NIGHT STRIKER S
Année : 1996
Studio : Fill-In Cafe
Éditeur : Ving
Genre : la nuit sera courte !
Joué et testé sur Sega Saturn
Support : CD-ROM
2049. Un groupe terroriste a kidnappé un spécialiste mondial de la technologie laser, ainsi que sa fille. Les terroristes en question seraient basés en Asie, et auraient déjà bien avancé dans la création de nouvelles armes de destruction massive. Si le sauvetage des deux otages est une priorité, l’anéantissement de l’usine secrète des criminels n’est pas à négliger. Tandis que de nombreuses forces de police ont échoué, les autorités décident d’envoyer l’unité d’élite Night Striker : des soldats aux commandes de véhicules blindés dotés d’une grosse force de frappe, et pouvant à la fois rouler sur les routes délétères et s’envoler dans les airs.
NIGHT STRIKER est à l’origine un jeu d’arcade qui fut tout d’abord porté sur Mega-CD dans une version assez pixelisée pour ensuite échouer (dans tous les sens du terme ?) sur PlayStation – il parait que sur cette console le jeu est victime de quelques tares techniques. C’est donc sur la Sega Saturn que NIGHT STRIKER devrait combler les joueurs les plus exigeants : fluidité de tous les instants, distance d’affichage plus convaincante que sur PlayStation (indispensable quand il s’agit d’éviter des obstacles qui fondent sur nous à toute vitesse) et un mode de jeu exclusif à la console de Sega – d’où le S, ajouté au titre.
NIGHT STRIKER S est un rail shooter à la SPACE HARRIER mâtiné de OUTRUN – oui le jeu doit beaucoup à Suzuki Yū : on file à toute allure dans des environnements en 3D en tirant sur tout ce qui bouge, en évitant les projectiles adverses voire les obstacles avant qu’ils ne nous transpercent, quand à la fin du niveau (généralement assez court), on fait face à un embranchement nous permettant de choisir entre deux routes différentes – même s’il ne faut traverser que six niveaux pour voir la fin du jeu, celui-ci en compte en réalité vingt-six !
La prise en main est simple – d’aucuns diront simpliste : vous pourriez considérer cela comme un avantage, ou au contraire comme un défaut. Un bouton pour tirer en continu, le pad pour se déplacer dans tout l’écran : voilà pour la portion congrue. Le gameplay ne va pas plus loin. On dispose de plusieurs boucliers (shield) et lorsque ceux-ci sont épuisés, notre véhicule explose – à la fin d’un niveau, on regagne plusieurs de ces boucliers ce qui nous pousse, en réalité, à rester toujours concentré : en jouant bien dans les niveaux les plus accessibles, il est ainsi possible de se lancer à l’assaut d’un niveau plus difficile avec une plus grande quantité de boucliers. Ce n’est pas du luxe tant certains passages donnent la sensation d’être un peu injustes – missiles à tête chercheuse qui fondent sur nous tandis que notre visibilité se retrouve parfois amputée de plusieurs pixels carrés (un classique dans ce style de jeu) et qu’il faut dans le même temps slalomer entre des obstacles assassins.
Mais avec cette prise en main immédiate, le plaisir ne se fait pas attendre : notre voiture dévore le bitume, surfe sur la mer dans un éclat d’écume, s’envole sans fournir le moindre effort, virevolte dans le ciel, slalome entre les tirs ennemis, les ponts, les panneaux publicitaires de ce Hong Kong fantasmé aux relents de cyberpunk, souvent écrasé par la brume. L’ambiance nocturne et futuriste, habillée des superbes musiques de Zuntata, fait beaucoup du charme du jeu. C’est simple, amusant et trépidant, et les niveaux sont assez variés – certains sont très ouverts, nous permettant de voler haut dans le ciel, tandis que d’autres se déroulent dans des environnements fermés (des hangars par exemple) et parfois particulièrement étroits, comme des tunnels. Des passages qui peuvent se révéler très stressants mais dont, heureusement, le sadisme n’a pas été assumé jusqu’au bout – les collisions avec les parois des tunnels ne causent aucun dégât !
Malgré sa rapidité, NIGHT STRIKER n’a pas été flashé pour excès de vitesse par les magazines de l’époque lors de sa sortie sur consoles, mais plutôt pour excès de paresse ! Avec le recul, on peut en partie les comprendre car malgré le fait qu’il soit sorti plusieurs années après SPACE HARRIER, NIGHT STRIKER n’apporte pourtant rien de neuf dans le gameplay – des tirs différents, une brève accélération ou un freinage limité auraient fait du bien. Mais si je peux comprendre la rancœur des testeurs des années 90, je ne la partage pas, encore moins aujourd’hui où l’on est souvent ravi à l’idée de retrouver ces sensations simples, et immédiates, procurées par les bons jeux d’arcade. De plus l’ambiance qui suinte des artères de ce futur fantasmé est excellente, et les derniers niveaux du jeu, selon les embranchements choisis par le joueur, proposent parfois une transformation originale de notre véhicule (mécha, avion de chasse, moto) ainsi qu’une fin légèrement différente. Sans oublier l’Extra Game exclusif à la Saturn, qui bien que limité (six niveaux plus difficiles, sans embranchement et avec peu de crédits) demeure un petit bonus sympathique qui vous forcera à vous retrousser les manches – en easy ça demeure heureusement faisable.
NIGHT STRIKER S est un petit jeu vraiment sympa, qui procure de bonnes sensations d’arcade à la maison. Mais malgré ses néons qui tranchent dans la nuit noire, vous n’y passerez pas des nuits blanches.
NIGHT STRIKER S s’inspire outrageusement de SPACE HARRIER et d’OUTRUN, pour un résultat très probant quand on considère son année de sortie sur bornes d’arcade (1989). Aujourd’hui le concept paraitra sans doute un peu désuet à certains joueurs (c’était déjà le cas en 1996 sur Saturn, où il a été fraichement accueilli). Le jeu, en tous les cas, va à toute vitesse – comme les parties d’ailleurs : on voit très vite le bout du tunnel. Un trip rétro idéal pour de courtes sessions.
Images : Sega Retro
Vidéo :