Apidya (Amiga, 1992)

apidya amiga box boiteicone amiga_500APIDYA
Année : 1992
Studio : Kaiko
Éditeur : Blue Byte
Genre : dard l’invincible
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquettes


Le diabolique Hexaae a empoisonné Yuri grâce à sa magie noire. Afin de sauver cette femme agonisante, Ikuro, son mari, utilise la magie à son tour pour se transformer en abeille de combat et ainsi voler au secours de sa bienaimée. Son objectif est double : trouver l’antidote et faire payer Hexaae pour ses méfaits.

Sous sa forme animale, Ikuro devra parcourir trois niveaux naturels : les champs, l’étang et les égouts. Pour venir à bout des deux derniers niveaux (un complexe technico-organique puis un tunnel futuriste rempli de boss), Ikuro pourra enfin se transformer en abeille mutante et robotisée. La guerre entomologique est déclarée !

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APIDYA le bel insecte (apidae signifie « abeille » en latin – merci wikipidya) est en réalité un cheval… de Troie qui commence par un 2. Il ne s’agit en effet aucunement d’une suite, mais bien d’un premier épisode. L’écran titre du jeu, qui affiche un fier « APIDYA II », peut ainsi être considéré comme une blague. Et si, comme moi, ça ne vous fait pas particulièrement rire, sachez qu’il s’agit aussi sans doute d’un hommage aux shoot’em up japonais, à ces séries qui sont presque devenues des dynasties tant elles ont connu de suites et de petits. Ce jeu Amiga a donc tout du cheval de Troie vidéoludique, puisqu’il cache dans ses entrailles micro un véritable jeu console ! En effet tout, dans APIDYA, tend vers le shoot’em up japonais : le titre du jeu en katakana (アビヂャ), le studio (Kaiko) dont le design rappelle quelques noms du pays du soleil levant, l’intro façon « anime » et le système de jeu dans son entier puisque celui-ci reprend à la lettre le principe fondateur de la série GRADIUS : une barre en bas de l’écran avec plusieurs options. Avec un bonus (petite fleur rouge lâchée par certains ennemis) votre barre progresse d’un cran. Avec deux bonus en stock, elle progresse de deux crans et ainsi de suite, vous permettant ainsi de choisir vous-même la prochaine option que vous activerez : le speed-up, la bombe, un tir plus puissant, un module (une petite abeille), qui va vous suivre, tirer et aussi vous protéger (détail importantissime !), un champ de protection, etc.

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Du GRADIUS dans le texte avec une touche de R-TYPE puisqu’en appuyant sur le bouton de tir pendant une petite seconde, vous enverrez un missile survitaminé (en forme de dard). Et APIDYA ne s’arrête pas là puisqu’il a été entièrement pensé pour être joué comme un vrai jeu console : dans les options, il est en effet possible de configurer le jeu pour être joué au pad, et non au joystick (n’oubliez pas que le joypad de la Megadrive, par exemple, était compatible avec l’Amiga). Conséquence : vous pouvez utiliser un deuxième bouton pour activer l’option et non pas remuer stupidement un joystick qui n’aurait qu’un bouton fire, comme dans BATTLE SQUADRON.

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« Le homard m’a tuer »

Question importante : les développeurs ont-ils confondu l’hommage sincère avec le clin d’œil borgne de celui qui croit mieux voir que les autres mais qui est incontestablement aveuglé par la passion/nostalgie ? Eh bien non : même à trop vouloir se rapprocher des shoot’em up japonais, les créateurs d’APIDYA n’ont heureusement pas fini par tristement défigurer leur bébé, par brûler les ailes de leur abeille. Car si APIDYA emprunte le système de jeu de GRADIUS, il a aussi l’intelligence d’être aussi maniable et, surtout, de proposer une courbe de progression aussi bien pensée que celle de son ainé. Les deux premiers niveaux sont très accessibles (même s’il faut un temps d’adaptation), le troisième est déjà un peu plus dur, quand les choses sérieuses commencent réellement avec le quatrième niveau – le cinquième étant presque essentiellement un boss rush hallucinant !

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Attachez votre ceinture : vous allez en baver ! Très honnêtement, certains passages du niveau 4 sont un peu abusés – mais pas impossibles en easy. Surtout, et c’est là l’un des défauts du jeu, on pourra lui reprocher quelques failles dans les décors : ils sont magnifiques mais surchargés, du coup un petit manque de lisibilité peut se faire sentir à quelques moments bien précis (par exemple quand votre abeille se trouve dans les roseaux), quand parfois, dans le feu de l’action, vous risquez de vous écraser sur un décor – il peut être difficile de faire la différence entre un décor purement cosmétique (un pissenlit, des roseaux) et un mur sur lequel vous vous écrasez (les nénuphars). Maintenant, il est vrai qu’à force de jouer (et de mourir ?), on apprend à faire la distinction entre une rose agréable au regard… et ses épines assassines.

