Disc (Amiga, 1990)

DISC
Année : 1990
Studio : Loriciel
Éditeur : Loriciel
Genre : après le film, Loriciel ne change pas de disque
Joué et testé sur Amiga 500
Support : disquette


Durant le troisième millénaire, la violence a disparu des rues et du ciel des galaxies. Les gens ont trouvé une nouvelle méthode pour passer leurs nerfs : le Discaido. Ce jeu vidéo tellement réaliste que l’on oublie qu’il est virtuel permet à toutes et à tous de s’immerger dans une réalité de pixels, de stress et de sueur où le sport est roi. Le Discaido est tellement respecté qu’il est presque érigé en tant que religion et ses amateurs sont souvent qualifiés d’adeptes, classés depuis les novices, jusqu’au grand guide. Parviendrez-vous à vous hisser au sommet de la pyramide des lanceurs de disc, en envoyant vos adversaires dans les limbes électroniques du Discaido ? Jouerez-vous dur, sur l’homme, ou avec davantage de stratégie, en visant les points avec parcimonie ?


Aujourd’hui, une vidéo peut être bloquée sur YouTube en raison de la présence, même brève, d’une mélodie dont les droits seraient détenus par plusieurs compagnies obscures basées on ne sait où et qui semblent prêtes à tout pour faire quelques sous. Au contraire dans les années 80, c’était la fête du slip, le club Med de la propriété intellectuelle ! C’était encore plus vrai dans le monde des jeux vidéo, alors toujours au stade de la puberté et donc particulièrement rebelle et sans gêne. En 1986 Ubisoft adaptait officieusement un film bien connu de John Carpenter sous le titre MANHATTAN 95, en 1987 Infogrames repompait avec talent la borne d’arcade EMPIRE CITY: 1931 pour sortir PROHIBITION, le film PREDATOR était allègrement pillé pour finaliser le design de la jaquette du jeu GRYZOR… bref les exemples sont légion et Loriciel, un autre grand éditeur français de l’époque, ne s’est pas fait prier pour se joindre au bal des opportunistes avec DISC, un excellent jeu de sport futuriste s’inspirant directement du film TRON et plus précisément de la borne d’arcade DISCS OF TRON (1983).


En 1990, lorsque le jeu est sorti, les joueurs n’y avaient vu que du feu – attention, cela ne signifie pas qu’ils avaient été dupés, bien au contraire. On était tous conscients de la supercherie. Mais oui, nos globes oculaires avaient été brûlés au troisième degré par les flammes irradiant du talent des artistes de Loriciel. Graphiquement le jeu était superbe, et on pouvait y déceler la patte radieuse de Dominique Sablons (TENNIS CUP, MAUPITI ISLAND, etc.), les sons composés par Michel Winogradoff étaient excellents, vraiment réalistes (pas un hasard quand on connait le CV du monsieur : TENNIS CUP, PANZA KICK BOXING…) et les différents mouvements des personnages extrêmement fluides (merci à Christophe Gomez – TENNIS CUP). Bref, le jeu est très bon et sitôt la disc-quette insérée dans l’Amiga, le joueur bascule dans une nouvelle dimension : celle de TRON ! L’intro est en effet extrêmement immersive : une musique profonde et envoutante, des athlètes exécutant religieusement une espèce de kata cathartique à la manière d’un culte pour la secte… cathodique !


Le jeu commence alors : deux joueurs se font face, et chacun doit lancer son disc sur des dalles placées derrière son adversaire. En détruisant ces dalles, celles situées sur le sol (et servant de plateforme aux compétiteurs) disparaissent aussi. À mesure que les dalles sont détruites, les joueurs ont donc de moins en moins d’espace pour se déplacer – s’il est possible de sauter d’une case au-dessus d’un trou, n’espérez pas survivre à votre plongeon à venir dans le vide interstellaire de ce sport violent, futuriste et délétère. Violent oui, car il est également possible de désintégrer les malheureux pixels de votre adversaire à grands coups de disc en lui faisant perdre tous ses points de vie virtuels. Autre moyen de décrocher la victoire : être le joueur à avoir le plus de points (en récupérant des bonus, en détruisant des dalles ou en infligeant des blessures) au terme de la partie – qui se joue en temps limité.


Votre disc est blanc, celui de votre adversaire est rouge orangé. Lorsque le disc est de votre couleur, vous pouvez vous en saisir, mais lorsqu’il est rouge, le toucher vous blessera. Deux solutions s’offrent alors à vous : l’éviter bien évidemment, ou le contrer avec classe (laisser le bouton fire appuyé avec une direction) via un champ de force puissant, pas toujours facile à placer mais très efficace car en l’orientant intelligemment vous pourrez donc à la fois changer la couleur du disc (et par conséquent devenir son nouveau propriétaire) mais aussi le renvoyer dans un seul et même mouvement, en lui donnant d’ailleurs de la vitesse ! Grisant ! Le jeu peut alors devenir incroyablement rapide, en particulier lorsque l’on bénéficie du bonus Speed Disc. Cette vitesse n’est pas toujours évidente à gérer, en particulier vers la fin du championnat lorsque vous rencontrez des adversaires qui peuvent commencer les parties avec trois ou quatre discs dans la manche ! Heureusement, pour permettre au joueur de progresser sans avoir à craindre un Game Over définitif et fatal, les développeurs avaient prévu une sauvegarde automatique sur la disquette – il était donc possible de conserver notre rang dans le championnat même après avoir éteint notre Amiga.


Si dans mes souvenirs le jeu à deux est sympa sans plus (le joueur placé en haut de l’écran étant désavantagé), le principal défaut de DISC réside en réalité dans un gros souci de game design : le temps limité de chacune des parties. Une fois que l’on mène au score, et que l’on a récupéré tous les discs, il est parfaitement possible d’arrêter de jouer et donc d’attendre béatement la fin du temps règlementaire, qui viendra inlassablement entériner notre victoire et mettre fin à notre petite guerre. Vous me direz que le joueur est libre. Libre de ne pas céder aux sirènes de la facilité… mais lorsque l’on fait face a des joueurs de rang Veteran, Champion ou Great Guide, la lâcheté devient un vice permettant d’éviter bien des supplices…


DISC est un grand jeu rétro, qui souffre certes de petits défauts lorsque l’on se risque à le prendre de haut, en le jugeant à l’aune des exigences du monde moderne, et qui est bien évidemment beaucoup moins riche qu’un WINDJAMMERS (sorti plusieurs années après), mais qui parvient toujours à distiller beaucoup de fun et des sensations vraiment grisantes. Alors, serez-vous de taille à affronter les adversaires les plus redoutables de cette planète virtuelle hurlante ?

Note :   Nostalgie :

Extrêmement bien réalisé et fort bien pensé en hommage (hum) au film TRON et à sa borne d’arcade sortie en 1983, DISC est un super jeu de sport futuriste, rapide, prenant et vraiment amusant qui a sans doute fait le bonheur de nombreux joueurs du début des années 90, qui s’endormaient alors en rêvant aux tas de pixels de leurs adversaires, encore fumants.

Images : Jeux vidéo et des bas

La musique d’intro :

Le dernier match et la fin du jeu (enregistrés par mes soins) :

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