Ikenie no yoru (Wii, 2011)

IKENIE NO YORU
Année : 2011
Studio : Marvelous Entertainment
Éditeur : Marvelous Entertainment
Genre : raison hantée
Joué et testé sur Wii
Support : disque optique


Jouant à se faire peur, cinq amis, étudiants, se rendent dans la vallée de Tsukuyomi – un lieu à l’héritage terrifiant. On raconte en effet que les habitants des environs avaient pour habitude de procéder à des sacrifices humains, pour rendre hommage aux dieux. Black a ainsi invité ses quatre camarades, Blue, Pink, Yellow et Red dans la villa de son père. Les évènements étranges ne vont pas tarder à s’éveiller et à faire trembler les murs de la propriété du jeune homme… Pour finalement entraîner ce dernier et ses amis loin, très loin de la maison familiale…


Nous avons tous connu des jeux qui nous ont poussés dans nos derniers retranchements, au point de nous faire découvrir certaines choses nous concernant dont nous ignorions pourtant totalement l’existence. Degré de résistance au mal (DONKEY KONG COUNTRY RETURNS à la Wiimote), endurance (finir DEAD SPACE 2 avec trois sauvegardes en mode hardcore), technicité inattendue (terminer SHADOW OF THE BEAST sur Amiga sans tricher) ou encore… décision farfelue très inhabituelle, comme l’achat d’une Wii Balance Board.


Oui, voilà. Je fais mon coming-out : j’ai acheté une Wii Balance Board ! Pas pour WII FIT (pad et rétro Satanas !) ou KORORINPA 2, mais pour un obscur survival horror exclusif à la Wii japonaise, intitulé IKENIE NO YORU – la nuit du sacrifice, brrrrr ça fait froid dans le dos ! Le jeu en question propose des contrôles d’une simplicité extrême, à savoir une Wiimote et uniquement deux boutons à pousser : le A pour actionner quelque chose, le B pour marcher ou courir – la direction étant sélectionnée par votre regard, en bougeant la Wiimote (qui joue le rôle d’une lampe électrique). Quitte à paraître ridicule, je me suis donc fendu d’un achat improbable : une Wii Balance Board d’occasion. In-game, son utilisation se traduit par l’obligation de se tenir debout – ce qui n’est pas nécessairement pratique pour bien voir la télé quand on vit dans une maison japonaise, où tout ou presque est, à l’instar de la caméra de Ozu Yasujirô, à hauteur de tatami. Mais passons. Je m’en suis accommodé et mieux, je me suis rapidement mis à aimer ça. Certes cette position est incompatible avec de longues sessions de jeu – en raison d’une certaine fatigue qui finit par s’installer dans les jambes et le bras (la position des membres n’étant pas très naturelle), mais aussi à cause de petites douleurs dans la plante des pieds (merci à la dureté de la Balance Board). Mais ces soucis ne constituent aucunement un écueil à l’utilisation de la Balance Board de cet outil de torture avec IKENIE NO YORU, puisque le jeu en question est propice aux parties très courtes : six chapitres plutôt variés et rapides à parcourir, complétés par de nombreux stages bonus à débloquer, puis un mode hard avec des malédictions en forme de malus pas piqués des vers (jouer sur une jambe, impossibilité de courir, interdiction de faire des mouvements brusques, vision restreinte par du sang, etc.). En gros, le mieux si vous jouez avec la Wii Balance Board, serait de faire des sessions d’un ou deux niveaux à la suite. Pas plus (sinon jouez à la Wiimote). Le jeu dans son ensemble n’étant pas nécessairement très long, et les parties un petit peu éprouvantes pour les joueurs impressionnables sujets au pipi du stress qui tache, vous vous rendrez compte suffisamment tôt de l’intérêt de jouer à IKENIE NO YORU par petites touches.


Avec ses contrôles simples au possible, vous devez bien vous imaginer que IKENIE NO YORU ne propose pas d’énigmes (ou si peu) ni le moindre combat. Il s’agit en réalité d’une espèce de simulation de maison hantée, qui rend hommage à KAMAITACHI NO YORU pour les graphismes des héros (silhouettes colorées sans visage permettant aux joueurs de s’identifier à elles) et qui s’inspire énormément de NANASHI NO GAME pour les fantômes. Il vous faudra alors survivre à l’horreur en trouvant votre chemin – généralement pas très difficile à défricher, il s’agit presque d’un jeu sur rails (au sens propre d’ailleurs, à la fin). Bien évidemment, vous aurez maille à partir avec des spectres. Au moindre contact, c’est la mort assurée. Il vous faudra donc souvent courir (mais vraiment, si vous utilisez la Balance Board) et même slalomer entre les fantômes, qui prennent parfois ici des allures de zombies mal décatis – oui vous pouvez attendre qu’ils passent devant vous, et vous faufiler dans leur dos, à la manière des jeux d’infiltration. Rigolo. Et aussi improbable que cela puisse paraître : pertinent. En effet, IKENIE NO YORU fonctionne admirablement bien : niveaux courts, sensations garanties, jumpscares, ambiance sonore terrifiante, angoisse permanente, pas mal de petites surprises, jeu à la Balance Board qui ajoute un petit quelque chose sans pour autant condamner les contrôles à la seule Wiimote (préférable pour de longues parties), et ce folklore horrifique japonais de tous les instants qui ravira tout fan de J-horror qui se respecte – la traversée d’un tunnel maudit en pleine nuit, grand classique des légendes urbaines japonaises, figure parmi mes moments préférés (on nous conseille de ne jamais nous retourner – allez-vous tenter le diable ?). Le passage dans ces couloirs qui se répètent à l’identique, un peu à la manière de l’excellent P.T. de Kojima Hideo, ça fait aussi froid dans le dos – surtout avec les musiques de Soken Masayoshi, qui reprend d’ailleurs ici l’un des thèmes à base de basse de NANASHI NO GAME, pour les phases de course-poursuite. Glaçant. Vous ai-je parlé de ce moment effroyable où le joueur est poursuivi par un tueur armé d’une tronçonneuse ?!? Et je n’en dis pas plus, mais IKENIE NO YORU parvient à se renouveler malgré ses chapitres peu nombreux.


Simple, bien ficelé et efficace, IKENIE NO YORU amuse autant qu’il angoisse. Ses différents niveaux, relativement variés et assez courts (une bonne chose selon moi), devraient combler les amateurs d’horreur à la sauce japonaise, peu réaliste mais très folklorique – à la condition, essentielle, de jouer le jeu : casque sur les oreilles, salle plongée dans le noir et toute la famille enfermée dans la cave. Avec un peu d’eau et une tranche de pain quand même. On n’est pas des chiens.

Juste des hardcore gamers.

Note :

IKENIE NO YORU est un jeu un peu étrange. Simple au possible, il pourrait être comparé à une simulation de maison hantée, à parcourir à pied – à l’instar de l’attraction horrifique absolument géniale à Fuji-Q Highland. Les énigmes sont très peu nombreuses, le jeu est presque sur rails, mais IKENIE NO YORU propose un cocktail détonnant avec une ambiance à tailler au couteau, des jumpscares, de l’infiltration et des séquences de course-poursuite maudites. Un voyage indispensable pour tous les fans de J-horror – les autres, en revanche, risquent de ne pas trop accrocher…

Images : sosgamers

Une vidéo promotionnelle :

2 réflexions au sujet de “Ikenie no yoru (Wii, 2011)”

    • Comme JU-ON et THE CALLING, c’est un jeu dont le prix a beaucoup varié ces dernières années. Aujourd’hui, leur cote a un peu baissé, il faut compter entre 6 et 8000 yens.

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