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Cette difficulté plutôt bien calibrée (vers le haut) est l’une des bonnes surprises du jeu – qui a tout pour être inscrit au panthéon des shoots exceptionnels et ambitieux. Car APIDYA n’a paradoxalement pas une taille de guêpe, oui il envoie du lourd, ses deux disquettes regorgeant de données en tous genres. APIDYA c’est en effet une petite merveille technologique sur Amiga (pas de ralentissements, nombreux sprites à l’écran, décors animés…), doté de musiques très réussies (Chris Hülsbeck), d’un bestiaire extraordinaire et d’une richesse rare, le tout habillé de cinq niveaux variés ponctués de quelques passages secrets menant à des stages bonus et qui propose, cerise sur le gâteau de miel, la possibilité de jouer à deux en même temps – le second joueur contrôlant l’un des modules (je n’ai jamais pu essayer).

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Oui, APIDYA est à première vue un très grand shoot’em up, l’un des rares shoots micro pouvant soutenir la comparaison avec les bons titres sortis sur consoles 16 bits dont il s’inspire grandement : GRADIUS pour le système de bonus et d’armes, R-TYPE pour le beam et les tunnels mobiles vers la fin du jeu, voire DARIUS pour l’ambiance aquatique ponctuelle et les gros poissons ou encore PARODIUS puisque l’un des boss d’APIDYA ressemble étrangement à la danseuse géante Chichibinta Rika (il faut passer entre ses jambes).

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Coup de génie : les programmeurs ne se sont pas contenté d’empiler les références puisqu’ils ont donné à APIDYA une personnalité propre, un univers à part – une âme vidéoludique, oui. Jusque dans certaines idées de game design vraiment bien senties : les déchets verts et baveux qui vous ralentissent et surtout l’écran qui se renverse lorsque votre abeille respire des substances chimiques dans les égouts, le champignon pas si hallucinogène que ça, la guêpe géante finale qui vous chasse grâce aux rafales de vent provoquées par les battements de ses ailes, les entrailles du rat mort qui s’animent, l’étang et ses différents chemins, une vraie fin avec des crédits très drôles et un cadeau spécial si vous terminez le mode hard, la possibilité de sauvegarder votre highscore, etc.

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Comment conclure une telle chronique ? Comment donner un avis définitif sur un tel jeu ? Alors oui, APIDYA est un grand shoot’em up micro, qui n’atteint pourtant pas, à mon sens, le niveau des meilleurs softs du genre sur consoles (impact des explosions, patterns des boss, etc.). S’adresse-t-il à tout le monde ? Pas sûr, tant il est difficile sur la fin. Toutefois, il faut savoir qu’APIDYA propose un mode Practice. Normalement, chacun des cinq niveaux est constitué de trois stages – à part le dernier qui en a cinq très courts (soit dix-sept stages en tout). Génial ? Oui et non. Oui car c’est varié. Non car c’est trop long pour le joueur lambda. Mais… mais en mode Practice, le jeu n’est plus constitué que d’un stage par niveau – soit cinq stages au total. Le jeu en devient tout à coup « humain ». Amusant. Dur à certains moments, mais très faisable et par conséquent beaucoup moins frustrant que dans les difficultés easy, normal et hard. Et vous savez quoi ? Cinq petits stages d’APIDYA, c’est déjà presque mieux que tous les shoots micro réunis pris dans leur entier.

Note : Nostalgie :

Quand l’école allemande de Kaiko (pas très éloignée de Factor 5) rend hommage à l’école japonaise des shoot’em up, ça donne APIDYA, un petit bijou sorti exclusivement sur Amiga. Bestiaire incroyable et extraordinairement varié, des boss en pagaille, des niveaux tous très différents les uns des autres et remplis de détails, des stages bonus cachés, une maniabilité parfaite, un concept qui a fait ses preuves (repris de GRADIUS), une hitbox qui ne souffre d’aucun défaut et, surtout, une touche personnelle qui donne tout son sel à ce jeu unique. Un dernier mot sur la difficulté : elle est élevée (voire très élevée sur la fin) mais pas injuste. Le joueur méritant devrait voir le bout du chemin – le flemmard optera au contraire pour le mode Practice, plus simple et moins long. Encore une bonne idée pour ce jeu qui, sans tout à fait atteindre le niveau des meilleurs shoot’em up sur consoles, respire néanmoins le génie. abeille2

Images : jeux vidéo et des bas

Une vidéo non émulée (le joueur utilise le cheat de l’invincibilité) :

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2 réflexions au sujet de “Apidya (Amiga, 1992)”

  1. J’adore ce jeu en tous points. Il est très original dans son univers, pour moi, même sur console, je ne vois pas énormément de jeux qui lui soient supérieurs en fait. Mais je ne suis peut-être pas objectif avec l’Amiga. 🙂

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