ONIKEN
Titre alternatif : Oniken: Unstoppable Edition
Année : 2020
Studio : JoyMasher
Éditeur : EastAsiaSoft / Digerati Distribution
Genre : Oniken le survivant
Joué et testé sur PlayStation 4
Support : Blu-ray
Une terrible guerre a mis la planète à feu et à sang. C’est sur les ruines de ce triste théâtre post-apocalyptique qu’une corporation aux ramifications tentaculaires a construit son empire. Son nom : Oniken. Mais une résistance a fourbi ses armes, puis s’est lancée dans une lutte de tous les instants afin de rétablir un semblant de liberté, et de démocratie, en faveur des derniers survivants de l’humanité. Hélas cette armée de rebelles a récemment souffert de nombreux revers… et seul un mercenaire ténébreux au regard dur, Zaku, semble être désormais capable de renverser Oniken et ses hordes de robots et de ninjas du futur.
ONIKEN est un jeu indé développé par JoyMasher, une toute petite équipe brésilienne qui a récemment fait parler d’elle avec BLAZING CHROME, un clone tonitruant des jeux CONTRA sorti en 2019. Plusieurs années auparavant, JoyMasher , aka le duo de Janeiro, avait déjà rendu des hommages divers et avariés à d’autres franchises : à CASTLEVANIA avec ODALLUS, et à différents jeux d’action/plateformes avec ONIKEN, sorti originellement en 2012 sur PC – avant d’être remanié/amélioré pour les consoles de salon. On pense évidemment à STRIDER, à GUN-DEC et surtout à ces titres magiques créés dans les années 80 et 90 de plusieurs coups de baguette magique par des studios japonais surdoués tels que Tecmo et Natsume.
Si ONIKEN m’a amusé au début, j’ai rapidement compris que ses niveaux, courts, étaient avant tout construits pour piéger le joueur. Chaque passage, chaque plateforme, la moindre position d’un ennemi semblent avoir été choisis à dessein dans le seul but de nous pourrir la vie. Le problème étant que la maniabilité, assez rigide, ne procure pas de grand plaisir. On a surtout l’impression qu’elle a été pensée ainsi pour augmenter (encore) le niveau de difficulté. Résultat : peu de passages vraiment plaisants, simplement amusants. On frappe comme le héros de STRIDER, c’est vrai. Mais on ne saute pas comme lui, et on ne peut pas s’agripper aux murs comme lui… Un autre exemple : les grenades, importantissimes, se lancent en appuyant sur haut + carré. Pas si évident à exécuter en sautant, en particulier contre les boss, quand il aurait été tellement plus simple d’attribuer l’un des nombreux boutons de la manette à cette action.
ONIKEN est une espèce de parcours d’obstacles court mais intense (sauvegarde en fin de niveau uniquement), difficile à critiquer car il semble parfaitement assumer cet état de fait. Malgré tout, je me souviens de nombreux jeux rétro certes difficiles, mais qui savaient aussi distiller à intervalles réguliers des passages facilement maitrisables, rapidement jouissifs. Dans ONIKEN, les sauts sont trop fourbes, notre amplitude pas suffisamment relâchée, on recule violemment quand on se fait toucher… c’est souvent au pixel près – ou pas loin. Ce qui n’était pas nécessairement le cas dans SHADOW OF THE NINJA, SHATTERHAND et tant d’autres. Pourquoi se réapproprier les défauts de certains vieux jeux de Tecmo ou de Sunsoft pour les injecter dans ONIKEN plutôt que d’en expurger ce dernier de la totalité ? Je ne suis pas sûr que les rétrogamers soient spécialement nostalgiques du sadisme d’antan… Par exemple le duel final de BATMAN, ou encore et surtout dans NINJA GAIDEN, ou l’on tombait et retombait un nombre incalculable de fois dans le vide à cause d’un oiseau mal placé…
ONIKEN n’est absolument pas un mauvais jeu. Six niveaux d’action/platformer plus un septième en bonus façon run&gun, de la sueur, du sang versé et des jurons recrachés. On progresse même (preuve que le jeu n’est pas si bancal), puisqu’après avoir terminé ONIKEN une première fois, je me suis surpris à boucler la plupart des niveaux plus facilement – voire sans mourir. Mais… ce brouillon de BLAZING CHROME a été pensé d’une manière qui ne me convient pas vraiment. Challenge de tous les instants, pas le moindre passage plaisant sans stresser, maniabilité d’antan, trop rigide, recul assassin… J’ai eu envie de poser une question aux développeurs brésiliens du jeu : avez-vous pensé au fun, au plaisir simple du joueur ? Contre toute attente ils m’ont répondu :
« On samba les couilles ! »
Note :
ONIKEN est un petit jeu indé réalisé en hommage à tout un tas de titres 8 bits, en particulier Famicom. Action/platformer néo-rétro qui assume sa paternité à l’extrême, allant même jusqu’à se réapproprier les défauts de certains titres de l’époque : une certaine rigidité, des niveaux assez courts compensés par une difficulté de tous les instants. Certains apprécieront, j’en suis convaincu. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai décidé de ne pas le noter trop sévèrement. Mais pour ma part, j’aurais préféré un titre plus souple à prendre en main. JoyMasher retiendra la leçon avec BLAZING CHROME, sorti plusieurs années après, qui reprendra d’ailleurs certaines séquences et mimiques d’ONIKEN – mais en les sublimant.
Images : PlayStation
Trailer :