Nanashi no Game: me (Nintendo DS, 2009)

Nanashi no Game Me aNANASHI NO GAME: ME
Année : 2009
Studio : epics
Éditeur : Square Enix
Genre : Sadako vous fait de l’œil
Joué et testé sur Nintendo DS
Support : cartouche DS


Un an après les tristes évènements qui emportèrent plusieurs jeunes joueurs, un étudiant en anthropologie âgé de 18 ans découvre non pas un, mais deux nouveaux jeux maudits : un RPG et un jeu de plates-formes… qui tueraient au bout de sept jours quiconque lancerait une partie. Pour l’aider dans la résolution de cet épineux mystère, il pourra compter sur les conseils d’un professeur spécialisé dans l’occulte, mais aussi sur la jolie Ren, qui a perdu son frère lors du drame précédent.

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Comme dans tout bon (mauvais ?) film d’épouvante qui se respecte, la malédiction de NANASHI NO GAME ne s’est pas dissipée avec le mot « Fin » du premier jeu. Vous qui êtes amateur d’histoires d’horreur, vous ne pensiez pas sérieusement vous en tirer à si bon conte ? La légende du « jeu sans titre » est donc de retour. Certes, après une longue aventure semée d’embuches, vous étiez parvenu à lever sa malédiction – souvenez-vous : un jeu vidéo qui tuait en 7 jours celles et ceux qui avaient eu l’audace de le lancer sur leur console TS (un clone de Nintendo DS). Le clin d’œil à RINGU et à la VHS qui emportait ses victimes en 7 jours est évidemment voulu, il sera d’ailleurs poussé encore plus loin dans NANASHI NO GAME: ME, avec des scènes rappelant directement Sadako (télévision, puits…) extrêmement réussies, angoissantes et surprenantes – pas nécessairement évident quand on manipule des codes préétablis que l’on nous a déjà servis à toutes les sauces. Oui, même les ketchup/mayo du Kébab du coin : les plus indigestes.

Une précision avant de rentrer dans le vif rouge sang du sujet : le « ME » du titre de ce second opus n’est pas un mot anglais, mais japonais. Il signifie « œil ». Il convient donc de le prononcer « mé ». Et ce titre n’est absolument pas gratuit, puisque l’œil gauche du personnage principal est au centre du gameplay (l’œil gauche au centre, ne vous inquiétez pas tout va bien). Une nouveauté importante et particulièrement rafraichissante. Mais j’y reviendrai. Sur le fond, cette suite reprend le concept génial et diablement original du premier épisode. Vous incarnez donc un personnage que vous nommez au début de l’aventure. Ce dernier possède une console TS (une DS, en fait). Lorsque vous jouez votre personnage dans le monde « réel », vous tenez votre Nintendo DS dans le sens de la largeur, chacun des écrans simulant l’un de vos yeux (mode de vue à la première personne). Lorsque vous décidez d’utiliser votre console TS (bouton Select), l’aventure bascule en mode 8 bits et vous commencez à jouer à un véritable « jeu dans le jeu », votre Nintendo DS dans sa position normale – l’écran du haut affiche le jeu 8 bits (un RPG ou un jeu de plates-formes), tandis que celui du bas est le plus souvent dédié aux emails que vous êtes susceptible de recevoir… parfois de l’au-delà !

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Exactement comme dans le jeu précédent, tout le gameplay de NANASHI NO GAME: ME est basé sur la complémentarité entre le monde réel et le jeu vidéo 8 bits. Certaines actions dans le jeu vidéo auront des répercussions dans le monde réel, et vice et versa. On peut d’ailleurs noter, et c’est une bonne chose, que ces interactions sont sensiblement plus nombreuses dans ce second épisode. D’autres détails ont été peaufinés. Il est désormais possible d’interagir avec un peu plus d’objets (rien de mirobolant cependant), et la maniabilité a également été améliorée. Ouf ! Souvenez-vous : dans le premier jeu, les déplacements en vue à la première personne frisaient le plus souvent la catastrophe vidéoludique, l’Armageddon 2.0, l’Apocalypse selon Saint je-m’en-foutisme. Il y a donc du mieux : on se déplace plus naturellement, et la croix directionnelle n’est plus utilisée pour tourner à droite ou à gauche – mais pour effectuer des pas de côté. Pour tourner, il faut désormais laisser le stylet appuyé contre le rebord droit ou gauche de l’écran. Il y a du mieux, oui, mais on n’atteint pas le septième ciel pour autant. Le gameplay est toujours aussi déroutant et mal pensé – appuyer sur la croix directionnelle haut et maintenir le stylet appuyé sur l’écran pour courir tout en tenant notre Nintendo DS dans le sens de la largeur… Honnêtement, on frise le ridicule. Une nouvelle fois, il conviendra donc au joueur motivé de faire fi de ces défauts (parfois criants) pour pouvoir profiter des merveilles que sait aussi distiller NANASHI NO GAME: ME.

