer au panthéon des shoot’em up de la Sega Saturn – il y manque ce petit côté épique, qui pique. Mais ça n’enlève rien à ses innombrables qualités, au plaisir pris manette en main, au régal pour nos sens – certaines musiques sont tout simplement mirifiques (celles de l’avant-dernier et du dernier boss notamment) et graphiquement, le jeu regorge de détails géniaux qui donnent littéralement vie aux différents tableaux. BLAST WIND est en effet un shoot’em up qui se joue à basse altitude – oubliez les ceintures d’astéroïdes et l’obscurité des trous noirs, ici vous survolerez des canyons accidentés avec des chevaux qui gambadent à leur pied, des océans lointains et des forêts luxuriantes cachant en leur sein des architectures étonnantes. Cette mise en perspective détonante est encore plus impressionnante dans le niveau 2, durant lequel on traverse une cité futuriste, apercevant çà et là des passants qui parfois pressent le pas pour se mettre à l’abri ! Durant le niveau 6, de courageux fantassins tenteront même, vainement, de nous tirer dessus.


BLAST WIND est un jeu qui flatte définitivement la rétine. Mais après tout il est normal pour un shoot’em up très terre à terre, tournant le dos au vide spatial, d’avoir une gueule d’atmosphère !

Note : Nostalgie :

Avec son scénario écologique prédisant les désastres à venir (d’aucuns diront qu’on a déjà les deux pieds dedans), BLAST WIND a dû paradoxalement accélérer le réchauffement climatique, les fans de shoot’em up ayant certainement poussé leur Sega Saturn jusqu’à la surchauffe en 1997 ! Il faut dire que le jeu de Technosoft est un petit bijou pour les yeux tout en proposant une prise en main simplissime. Certes, BLAST WIND est sans doute trop facile, et d’autres titres lui sont clairement supérieurs sur la machine de Sega, mais les parties (avec des embranchements dans les niveaux) sont tellement plaisantes que, comme la banquise, j’aurais bien du mal à ne pas fondre devant un tel jeu.

Images : Mobygames / Segaretro

Vidéo :

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