MAGIC SWORD
Année : 1992
Studio : Capcom
Éditeur : Capcom
Genre : l’I.P. magique
Joué et testé sur Super Famicom
Support : cartouche
Drokmar, communément reconnu sous le sobriquet de Dark Lord, possède désormais un cristal à la magie destructrice : le Black Orb. La puissance de l’artefact en question défierait l’imagination, et avec une telle arme entre ses mains, Drokmar serait capable d’assouvir le monde, et de le remodeler selon son bon plaisir. Retranché au cinquantième et dernier étage de sa tour que le monde, terrorisé, connait sous le nom de Dragon Keep, Drokmar ne semble craindre rien, ni personne. Un héros tentera pourtant de mettre fin à son règne. Simplement armé d’une épée magique et d’un bouclier, le guerrier se décide à entrer dans la tour… et espère pouvoir compter sur l’aide des prisonniers qu’il délivrera en chemin.
Avec son scrolling en 2D, son univers heroic-fantasy, son héros qui avance en frappant, délivre des gens, récupère des bonus et améliore son arme régulièrement, MAGIC SWORD pourrait être considéré comme la suite spirituelle de BLACK TIGER, autre beat’em up faisant figure de classique chez Capcom, au gameplay relativement simpliste mais prenant – et dont j’ai toujours regretté l’absence de portage sur Super Famicom ou Megadrive.
En parlant de portage, celui du jeu d’arcade MAGIC SWORD sur Super Famicom n’est pas grandiose : si les graphismes sont très honorables, et les musiques géniales, l’action est souvent minée par des ralentissements innommables – qui impactent négativement le gameplay à certains moments du jeu, notamment vers la fin. Il vous faudra passer outre cet écueil maudit pour pouvoir apprécier MAGIC SWORD à sa juste valeur. Pour moi, le jeu a tellement à donner que je suis parvenu à fermer les yeux… mais je sais que ce problème risque d’être rédhibitoire pour certains, surtout qu’il n’est pas le seul… Car passés les ralentissements de Charybde, voici venir la simplicité de Scylla. Oui, il vous faudra passer sous des fourches caudines pour parvenir à aimer MAGIC SWORD ! La simplicité de son gameplay pourrait en effet faucher plus d’un joueur…
Pour ma part, j’ai tout de suite adhéré au gameplay en question : sa simplicité, son accessibilité sont aussi une force. Action brutale, frontale avec un seul coup certes, mais qui propose quand même une smart-bomb magique (qui fait perdre de l’énergie) ainsi qu’une petite feinte : si on ne frappe pas immédiatement, une jauge se remplit et le coup suivant est plus puissant (et touche à distance). C’est d’ailleurs le jeu dans son entier qui propose quelque chose de résolument simple, mais à chaque fois saupoudré d’une petite touche d’originalité. L’action est ainsi entrecoupée de petites phases de plateformes. Quelques secrets sont disséminés çà et là. De nombreux objets peuvent être récupérés – certains à usage unique (gagner un niveau, de l’énergie, etc.) et d’autres permanents : il est en effet possible de conserver un objet (un seul !) dans notre inventaire et celui-ci aura des conséquences sur notre force, notre magie, notre compagnon, etc. Bref le jeu se révèle très accrocheur, on a toujours envie d’avancer, de trouver de nouveaux objets, d’améliorer nos compétences (épée, bouclier, énergie/niveau…)… MAGIC SWORD est un jeu simple, prenant et efficace qui a donc l’intelligence d’ajouter quelques détails savoureux qui poussent le joueur, amoureux, à constamment avancer – la construction du jeu en étages est une superbe idée, on est vraiment immergé dans l’aventure et les petites animations montrant nos héros monter les escaliers entre chaque niveau achèvent de nous transporter dans cet univers fantasmé.
Mais l’un des détails les plus délicieux du jeu, j’en ai brièvement parlé plus haut, c’est notre compagnon : après avoir récupéré des clés, il est en effet possible d’ouvrir des cellules pour délivrer des aventuriers en détresse (attention parfois il y a des pièges…). Il y en a huit différents, du voleur au chevalier, en passant par le sorcier ou encore le ninja. Une fois délivré, ce super héraut vous accompagnera partout et luttera à vos côtés. Certains sont plus puissants tandis que d’autres, plus faibles, deviennent plus intéressants à haut niveau – d’où l’intérêt de prendre soin de son compagnon ! Il y a d’autres petites feintes, capacités et données à prendre en compte, mais je vous laisse le plaisir de la découverte. La présence d’un frère d’armes pour nous épauler ajoute incontestablement du charme au jeu – il pourrait même pousser les joueurs à tenter plusieurs fois l’aventure, en s’amusant ainsi avec plusieurs personnages différents. Allez-vous vous contenter du premier compagnon venu et ainsi stocker toutes vos clés (qui font regagner de l’énergie entre certains niveaux) ou au contraire délivrer un grand nombre de ces héros qui s’ignorent, en ouvrant le plus de geôles possible (ou asiles d’alliés nés), et ainsi varier les plaisirs ? Sans parler du fait que certaines cellules recèlent des bonus…
Une myriade d’objets et de bonus à récupérer, de nombreux compagnons à délivrer, des capacités à améliorer, des monstres et des pièges à foison… MAGIC SWORD est un jeu plutôt simple, mais tellement prenant, efficace… excitant ! Ses différents niveaux et autres boss ne sont pas spécialement féroces, mais gravir l’ensemble des 50 étages peut être un vrai sacerdoce : non le jeu n’est pas spécialement difficile mais il est long, et fait donc davantage appelle à l’endurance qu’au skill – on a vite fait de prendre un petit coup par ci, une brûlure par là… et donc de perdre lentement mais sûrement notre vitale énergie ! Et oubliez la possibilité de commencer directement par le 33ème étage : déjà je trouve que ça dénature un peu le côté « marathon de l’impossible » du jeu, mais surtout cela vous empêchera d’augmenter convenablement le niveau de votre personnage et celui de votre compagnon avant de faire face aux derniers boss du jeu.
En bref, j’aime beaucoup MAGIC SWORD. Il sera sans doute considéré trop vieillot par une bonne partie des joueurs, mais pour moi il s’agit de l’une des valeurs sûres des jeux d’action sur Super Famicom, et de l’un des piliers de cette merveilleuse (presque) trilogie médiévale-fantastique concoctée par Capcom sur la console de Nintendo, constituée des merveilleux KNIGHTS OF THE ROUND, THE KING OF DRAGONS et… MAGIC SWORD !
Malgré des ralentissements difficilement pardonnables, MAGIC SWORD distille ce qu’il faut d’action et de discrète addiction pour passionner sur la durée. Le jeu, plein de charme, est en effet plutôt simple mais cette simplicité est aussi une force : une fois l’aventure lancée et le joypad entre les mains, celui-ci est plus difficile à lâcher que le boss de fin à lyncher.
Images : middle-edge.jp
Vidéo issue de l’émission Micro Kid’s (1993) :