Parmi ces merveilles, la plus éblouissante était déjà présente dans le premier jeu : l’ambiance. Si vous faites l’effort de jouer dans de bonnes conditions (seul, dans le noir et avec des écouteurs), vous risquez bien d’avoir des sueurs froides. Même si graphiquement le jeu n’est pas franchement joli, l’ambiance est tellement bien travaillée que l’on finit par ne plus faire attention aux textures disgracieuses. Oui le jeu fait peur, et il m’est même arrivé de pousser quelques cris d’effroi ! De plus, le jeu est un peu moins injuste que le précédent quand il s’agit de semer la mort – la maniabilité légèrement améliorée ainsi que certaines mécaniques mieux huilées y sont sûrement pour quelque chose. Enfin, NANASHI NO GAME: ME propose trois nouveautés de taille : des embranchements scénaristiques, des mini jeux de plates-formes et l’œil gauche du personnage principal qui est désormais capable de voir des choses… invisibles aux yeux des simples mortels.

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Concernant les embranchements, ils sont au nombre de trois. Oui, par trois fois vous pourrez, au début d’un chapitre, choisir entre deux chemins différents. Le métro ou la rue. L’hôtel ou le karaoké. La tombe de Kenta ou celle de Naoki. Dans les deux premiers cas, la conséquence sera énorme puisque le niveau sera complètement différent ! Dans le dernier cas, votre décision aura moins d’incidence puisqu’il s’agira du même niveau, un sanctuaire dans lequel vous rentrerez par des voies différentes – quelques jolies feintes sont malgré tout bien présentes pour récompenser le joueur méritant qui ferait l’effort de jouer au jeu une deuxième fois. Et je ne parle pas des différentes fins du jeu…

À propos des mini jeux de plates-formes, il s’agit d’une variation sur le thème même du jeu maudit. Dans le premier NANASHI NO GAME, nous avions droit à un petit RPG 8 bits maudit. Cette fois-ci, le RPG sera toujours de la partie, mais à ses côtés nous aurons la chance de retrouver un vrai petit platformer très punitif – ne vous inquiétez pas, ce n’est pas vraiment difficile. Autre détail sympa : les pixels 8 bits seront parfois tachés de sang ! Aussi surprenant que cela puisse paraitre, avec les écouteurs adéquats sur les oreilles, ça fait son petit effet…

L’autre grosse nouveauté de NANASHI NO GAME: ME est déjà dans le titre : l’œil. Le gauche pour être précis. Très tôt dans l’aventure, votre personnage va ainsi être frappé d’un mal étrange, et la vision de son œil gauche (l’écran gauche de la DS tenue à l’horizontal) se brouillera désormais… lorsqu’un être surnaturel trainera dans le coin. Mieux encore : certains esprits et autres marques étranges n’apparaitront qu’à l’œil gauche. Un stratagème génial et particulièrement bien mis en avant grâce à des choix judicieux de game et level designs. Je préfère ne rien dire de plus et vous laisser le plaisir de la découverte… Enfin « plaisir » est un bien grand mot, dans un survival horror !

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NANASHI NO GAME: ME reprend donc la recette de son illustre prédécesseur tout en l’améliorant légèrement. Cela suffit-il à en faire un grand jeu pour autant ? Oui et non. Non, car le soft de Square Enix est toujours miné par des tares qui se révèleront rédhibitoires pour le commun des mortels joueurs. Pas très joli, parfois peu maniable et le plus souvent proposant des niveaux à visiter en pure ligne droite. Ça ne vend pas du rêve, comme on dit… Mais NANASHI NO GAME: ME propose en contrepartie des choses tellement rares et originales, dans le monde vidéoludique, qu’elles méritent que l’on fasse un effort pour en profiter : la véritable mise en abyme d’un jeu vidéo, des idées jamais vues auparavant, une ambiance sonore à tomber (raide mort) et de nombreux passages terriblement pesants.

À vous de voir (avec l’œil gauche si possible) si vous êtes prêt à faire cet effort.

Note :     Nostalgie :

NANASHI NO GAME: ME reprend la recette du premier épisode tout en améliorant chacune de ses mécaniques : le jeu dans le jeu est toujours là (principe génial) mais il est cette fois-ci enrichi par quelques nouveautés salvatrices. L’œil gauche de votre personnage qui est capable de voir certaines choses invisibles, plusieurs embranchements dans le scénario mais aussi un nouveau petit jeu 8 bits, qui tourne le dos au RPG pour se concentrer sur la plate-forme. La maniabilité a aussi été revue à la hausse, mais c’est toujours très loin d’être parfait – attention à la crise de nerf, à la fin, lorsque vous devrez fuir devant de nombreux spectres. Des défauts criants, certes, mais NANASHI NO GAME: ME propose aussi une aventure prenante, crispante et originale – bien que relativement courte et en ligne droite. Si vous aimez la J-horror, si vous êtes du genre à vous immerger totalement dans une partie (dans le noir, avec des écouteurs), alors vous devriez, comme moi, être capable d’ignorer les défauts du jeu pour en goûter sa substantifique moelle. Une dernière chose : il est préférable de bien comprendre le japonais pour profiter du jeu – même s’il est sans doute possible d’en voir la fin en se laissant porter (le jeu est linéaire) et en cherchant la réponse à une ou deux énigmes sur Internet.

Vidéo :

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